Le Paris des merveilles, tome 1: Les Enchantements d'Ambremer
de Pierre Pevel

critiqué par Fanou03, le 8 octobre 2017
(* - 49 ans)


La note:  étoiles
Un aimable et plaisant divertissement
En 1909, à Paris, le mage Louis Griffont, un membre éminent du Cercle Cyan, parfaitement intégré à la vie des hommes, est mêlé malgré lui à un trafic d'objets magiques. Épaulée par la troublante Isabelle de Saint-Gil, une fée renégate, son enquête va dévoiler peu à peu une sombre machination ourdie contre la fée Méliane, la souveraine d'Ambremer, le royaume magique.

Le décorum des Enchantements d'Ambremer fait en grande partie tout l’intérêt du roman de Pierre Pevel. Ce n’est pas péjoratif : l’auteur a su, avec beaucoup de verve et de plaisir, retranscrire une certaine ambiance du début du vingtième siècle, pour laquelle visiblement il professe un véritable attrait : le début de la police scientifique (avec un clin d’œil sympathique aux Brigades du Tigre), la montée en puissance des innovations techniques (en particulier les automobiles et et les expérimentations de Louis Griffont sur sa Pétulante), les cercles de gentlemen, l’influence de l’Art Nouveau.... A cette ambiance où tout semble possible, Pierre Pevel greffe une uchronie : il imagine un monde où les êtres des Merveilles (fées, mages, gnomes...) vivent non pas cachés (comme dans Harry Potter) mais en relative harmonie avec les humains. Ce prédicat rehausse encore la sensation de bouillonnement et de cosmopolitisme suggéré par notre imaginaire.

Le niveau de la prose de Pierre Pevel m’a semblé plus faible et moins dense que celle des Lames du Cardinal, qu’il rédigera cinq ans plus tard, ceci expliquant sans doute cela. Néanmoins, et malgré les poncifs du genre, un scénario des plus classiques, une psychologie relativement sommaire des personnages, on sent l’ambition littéraire de l’auteur, pas tout à fait abouti encore, de proposer à son lectorat une qualité de texte au-dessus de la moyenne des productions de Fantasy. De fait comme je l’ai dit l’ambiance générale du roman est très évocatrice, certains passages (et notamment les passages d’action) offrent quant à eux une composition parfois saisissante (je pense par exemple à la traversée de la tempête de cauchemars dans le train du Petit Maître des rêves).

Le tout forme ainsi un récit rythmé, manquant encore de maturité, construit selon les règles du genre (presque formaté pour une adaptation cinématographique) mais qui s’avère, à travers la chatoyante évocation d'une époque, à lire pour ce qu’il est : un aimable et plaisant divertissement.
Gnomes, licornes et Tour Eiffel 7 étoiles

Même si l'on ne doit pas juger un livre à sa couverture, c'est pourtant bien celle-ci qui m'a intrigué quand j'ai vu ce livre dans une librairie et bien m'en a pris. J'ai en effet passé un très bon moment en compagnie de Louis Denizart Hippolyte Griffont et Isabel de Saint-Gil. Le mélange entre fantasy et Paris de la Belle Époque est original et Pierre Pevel a trouvé plusieurs idées sympathiques pour mêler ses deux ambiances de façon plutôt convaincante. L'intrigue est plaisante à suivre, bien rythmée et comporte peu de temps morts même si elle se révèle être au final assez simple, un peu plus de complexité n'aurait pas été désagréable. Les personnages principaux sont également assez attachants et le duo que forme Griffont et Saint-Gil est, certes, peu original, mais drôle et efficace. Le récit comporte également une galerie de personnages secondaires variée et assez fournie mais il est dommage que certains soient aussi peu exploités car j'ai bien aimé Azincourt, Auguste ou bien encore Lucien, il en est d'ailleurs de même pour les antagonistes qui restent malheureusement un peu trop en arrière-plan pour les rendre mémorables.

Il est également à noter également que ce livre propose une nouvelle intitulée Magicis in mobile dans laquelle on retrouve nos héros devant s'occuper d'un mystérieux et imposant sous-marin apparu dans la Seine durant la crue de 1910. A tonalité purement humoristique, ce petit récit n'en est pas moins très inventif et la seule chose que je peux lui reprocher est sa brièveté car cela ne m'aurait pas dérangé d'en avoir un peu plus.

Ce premier tome du Paris des merveilles propose donc une intrigue fort divertissante dans un univers que j'ai eu grand plaisir à parcourir et qui m'a même laissé un goût de trop peu car il reste encore de nombreux éléments qui mériteraient d'être creusés. J'espère donc que la suite approfondira tout cela car je compte bien désormais la lire et découvrir ainsi ce que l'auteur réserve à Griffont et Isabelle de Saint-Gil.

Koolasuchus - Laon - 35 ans - 14 novembre 2021