Les voleurs de cerveaux
de Cyrille Launais

critiqué par Shelton, le 18 septembre 2017
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Plutôt très agréable à lire...
Parfois, la bande dessinée participe à la survie d’un patrimoine architectural tout simplement en incarnant une histoire dans un lieu-dit, à une époque donnée… On sait, par exemple, que Tardi a montré la ville de Paris lors de la Commune, puis au début des années vingt ou, enfin, dans les années cinquante. A chaque fois une histoire solide, un scénario très bien construit et des personnages crédibles permettaient au lecteur de profiter de Paris en toile de fond… Parfois, il était difficile de dire si l’héroïne était Adèle ou la ville de Paris mais qu’importe…

Dans Les voleurs de cerveaux de Cyrille Launais, on va avoir une bande dessinée de cette catégorie mais la ville de Paris sera remplacée par celle de Nantes, Nantes des années cinquante… On verra que le scénario est certainement pas aussi solide que dans les bédés de Tardi mais le tout va rester assez agréable pour le lecteur et c’est bien ce qui compte…

Commençons par donner quelques éléments sur ce scénario policier. Tout commence par des cadavres de moutons retrouvés dans le port de Nantes. Nous sommes en 1957… Assez inexplicable d’autant plus que l’arme utilisée ne correspond à aucune connaissance de la police. Quelques jours plus tard, un livreur de livres découvre un cadavre, le cadavre d’un de ses clients qu’il venait servir… le voilà plongé dans une histoire criminelle dans laquelle il va entrainer sa cousine…

L’histoire est un peu loufoque et pas très réaliste même si le lecteur va jusqu’au bout… Ne serait-ce que parce que décupler la puissance d’un cerveau avec de la poudre de cerveau d’agneau et tout cela pour trouver… Stop, il ne faut quand même pas que je vous en dise trop car cela reste un polar !

D’une histoire moyenne – attention, elle n’est pas mauvaise du tout, juste un peu légère et farfelue – l’auteur va faire une bonne bande dessinée. Comment ? Tout simplement en montrant un Nantes des années cinquante parfaitement représenté, précis et très bien documenté. On pourrait presque refaire tous les trajets dans la ville si tout n’avait pas tant changé depuis… Les rues, les places, les équipements, le port… très belle immersion urbaine !

Et deuxième point fort, les voitures ! Chaque déplacement est l’occasion de montrer des voitures de cette période avec, là aussi, une grande expertise et une précision fine du dessinateur…

On ne sera pas étonné d’apprendre que le dessinateur et le scénariste de cette bande dessinée, Cyrille Launais, est un nantais pur jus, descendant d’une famille implantée à Nantes depuis longtemps et que son grand-père était lui-même un scaphandrier du port de Nantes… Ce dernier a peut-être même sorti du port une carcasse de mouton, allez savoir ! L’éditeur, Sixto, est lui-aussi nantais et donc l’album est 100% nantais ce qui pour défendre le patrimoine de la vielle est parfaitement normal…

Encore la preuve que le patrimoine d’une ville peut trouver un défenseur dans la bande dessinée et donc à mettre à l’honneur !