Bakhita de Véronique Olmi
Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances
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Horreur de l'esclavage
Histoire partiellement authentique, partiellement romancée, d'une soudanaise née au milieu du XIXème siècle. Encore enfant, elle est enlevée pour devenir esclave. Vendue, revendue, violée, frappée, elle connaît la plus ignoble des conditions, n'est plus rien (elle ignore même son vrai nom).
Elle quittera le Soudan pour l'Italie où, alors libre, elle devient religieuse. Son action, son dévouement aux autres la conduit jusqu'à la canonisation par le pape Jean-Paul II en l'an 2000.
Un style alerte, déroutant parfois, mais jamais ennuyeux. On passe d'une violence insoutenable à des élans de tendresse, tant le personnage de Bakhita est attachant et émouvant.
Un livre magnifique, mais qui ne plaira peut-être pas à tout le monde.
Les éditions
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Bakhita [Texte imprimé]
de Olmi, Véronique
Albin Michel
ISBN : 9782226393227 ; EUR 22,90 ; 23/08/2017 ; 455 p. ; Broché -
Bakhita [Texte imprimé], roman Véronique Olmi
de Olmi, Véronique
le Livre de poche / Le Livre de poche
ISBN : 9782253259718 ; EUR 8,70 ; 30/01/2019 ; 480 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (8)
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Immersion dans la vie d'esclave et une vie inattendue
Critique de Mimi62 (Plaisance-du-Touch (31), Inscrit le 20 décembre 2013, 71 ans) - 21 juin 2020
Un récit biographique nous faisant approcher de près la vie d'une esclave. De l'arrachement à sa famille jusqu'aux changement de maîtres, en passant par les multiples reventes avant d'arriver sur le marché aux esclaves, Bakhita perd son statut d'humain à tel point qu'elle finira même par ne plus se souvenir du prénom que lui ont donné ses parents.
Beaucoup d'éléments interpellent. Dès l'enlèvement, il est évident que ces être humains ne sont considérés que comme des objets sans autre valeur que celle marchande. Lors de l'enlèvement, aucun recours n'est évoqué, le principe même de police semble ne pas exister. En raison de l'époque et du lieu, la police n'aurait d'action qu'à leur encontre, pas pour les assister.
Sa chance, ou sa malchance, sera d'être jolie et jeune, ce qui lui permettra d'être une marchandise appréciée. Ce profil de vie lui vaudra son surnom "Bakhita" signifiant, en arabe, "la chanceuse".
Le lecteur accompagne Bakhita tout au long de ses épreuves, de ses espoirs et de ses désillusions.
L'ouvrage apporte un éclairage sur le fonctionnement de ce système esclavagiste dans cette partie du monde et plus encore sur l'esprit des esclavagistes. La narration évoque tout aussi bien l'atmosphère psychologique dans laquelle Bakhita, et ses sœurs et frères esclaves, vivaient, mais également les situations matérielles et physiques auxquelles ils sont confrontés, qu'ils doivent subir.
Parallèlement à cette histoire "commune" de ces esclaves, de déroule la vie peu banale de Bakhita que l'on penserait plutôt sortie de l'imaginaire d'un romancier.
La narration se suit avec intérêt dans l'ensemble malgré quelques rares passages redondants que l'on a le sentiment d'avoir déjà lu mais cela tient également au fait que si les situations apparaissent nouvelles, le déroulement reste tristement identique pour Bakhita.
Un regret peut-être, concernant la fin. On n'a pas d'explication sur le choix effectué par Bakhita de devenir religieuse. On reste donc sur des hypothèses mais cela peut être lié à l'honnêteté de l'auteur : ne disposant ni de témoignage ni d'interview de Bakhita, elle n'a pas voulu interpréter son attitude, romancer.
Bakhita quitte une soumission pour une autre mais la dernière est librement consentie mais pour quelle raison ? Celle d'avoir l'assurance de ne plus subir de mauvais traitement, de ne pas savoir de quoi demain sera fait ? La peur d'aller dans un monde "libre" où elle ne saurait pas trouver sa place ?
En conclusion, un ouvrage intéressant de par son contenu et à la lecture plutôt aisée.
