Fortune de France, tome 11 : La Gloire et les périls
de Robert Merle

critiqué par Elko, le 21 septembre 2017
(Niort - 48 ans)


La note:  étoiles
Le siège de La Rochelle
Le célèbre tableau de Motte montre Richelieu debout sur la digue qui assiste derrière les palissades à l’affrontement des flottes française et anglaise. C’est l’image la plus connue du siège de La Rochelle. Et c’est le cœur de cet onzième opus. Cette digue voulue plus que tout autre par le cardinal sera-t-elle suffisante pour contenir les secours anglais? Permettra-t-elle la victoire dans cet épicentre du conflit opposant les huguenots à Louis XIII auquel tous les Grands et l’Europe sont suspendus?

A peine revenu de l’île de Ré, Pierre de Siorac, comte d’Orbieu, d’assiégé devient assiégeant. Au service du roi et du cardinal il mène ses missions diplomatiques et de renseignements dans ce face à face immobile. Les uns attendent l’aide de Dieu et des Anglais, les autres espèrent que la digue tiendra. Pierre lui soigne sa carrière et ses amours.

Un tome encore une fois à la hauteur de la série. Passionnant, foisonnant, subtil, intelligent et toujours aussi musical.
Du grand art de la langue française. 10 étoiles

Après 10 ans d'absence sur CL, ce livre me fait à nouveau intervenir.

Malgré son prix Goncourt, Robert Merle est plus connu que célèbre. Je le lis pour la première fois.

Fortune de France n'est pas un roman historique de plus. Il s'y distille une langue française d'époque de la plus belle sonorité, de la plus grande richesse et du plus grand style. Dans cet exercice Robert Merle opère en véritable maestro. Ayant sauté derechef sur WE à Zuydcoote, j'en ai trouvé l'écriture banale et sans saveur.

Par ailleurs, l'autre grand intérêt se trouve dans le sujet évoqué, à savoir le siège de La Rochelle en 1627, dont nous avons tous connaissance par nos cours d'histoire mais qui tenait en une ligne, et dont au final nous ne savons rien.

En gros, 30 ans après l'Edit de Nantes, La Rochelle, bastion protestant, défie le pouvoir royal. Ce port, dernière place de sûreté des huguenots, reçoit de la mer l’aide des Anglais, prompts à intervenir lorsqu’il s’agit de mettre en péril le pouvoir de leur grand rival. La principale crainte de Richelieu est que cette place forte devienne une sorte de bastion d’où les protestants, aidés financièrement par l’Angleterre, pourraient mettre en péril le pouvoir royal et étendre leur influence à l’ensemble du territoire. Il déclare : "il faut couper la tête du dragon".
Sa décision est donc prise : il faut prendre sans tarder La Rochelle.

Pour les férus d'Histoire, il s'agit d'une mise à jour en compagnie de l'auteur qui la rend des plus passionnante.
L'intrigue et les péripéties menées par le comte d'Orbieu naviguant subtilement entre Louis XIII et Richelieu est bien menée, mais je la situe au 3e plan derrière le style d'écriture et le sujet principal.

Ciceron - Toulouse - 76 ans - 16 avril 2019