Il neigeait de Patrick Rambaud
Catégorie(s) : Littérature => Romans historiques
Moyenne des notes : (basée sur 11 avis)
Cote pondérée : (12 736ème position).
Visites : 8 093 (depuis Novembre 2007)
Une dramatique épopée !
Avec une superbe écriture et un très grand réalisme, Patrick Rambaud nous montre ce qu’a été la bataille de Russie pour ceux qui l’ont faite, qui ont marché, souffert et gelé.
Ce n'est plus la guerre vue d’en haut par les historiens, mais celle faite par la troupe. Après avoir consulté une montagne de documents, Patrick Rambaud nous livre des faits et non des jugements. Il n’est pas là pour donner un avis sur l'Empereur ou qui que ce soit d'autre. Il est là pour donner des
phrases prononcées, des situations réelles. Tout vient des documents compulsés et recoupés. Ce récit est très enlevé, passionnant de réalisme. Nous suivons tantôt l’Empereur et les maréchaux, tantôt sa suite de secrétaires ou ses cuisiniers, tantôt ses troupes qui marchent, râlent, souffrent, se battent, tombent et gèlent sur place. L’incendie de Moscou est vécu par le menu. Nous croisons même à deux reprises Henri Beyle, un des responsables de l’approvisionnement, qui prendra le pseudonyme de Stendhal quelques années plus tard. Il était déjà présent dans le précédent livre de Rambaud « La Bataille », qui racontait la bataille d’Essling. Nous voyons un Empereur malade, fatigué, mais aussi incroyablement crédule. Il s’imaginait vraiment que « son frère » le Tsar allait signer un traité de paix, alors que Caulaincourt, son ancien ambassadeur en Russie, lui avait toujours maintenu le contraire. Mais Napoléon n’écoute que lui-même et a foi dans son étoile.
La retraite fut un véritable drame. Une armée de 500.000 hommes, dont 350.000 moururent dans l’aventure. Et pourtant… Rambaud nous montre un Napoléon superstitieux et qui constate que tout ce qui était arrivé avant à Charles XII de Suède, également engagé dans une campagne contre la Russie avant lui, se répète pour lui. Pourquoi n'a-t-il pas tiré les leçons de ces mémoires avant de s'engager dans cette aventure ? Parce qu’il était convaincu que cela ne lui arriverait pas, que le Tsar, qui l’aimait, aurait signé une paix.
Nous découvrons un Napoléon qui nous semble naïf a posteriori, mais il est trompé par sa foi en lui et en tout ce qu'il fait. C’est sa sûreté en lui et son manque d'écoute des autres qui le perdent. Des autres qui n’osent d’ailleurs plus lui dire la vérité. Nous sommes ahuris de voir l’Empereur dicter, en plein incendie de Moscou, des ordres concernant le théâtre en France. Et pourtant, comme tout le reste, c’est tout à fait vrai : ce décret portera le nom de « décret de Moscou ».
Un très grand roman historique, merveilleusement documenté jusque dans les moindres faits. Il n’y a quasiment aucune interprétation de l'auteur. Celui-ci se contente de mettre les personnages en scène, de choisir des faits réels qu’il trouve intéressants. Tout amateur d'histoire aimera ce livre qui est très enlevé, très vivant. Tout amateur de roman passionnant l’aimera tout autant.
Les éditions
-
Il neigeait [Texte imprimé], roman Patrick Rambaud
de Rambaud, Patrick
B. Grasset
ISBN : 9782246584216 ; 20,00 € ; 30/08/2000 ; 330 p. ; Broché
Les livres liés
Pas de série ou de livres liés. Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série
Les critiques éclairs (10)
» Enregistrez-vous pour publier une critique éclair!
Sans plus...
Critique de Chene (Tours, Inscrit le 8 juillet 2009, 54 ans) - 4 octobre 2010
Je voulais relire cet épisode tragique de l'histoire de France, voire même de l'histoire européenne. L'histoire de ces centaines de milliers d'hommes de nationalités différentes qui trouvèrent la mort dans le froid et la faim en marchant perdus dans les gigantesques plaines russes.
Le livre est bien documenté, certes, et parfois intéressant, mais, pourtant surgit une sorte de frustration au cours du roman. Comme l'écrit Saint Jean Baptiste Il manque au récit du souffle, de la passion.... A ce titre je ne suis pas sûr que ce livre reste dans les annales de la littérature et puisse passer l'épreuve du temps.
Quand la vraie Histoire est encore mieux
Critique de Saint Jean-Baptiste (Ottignies, Inscrit le 23 juillet 2003, 88 ans) - 28 septembre 2004
Mais je partage l'avis de Bolcho quand il dit "Je trouve la tentative peu convaincante. Les personnages sont des prétextes à regard et la mayonnaise n'a pas pris".