Beau mais monotone
Critique de Saint Jean-Baptiste (Ottignies, Inscrit le 23 juillet 2003, 88 ans) - 11 octobre 2018
Cette lecture m’a beaucoup passionné mais m’a paru fastidieuse. Tout est raconté au présent, toujours au présent, et sur un ton toujours monotone. On aurait souhaité quelques fulgurances, des emportements, des éclats, des vibrassions… mais non ! La réalité de la vie de cette héroïne est toujours présentée telle qu’elle est, au jour le jour, et le lecteur finit par se lasser.
(Mais il est possible que les lecteurs plus rapides n’ont pas eu cette sensation).
Personnellement, J’ai lu ce livre sans passer une ligne parce que je voulais connaître le sort de ce personnage hors du commun mais, j’aurais voulu en finir un peu plus vite.
Toutes les Bakhita !
Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 23 avril 2018
La première partie du livre est profondément émouvante. C’est toute l’horreur de l’esclavagisme qui existe depuis la nuit des temps. On croit (à tort) que le vilain Oncle Sam a obtenu la médaille d’or en ce domaine et bien que nenni… ! Toutes catégories confondues c’est l’islam qui s’empare de la tête de ce pitoyable palmarès.
Le martyre de Bakhita a un goût de sang et de résignation et l’auteure a pu mettre sur le papier un ressenti bouleversant.
La seconde partie du livre qui correspond à l’arrivée de Bakhita la tatouée en Italie m’a beaucoup moins plu.
Un destin, …celui qui naît dans un corps noir n’est jamais vraiment libre
Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 9 avril 2018
Lorsqu’elle est capturée commence une vie dans la violence permanente et la souffrance. Passant de mains en mains, Bakhita, trop belle pour ses différents maîtres, sert de souffre-douleur et échoit à dans la famille d’un général turc de Khartoum qui pratique la torture permanente sur ses domestiques-esclaves.
Jusqu’à ce que survienne le miracle : à 13 ans, Bakhta est vendue au consul d’Italie à Khartoum car les turcs évacuent la capitale soudanaise. Cet homme, profondément doux, envisage de rendre Bakhita aux siens, mais prise trop jeune, elle ne sait pas situer ses origines exactes. Lorsqu’à son tour le consul doit fuir avant la prise de Khartoum, il rentre en Italie et il l’emmène avec lui.
Un ami de la famille qui l’emploie lui fait découvrir le christianisme, la révélation sera un peu longue à survenir mais profonde. Lorsqu’elle comprend ce qu’elle partage avec le Christ, Bakhita est émerveillée et demande la conversion. C’est là que le grand public va commencer à s’émouvoir de l’existence de la petite mère noire.
Devenue sœur Giuseppina Bakhita, elle va passer les cinquante années qui lui restent à vivre dans des institutions religieuses en tant que religieuse. Une fois la curiosité et les méfiances passées, chacun finira par reconnaître l’extraordinaire destin de cette femme dans une Italie misérable puis fasciste. Béatifiée puis canonisée par Jean-Paul II, sainte Joséphine Bakhita est aujourd’hui vénérée au Soudan, pays qui l’a tant fait souffrir.
La narration d’une telle existence n’est sans doute pas évidente mais le lecteur risque cependant de ne pas entrer rapidement dans le récit qui bien qu’écrit dans un style nerveux aux courtes phrases reste parfois excessif.
Bien que près de son sujet et d’un certain réalisme, l’auteur parvient difficilement à emballer l’histoire en se portant trop dans le romanesque sans toujours soigner sa plume et ne parvient pas à capter l’attention du lecteur.
Vous l’avez compris, je reste moins positif que mes prédécesseurs et je me montre critique sur l’approche et le style de Véronique Olmi.
bouleversant et superbe
Critique de Francesca_1 (, Inscrite le 30 décembre 2011, 70 ans) - 17 mars 2018
Je veux simplement dire que c'est un très beau "roman" dont la réalité historique ajoute beaucoup à notre émotion. V. Olmi nous prend par la main des le début du récit pour ne plus nous lâcher. Ses belles phrases presque toujours au présent donnent beaucoup de force à son récit, nous font ressentir très poétiquement l'atmosphère de certains lieux. Les quelques scènes terribles qu'elle décrit ne donnent jamais dans le voyeurisme même si à partir d'elles on peut imaginer le pire.
