Extases, Tome 1 : Où l'auteur découvre que le sexe des filles n'a pas la forme d'un x...
de Jean-Louis Tripp

critiqué par Hervé28, le 22 septembre 2017
(Chartres - 55 ans)


La note:  étoiles
L'amour dans tout ses états !!
« Extases » c’est d’abord l’album de la liberté, de la liberté sexuelle telle que l’a vécue Jean Louis Tripp à l’heure où le SIDA ne sévissait pas. Mais c’est aussi celui de l’amour joyeux, fou voire gai (sans jeux de mots, bien que sur certaines pages….vous verrez).
Est-ce du courage, de la folie ou un défi, en tout cas, Jean Luis Tripp se met à littéralement à nu dans cette nouvelle série (qui comprendra 3 ou 4 albums) qui retrace sa vie sexuelle depuis son enfance ou adolescence. Quelle vie sexuelle, mon dieu ! Il se livre sans tabou. De la découverte de l’onanisme à la partouze (mais qu’est-ce qu’il lui reste donc à découvrir pour les prochains volumes ?), tout y passe, y compris la candaulisme, l’amour libre, l’échangisme, l’expérience homosexuelle….
Mais ce premier opus est aussi drôle (ah ! le sympathique satyre bien membré est assez réussi !) et Jean-Louis Tripp nous livre des dessins exagérés de pénis et autre organes, qui ne donnent pas à cet album une connotation pornographique (on est assez loin du genre bd dite pour adultes), mais au contraire apportent un côté assez pédagogique sur les questions sexuelles.
Comme beaucoup, j’avais découvert Jean Louis Tripp avec la série « le magasin général », qui rétrospectivement, avec le personnage Marie, brise aussi les tabous de l’époque. Je trouve évidement que son dessin est très proche de celui de cette série, à tel point que je me demande quel était l’apport de Loisel comme dessinateur.
La narration est fluide, même si parfois elle ne suit pas toujours la chronologie, et le fait de passer de la description narrative à la confession (avec le passage au « je » au bout de quelques pages) donne un côté encore plus fort au récit.
C’est certainement l’album de la rentrée.
L'éducation sexuelle de Jean-Louis Tripp 10 étoiles

Ce roman graphique change de la série "Magasin général" du même artiste, série dont j'apprécie grandement la lecture. Jean-Louis Tripp décide de parler de lui-même en toute simplicité, avec honnêteté et humour. L'angle d'attaque reste très orienté vers le plaisir et le désir. Il évoque ses premières attirances, ses premières expériences sexuelles et la liberté qui a défini sa vie amoureuse. Il est courageux de se mettre à nu ainsi et de raconter sur ce qui aurait pu être intime et tu, pourtant il choisit d'en parler avec simplicité. Il souffle un sacré vent de liberté dans cette oeuvre qui aura une résonance chez beaucoup de lecteurs. On se retrouve dans certains questionnements et dans certaines expériences. Jean-Louis sort de certains carcans forgés par la morale et la religion, et parle simplement du plaisir sans vouloir étiqueter et identifier chaque pulsion.

Avec sa sincérité et son humour, Jean-Louis Tripp séduit son lecteur. Ses confidences sont amusantes et racontées sur le ton de l'anecdote. Le lecteur se laisse narrer des histoires et écoute l'artiste comme l'on écouterait un ami nous présenter ses aventures amoureuses. Les dessins rappellent ceux de "Magasin général" tout en étant plus créatifs et imagés. Le faune qui incarne les pulsions de l'auteur donne un caractère métaphorique à ses confidences. Les pages dans lesquelles Jean-Louis Tripp discute avec cette femme qui s'engage contre la prostitution sont amusantes et originales car la conversation bascule en séance de psychanalyse. Les pages qui décrivent l'extase sont aussi grandement évocatrices quand on voit le personnage flotter dans l'espace, déconnecté de tout.

Comme l'a écrit Hervé28, ce roman graphique n'est pas pornographique. La visée de Jean-Louis Tripp n'est sans doute pas d'émoustiller le lecteur, mais plus de raconter sa vie amoureuse et sexuelle sans gêne. Ses récits ne reposent pas sur des exploits. Il ne cherche pas à nourrir un narcissisme primaire. Ce sont de véritables confidences amicales et authentiques. Il en parle comme un homme simple et normal avec vivacité et humilité, loin de certaines hypocrisies à ce sujet.

Pucksimberg - Toulon - 45 ans - 1 décembre 2019