Blanche la colérique
de Lison Pennec (Scénario), Charlotte Melly (Dessin)

critiqué par Shelton, le 3 novembre 2017
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Blanche vient du blog et son arrivée sur papier est remarquable !
Lorsque deux copines décident de créer un blog avec une héroïne de leur génération, elles s’amusent et parlent indiscutablement, dans un premier temps, à des lectrices puis des lecteurs de leur âge… Elles jouent avec la crise des 25 ans, l’âge maudit quand on a terminé ses études mais que tout reste à construire… et aujourd’hui, on le sait, ce n’est pas si simple que cela de trouver l’amour, le travail, la réussite, le logement, garder ses amis et vivre heureux… En même temps, il est bien possible que Blanche en demande trop… Non ? Etre en vie cela pourrait suffire…

Comme Blanche, cette héroïne numérique, n’arrive pas à trouver le bonheur du premier coup, cela l’énerve et son surnom de « La colérique » devient tout à fait justifié… Sur le blog, on l’a ainsi suivie à intervalles plus ou moins réguliers, dans des petits sketches de la vie quotidienne…

Les autrices – Lison Pennec et Charlotte Melly – avaient très rapidement en tête que les déboires de Blanche pourraient un jour remplir un ouvrage papier, une bande dessinée, quoi ! Mais il y a du chemin et du travail pour accompagner Blanche de ces petits rendez-vous à une histoire complète, plus riche, plus profonde… Après quelques années, cette histoire s’est mise en place, une éditrice a été séduite et a donné sa chance à Blanche et voici maintenant Blanche la Colérique en roman graphique car c’est bien le nom qu’il faut donner à ce livre…

Oui, une bonne fois pour toute précisons quelques petites choses. Une autrice est bien une femme qui est auteur et c’est le nom que recommande l’Académie. Donc, Lison et Charlotte sont des autrices, l’une est scénariste, Lison, l’autre dessinatrice, Charlotte. Deuxième chose, importante aussi, une bande dessinée est bien un livre. Arrêtons de tourner autour du pot, un livre est un livre, il raconte quelque chose que ce soit avec le mode du roman, du théâtre, de la bande dessinée, de la poésie… Enfin, un roman graphique, c’est une sorte de grosse bande dessinée qui n’est pas au format classique des albums, dans le cas de Blanche, c’est plus de 200 pages !

Revenons donc à Blanche elle-même, à ses malheurs de la vie quotidienne, à ses parents qui sont un peu lassés de devoir payer les loyers… Elle cherche du travail… Oui, enfin, disons surtout qu’elle se cherche sans trop savoir comment s’y prendre, en se laissant porter par les évènements et en alternant les bonnes phases et les moins bonnes… Elle n’arrive pas à se construire des perspectives, un avenir…

Il y a bien un personnage positif qui sert de référent à Blanche, sa mémé… et manger un croque-monsieur en buvant une bière avec sa mémé… ça compte !

On retrouve des dessins, des séquences et des anecdotes dignes du blog mais cette fois-ci la narration est plus solide, le dessin évolue… et le tout fait passer un bon moment au lecteur. Mieux, il y revient avec plaisir et découvre des petits trésors cachés dans le dessin et le texte…

On a un double sentiment en terminant cette bande dessinée… D’une part, on se dit que l’on est en train de dire au revoir à Blanche et d’autre part que ces deux autrices pourraient bien revenir très vite nous raconter d’autres histoires… Le duo avait peut-être besoin de consacrer beaucoup de temps à Blanche pour tourner la page… Finie la galère des 25 ans, terminée la gueule de bois du petit matin, oubliée la recherche de travail pour survivre… pour ce qui est du voisinage, il est possible que cela continue encore un peu…

Une très bonne bande dessinée à lire et qui vous fera toucher du doigt – après des rires justifiés – que nous oublions trop souvent de faire de la place aux jeunes dans notre société… car, qui aurait accueilli Blanche chez lui ?