Pas de temps mort, le récit chronologique progresse avec toujours la même intensité. La richesse de la vie intérieure de Bakhita nous est dévoilée avec justesse et délicatesse.
Un grand roman auquel on pense longtemps après l'avoir refermé... et ce n'est pas si courant...
Bouleversant
Critique de Pascale Ew. (, Inscrite le 8 septembre 2006, 57 ans) - 13 février 2018
Elle n'aura connu que les séparations tout au long de sa vie. Aucun attachement ne lui est permis.
La première moitié de ce roman est insoutenable, malgré que l'auteure ne se complaise nullement à décrire les détails des sévices subis. Le reste est trempé à l'encre de la douceur. Véronique Olmi réussit à dépeindre une héroïne qui respire l'humilité et la bonté.
Je suis touchée en plein coeur !
A découvrir
Critique de Faby de Caparica (, Inscrite le 30 décembre 2017, 63 ans) - 26 janvier 2018
Bon .. Ce livre n'a eu quasiment que des critiques dithyrambiques et j'avoue que j'en sors franchement chamboulée...
Véronique Olmi nous offre un roman basé sur une histoire vraie, celle de Bakhita.
Nous sommes en 1876.
Enfant du Darfour kidnappée et ensuite vendue comme esclave, Bakhita va subir les pires souffrance pendant des années, zapper son enfance et être marquée à vie avant d'être prise en charge par le consul d'Italie. Celui-ci la ramène au pays où la jeune fille va être d'abord nourrice (et domestique) et enfin trouver sa voie dans la religion et de devenir sœur canossienne à Venise.
La 1° partie ( Bakhita esclave ) n'est que souffrance et horreur - à la limite de refermer le livre et de se plonger dans les " blagues à Toto " pour décompresser.
Nous suivons ensuite avec passion sa "renaissance ", son éducation et son procès retentissant pour la libérer de son statut d'esclave et en faire une femme libre.
Et enfin le reste de sa vie dévouée aux enfants pauvres et aux démunis.
Véronique Olmi traduit bien "l'insoumission intérieure " qui habite Bahkita.. on n'a qu'une envie , hurler et se révolter alors qu'elle endure et supporte ( son seul moment de révolte sera lorsqu'elle est obligée de quitter le couvent pour rentrer chez ses maîtres.. elle refusera ).
Elle parvient à donner à son récit un rythme endiablé grâce à ses phrases courtes et percutantes.
J'ai partagé les souffrance et les tourments de Bakhita et suis restée sidérée qu'elle ait pu conserver une telle force et une telle dose d'amour en elle.
Morte en 1947, elle sera canonisée par le Pape Jean-Paul II en 1992.
Petit bémol .. par mal de répétitions qui traduisent certainement l'état d'esprit de Bakhita et sa force intérieure , mais qui à la longue sont devenues lassantes.
A découvrir....
De l'esclavage à la sainteté
Critique de Nathavh (, Inscrite le 22 novembre 2016, 60 ans) - 17 octobre 2017
Née en 1869, elle a 7 ans lorsqu'elle est razziée dans son village natal du Soudan. Elle est enlevée par des négriers musulmans. Elle devra endurer l'insupportable, trouvera une énergie et une force pour vivre incroyables. Imaginez, mais c'est presque inimaginable, des conditions de vie innommables, l'isolement, la crasse, la peur, la douleur, les longues marches attachée aux fers. Garder l'espoir grâce à Binah, sa compagne de misère avec qui elle sera vendue. L'espoir par la fuite, l'espoir de retrouver sa soeur Kishmet vendue bien avant elle...
Les coups, la souffrance.. L'arrivée au harem. Elle a moins de douze ans, sort à peine de l'enfance et a déjà tout enduré : torture, scarification, abus et violence, elle a vu des soeurs mourir, périr de souffrances abominables.
Vendue pour la cinquième fois à un consul italien, cette rencontre décisive va changer sa vie et la mener en Italie.