Quant au passage de la Bérézina, je trouve aussi comme Bolcho, que Rambaud a voulu corser les choses et que la vérité historique est encore bien plus dramatique.
Dans l'ensemble, comme le dit si bien Saule, ça manque d'un véritable souffle épique et de vraies passions.
Je pense que Rambaud s'est voulu impartial et qu'il s'est basé honnêtement sur des faits authentiques. Mais à la lecture de ce livre beaucoup sont tentés, comme on le voit dans les critiques ci-dessous, de porter un jugement péremptoire sur Napoléon. Or, tout au plus, peut-on juger l'attitude de Napoléon au cours de cette campagne. Rien de plus.
Et encore ! Prenons un seul exemple : on dira Napoléon s'est montré naïf, il aurait dû écouter Caulaincourt. Mais Caulaincourt avait une chance sur deux de se tromper en disant qu'Alexandre ne tiendrait pas parole. C'était son intérêt personnel de parler comme ça à Napoléon. Du reste Alexandre était un personnage trouble, influençable et indécis ; c'était Koutousov en la circonstance qui détenait le vrai pouvoir de décision. Donc si Caulaincourt avait raison, c'était sans argument valable.
Je ne veux pas prendre ici la défense de Napoléon. (Je trouve la période napoléonienne passionnante, mais je laisse tout jugement sur la personne à l'Histoire.) Je veux seulement dire, comme l'affirmait si bien Paul-Henri Spaak, qu'on est toujours malin, après.
Maintenant, quitte à dépasser un peu la critique du livre de Rambaud, je voudrais encore ajouter ceci : ces jugements à l'emporte pièces, quand ils touchent un personnage de l'Histoire ne portent pas à conséquence ; mais quand il s'agit d'un homme actuel, c'est détestable.
Et on voit, comment à partir d'un livre (ou d'un film), qui ne présente que des faits authentiques, mais intentionnellement sélectionnés, on peut faire ou défaire une réputation de la manière la plus malhonnête qui soit.
Au lecteur (ou au spectateur) de ne pas se laisser manipuler.
La Grande Armée et le froid
Critique de Nothingman (Marche-en- Famenne, Inscrit le 21 août 2002, 44 ans) - 9 mai 2004
Là, où dans la bataille l'empereur était décrit comme un grand stratège et un grand meneur d'homme, on le voit ici sous un jour beaucoup plus sombre. Il n'est plus le maître des événements. Il subit la traque de cette armée russe invisible. Un empereur qui accorde aussi beaucoup de foi à la superstition. L'armée fuit dans la campagne russe envahie par le froid. Les hommes gèlent littéralement sur place, ils ont faim. Tels des animaux , certains iront jusqu'au cannibalisme pour survivre à cette marche forcée.
Patrick Rambaud nous raconte une fois de plus le quotidien de ces hommes livrés aux conditions les plus éprouvantes. Comme dans la bataille, on a l'impression de vivre la réalité à leurs côtés, porté par les descriptions de Rambaud. A la fin de la lecture, j'ai été choqué par le fait que Napoléon, après avoir traversé la Bérézina, rentre directement à Paris en héros, laissant la grosse majorité des civils français de l'autre côté du fleuve russe.
Napoléon, un homme aux multiples facettes
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 28 août 2003
La folie d'un homme payée au prix fort par les autres
Critique de Leura (--, Inscrit le 29 janvier 2001, 73 ans) - 26 août 2003
Il pleuvait des batailles.
Critique de Bolcho (Bruxelles, Inscrit le 20 octobre 2001, 76 ans) - 21 juillet 2002
Froid dans le dos
Critique de Patman (Paris, Inscrit le 5 septembre 2001, 62 ans) - 24 janvier 2002
La Bérézina
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 23 juillet 2001
L' intérêt majeur de ce livre a été de me remémorer cette campagne de Russie de Napoléon, un épisode de l'histoire que je connaissais peu. L'auteur sait visiblement de quoi il parle, il rend bien l'ambiance de la débâcle. Seul reproche; il manque parfois un peu d'un véritable souffle épique, ainsi que de la vraie passion dans ce roman qui me laisse donc une impression un peu mitigée
Il neigeait
Critique de Bilou (Bruxelles, Inscrit(e) le 6 avril 2001, 63 ans) - 6 avril 2001
Quand la petite histoire fait la grande...
Critique de Obi-Wan (Uccle, Inscrit le 2 mars 2001, 52 ans) - 3 avril 2001
Forums: Il neigeait
Il n'y a pas encore de discussion autour de "Il neigeait".