FullMetal Alchemist Vol.27
de Hiromu Arakawa

critiqué par Fanou03, le 9 novembre 2017
(* - 49 ans)


La note:  étoiles
Adieu à Amestrys
Le chef des homonculus, celui qui se fait appeler « Père », s’apprête à ne faire plus qu’un avec Dieu en prenant possession des âmes de millions d’hommes et de femmes. Mais tout n’est pas fini: Edward, Pride et Hohenheim usent de leur dernière force pour s’opposer à ses ambitions maléfiques.

Et voici donc le dénouement de FullMetal Alchemist ! qui, dans une certaine tradition, s’achève sur un grandiose combat final. Enfin, pas tout à fait, puisqu'une bonne partie de la deuxième partie du manga s’intéresse à l’après et reviens sur le devenir des personnages principaux, ce qui est bien agréable ma foi. Cet ultime tome clôt malgré tout de façon assez classique la série. J’avoue ainsi avoir été peut-être un peu déçu quand même par la conclusion au vu de l'attente qu’on pouvait en avoir, d’autant plus qu’à nouveau les explications pseudo-mystico-religieuses autour de l’alchimie, de la Vérité et de Dieu ne me paraissent décidément pas très pertinentes ni très cohérentes.

Bon, il n’empêche que FullMetal Alchemist reste, avec le recul, une série d’un très bon niveau et qu’elle mérite, à mon sens, amplement sa réputation. Tout d’abord graphiquement, je ne saurais que redire les qualités que je trouve à l’auteur : clarté des découpages, sobriété des mises en scènes, efficacité de la composition. Le fait que ses personnages soient tous aisément identifiables, avec des physionomies très caractérisées, est un des éléments remarquables du manga, dont le style qui se rapprocherait presque dans certaines pages de la ligne claire franco-belge (un peu moins dans les combats, plus confus).

Les personnages, revenons-y. Leur charisme est une réussite, y compris il faut le souligner du côté des méchants: les Homonculus sont à la fois détestables et attachants, et donnent beaucoup de corps au récit. La pléthore de personnages secondaires, voire « tertiaires » est une autre particularité de la série. Je n’ai pas fait de statistique, mais je pense que dans certains tomes la présence d'Edward et Alphonse Elric est très évanescente. Hiromu Arakawa a un talent assez incroyable pour mettre en avant un personnage a priori peu important. Cette profusion se fait sans dispersion de la narration, mais par contre oblige la mangaka à ne pas développer certains personnages qu’on aurait pu croire centraux: je pense par exemple à Winry Rockbell, protagoniste très prometteuse, qu’on voit beaucoup au début de la série mais qui malheureusement est bien moins sur le devant de la scène par la suite. On peut dire aussi que beaucoup de personnages évoluent au sein de « fratries », ce qui place la question de la famille, au sens large (de la famille biologique et amicale des frères Elric aux subordonnés du Colonel Mustang, véritables « frères d’arme ») au centre du manga.

La problématique de l’armée est également omniprésente. Même si Hiromu Arakawa dépeint avec beaucoup d'affection les liens entre le Colonel Mustang et le Général Armstrong et leurs collaborateurs respectifs, on ne peut pas dire cependant qu’elle soit militariste. Elle interroge la responsabilité de ces hommes et de ces femmes qui ont pris le métier des armes et déplorent leur implication dans certains conflits, qui viennent éclabousser y compris les héros de la série, comme le Colonel Mustang qui a trempé dans le génocide d'Ishbal.

Si FullMetal Alchemist se coule dans les codes du manga pour adolescent et a parfois une propension à se laisser envahir par les combats, au détriment de l’émotion (en particulier sur les derniers tomes), il n’empêche que par son efficacité graphique et les thèmes abordés, une certaine profondeur (que Hiromu Arakawa aurait pu encore développer plus largement) la série s'impose effectivement dans son genre comme une référence.
La réparation. 8 étoiles

C'est la fin pour "Fullmetal Alchemist" et ce dernier volume fait le job et se révèle satisfaisant. Le combat final contre le "Père" des homonculus est spectaculaire même si personnellement je l'aurai bien vu plus impressionnant et démesuré encore. La fin de la quête des frères Elric, si elle est prévisible, n'en demeure pas moins touchante et sincère. Au final, "Fullmetal Alchemist" mérite amplement son statut de classique du shonen. Portée par un duo de héros aussi atypique qu'attachant, la série s'envole vers les cieux grâce à ses nombreux personnages secondaires très charismatiques et volant très souvent la vedette aux deux héros. Sans oublier les homonculus, des antagonistes d'anthologie, aussi effrayants que complexes. Le seul reproche que l'on pourrait faire à la série résulte dans l'aspect brouillon du concept de l'alchimie, pourtant au coeur de l'intrigue. Il s'agissait d'une excellente idée de la part d'Arakawa, qui permettait aux personnages de déployer des pouvoirs hors du commun, en plus de donner à la série toute la matière nécessaire aux développements de ses thématiques. Mais Arakawa se perd parfois, surtout sur la fin, en compliquant inutilement le concept et en se perdant dans des explications confuses qui nuisent au récit. Pour ce qui est des thématiques de la série, elles sont très fortes : la famille, l'amitié, les dangers de la science et de l'eugénisme, sans oublier un propos anti-militariste acerbe et particulièrement efficace. Enfin, comment ne pas rendre hommage au dessin superbe d'Arakawa, particulièrement maîtrisé dans les décors et la mise en scène hors normes de combats très spectaculaires ? Pour cette maîtrise graphique hors du commun, ce scénario si riche et prenant, et ces personnages inoubliables, "Fullmetal Alchemist" est un classique incontournable du genre, à lire encore et encore.

Sotelo - Sèvres - 41 ans - 2 avril 2020