Bakhita c'est le don pour l'autre, elle a une compassion sans faille, elle rencontrera Stefano qui veut l'adopter, lui donner une éducation. Elle ira étudier chez les soeurs Cannassiennes de Venise, elle y rencontrera la foi, "l'illumination".
Celle que l'on nommera "La Moretta" accepte son sort, elle donnera sa vie à Dieu et aux autres. Tour à tour esclave, captive, domestique, religieuse et sainte.
Un destin hors du commun qui nous parle de l'esclavage, de la société, de l'Histoire majuscule avant l'avènement du fascisme, du Duce, des guerres mondiales.
Une plume magnifique, un récit qui se partage en deux parties : Le Soudan, l'enfance et les horreurs subies par la fillette dans le monde de l'esclavagisme et son parcours vers la foi, sa vie de religieuse, dévouée toujours aux autres jusqu'à sa sainteté.
L'écriture est poétique même si la noirceur, la violence de la première partie est parfois insoutenable. La narration est magnifique, une plume très visuelle dégageant énormément d'humanité. Un récit lumineux. C'est sans conteste mon troisième gros coup de coeur de cette rentrée.
Coup de coeur ♥♥♥♥♥
Les jolies phrases
Pour qu'une histoire soit merveilleuse, il faut que le début soit terrible, bien sûr, mais que le malheur reste acceptable et que personne n'en sorte sali, ni celle qui raconte, ni ceux qui écoutent.
Il y aura toujours en elle deux personnes : une à la merci de la violence des hommes, et l'autre, étrangement préservée, qui refusera ce sort. La vie mérite autre chose. Elle le sait.
Elle ne comprend pas la phrase, elle comprend le sentiment. Et c'est comme ça que dorénavant elle avancera dans la vie. Reliée aux autres par l'intuition, ce qui émane d'eux elle le sentira par la voix, le pas, le regard, un geste parfois.
C'était un mystère et un espoir, c'était surtout une envie de vivre encore, l'interstice par lequel passe la dernière force humaine, avec la certitude fulgurante et violente de ne pas être totalement seule.
Pourtant, traitées comme des bêtes, maltraitées par les bêtes, enfermées, piétinées, attachées, leur personnalité, leurs rêves, et même une partie de leur innocence, ce qu'ils sont, demeurent.
La vie était un carnaval aux masques trompeurs, à la joie factice, une fête susceptible de si vite s'interrompre.
C'était un monde clos, peuplé de maîtresses et d'esclaves, toutes vivaient ensemble et toutes étaient captives.
Être nue à Olgossa était aussi naturel que l'herbe dans le vent, être vêtue d'un simple pagne dans la maison du maître est une honte permanente.
Bakhita comprend qu'on peut tout perdre, sa langue, son village, sa liberté. Mais pas ce que l'on s'est donné. On ne perd pas sa mère. Jamais. C'est un amour aussi fort que la beauté du monde, c'est la beauté du monde. Elle porte la main à son coeur, et elle pleure, des larmes de consolation. Elle a si peur de la perdre.
Mais elle ne sait pas écrire. Et tous autour d'elle parlent des langues nouvelles, les mots sont comme les pays sur la carte, changeants et lointains, elle ne peut les relier à aucun des sentiments qui l'habitent, et elle s'isole dans cette incertitude.
L'esclavage ne s'efface pas. Ce n'est pas une expérience. Ça n'appartient pas au passé. Mais si elle a le droit d'être aimée, alors ce jour qui vient est sa récompense. Elle a marché jusqu'à ce jour. Elle a marché des années. Marché jusqu'à el Paron. Pour ne plus jamais obéir à d'autres ordres, ne plus jamais se prosterner devant d'autres maîtres.
Elle a la force maintenant pour aimer les autres. Maintenant que sa vie est dans des mains plus hautes.
Elle voudrait leur dire comme la vie est rapide, ce n'est qu'une flèche, brûlante et fine, la vie est un seul rassemblement, furieux et miraculeux, on vit on aime et on perd ceux que l'on aime, alors on aime à nouveau et c'est toujours la même personne que l'on cherche à travers toutes les autres.
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