Seul dans Berlin
de Hans Fallada

critiqué par Sahkti, le 14 mai 2004
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Un témoignage capital
Seul dans Berlin raconte la vie de gens comme vous et moi dans un immeuble de Berlin. Comme vous et moi… enfin presque. Nous sommes en 1940, c’est la guerre, nous sommes en Allemagne, l’Allemagne nazie.
A travers les histoires de ces personnages, c’est toute l’histoire de l’Allemagne qui défile. Notamment la tristesse d’une vieille femme qui vit seule au dernier étage, privée de tous ses biens et surtout de son mari. Arrêté parce que juif. Allemand mais juif. Elle côtoie la famille Persicke dont le fils est engagé dans les SS tandis que les Quangel, leurs voisins, ont perdu le leur à la guerre. Une guerre qui leur fait mal au ventre, ils en veulent à Hitler, ils ne le trouvent pas bon, alors ils le diront. A leur façon, des tracts distribués en douce, des mots disséminés de ci de là. Acte anodin mais ô combien important et courageux dans ce contexte.
Un immeuble à l’image de l’Allemagne, bigarré, composite, multiculturel, vivant dans la peur ou la soumission, pratiquant la résistance avec foi et dignité.
Un livre essentiel pour aborde recette période sombre de l’histoire, un roman-témoignage écrit par un auteur qui a souffert du régime nazi (ses livres ont été brûlés en autodafé) et a dû se cacher pendant toute la guerre. "Jeder stirbt für sich allein" a été publié très peu de temps avant sa mort.

Le témoignage de Hans Fellada, ses textes, sa vision du régime et de l’Allemagne sont essentiels. Il arrive souvent que l’on s’interroge sur la faible mobilisation allemande face à la montée nazie. Bien sûr, certains ont résisté et se sont battus mais dans l’ensemble, c’est une masse silencieuse qui a accompagné les années hitlériennes. En lisant Fallada et ses chroniques de la rue Jablonski, on comprend beaucoup mieux la vie de tous ces gens, leurs motivations, leurs craintes, leurs actes de résistance (ces cartes postales déposées dans les escaliers, un geste dangereusement fou quand on y pense et si important !).
Tous ces gens étaient enfermés dans un système qu’ils ne contrôlaient pas, leurs faits et gestes pouvaient à tout moment avoir raison d’eux et beaucoup ont vécu la peur au ventre sans oser le montrer.
Le texte de Hans Fallada est effrayant, terriblement réaliste, nous voici complètement immergés de l’autre côté et l’herbe n’y est pas plus verte qu’ailleurs. Alors il faut s’organiser, résister tant bien que mal, chacun à sa manière, goutte d’eau dans un océan qui ne demande qu’à grossir.
Pas étonnant que Primo Levi ait considéré "Seul dans Berlin" comme "un des plus beaux livres sur la résistance allemande antinazie".
Pas de résistance militante ou politique ici, mais des actes quotidiens, de Monsieur et Madame Tout le Monde, des actes dignes et formidables que Hans Fellada souligne avec beaucoup de brio.
Les descriptions de ces personnages, de ces vies, de la bêtise humaine font réfléchir et c’est indispensable pour comprendre cette période mais aussi ce qui anime n’importe quel humain en pareille situation.
Quelle cruauté! 8 étoiles

Tout a été dit... un livre un peu long au début, des longs passages anecdotiques, mais une fin poignante.

On ne nous apprend pas ce côté de la guerre à l'école, et pourtant beaucoup d'allemands étaient dans la même "galère" que nous. Et ça fait du bien de l'entendre, ça remet les choses en place.

J'ai beaucoup aimé suivre les pensées d'Otto sur la fin. Une belle remise en question de ce qui est important ou non dans la vie.

Prouprette - Lyon - 40 ans - 28 décembre 2016


Dur ! 8 étoiles

Publié en version allemande en 1947, un an après la mort de l'auteur, "Seul dans Berlin" n'a été publié qu'en 1967 en version française. Les éditions Denoel viennent de rééditer l'oeuvre en version complète en 2014.
C'est elle que j'ai eu le plaisir de lire.
Ce livre est une légende à lui tout seul et a fait l'objet d'une excellente émission de télévision disponible sur internet.
L'histoire n'est jamais écrite que par les vainqueurs et les souffrances du peuple allemand sont souvent oubliées. Il y a donc ici une sorte de réparation, des choses pas toujours faciles à lire, une autre vision de l'horreur.
Un grand moment de lecture.

Monocle - tournai - 64 ans - 16 octobre 2014


Les berlinois face à la seconde guerre mondiale 8 étoiles

Hans Fallada décrit l'atmosphère du Berlin des années 40-42, pendant la seconde guerre mondiale. Les personnages principaux sont des hommes du peuple, simples, engagés parfois aux côtés du Führer, complètement révoltés à l'inverse, ou bien neutres. Les Quangel ont perdu leur fils sur le front et ne peuvent plus tolérer ce nazisme qui angoisse et effraie un grand nombre d'allemands. ils entreprennent de déposer des cartes dans des immeubles, cartes sur lesquelles figurent des messages visant à éveiller le peuple. C'est une forme de résistance, sans doute pas un grand coup d'éclat, mais une forme de Résistance. Comme le dit Otto Quangel, si on venait à savoir qu'ils sont responsables de cette distribution sauvage, on les accuserait de sabotage et ils seraient exécutés. Il s'agit donc bien d'une résistance. Hans Fallada ne s'est pas contenté de se concentrer sur ces deux individus. Sont évoqués de nombreux autres personnages du voisinage : vieille femme juive, nazis, membres des SS et des Jeunesses hitlériennes, la factrice, les figures du traître ...

Ce roman est oppressant car l'auteur est parvenu à ressusciter cette époque et l'on parvient à ressentir cette angoisse constante, cette crainte d'être observé et dénoncé, cette méfiance continuelle vis-à-vis du moindre homme qui pourrait mal identifier un geste, une parole et occasionner une arrestation. Les habitants s'observent, se dénoncent. Il faut parfois écraser l'autre pour pouvoir s'en sortir. Cet aspect est très bien rendu. Viennent ensuite les scènes avec la Gestapo, scènes inconfortables qu'il faut lire pour ne pas oublier.

Les chapitres sont courts et permettent de passer d'un personnage à l'autre sans perdre le fil de l'histoire. L'auteur possède un sens certain du rythme et l'on en vient à dévorer le roman sans pouvoir le poser afin de connaître la suite, comme ces petites ruses présentes dans les romans-feuilletons comme cette petite phrase énigmatique en fin de chapitre qui nous fait mordre à l'hameçon et nous invite à poursuivre encore la lecture.

Élément qui m'a surpris au départ et auquel je me suis habitué par la suite, l'auteur a intégré quelques scènes burlesques, qui soulignent parfois le caractère mécanique des hommes et de ce régime autoritaire où tout est scénarisé, étudié et théâtralisé. Ce caractère burlesque ne concerne que quelques pages, mais cela peut surprendre. Sur un plan esthétique, cela rejoint sans doute le burlesque berlinois et certains films dans lesquels ce genre est utilisé pour mieux dénoncer.

Certaines scènes restent inoubliables tant la force évocatrice saisit le lecteur. Le style, en revanche, reste simple, trop simple peut-être. Sans doute qu'un style trop étudié aurait enlevé au réalisme des scènes dépeintes ...

Un roman inconfortable, fort et marquant !

Pucksimberg - Toulon - 45 ans - 20 mars 2014


La résistance par l'esprit 7 étoiles

Les 100 premières pages du lives sont assez pénibles, l'histoire ne prend son envol qu'à partir du moment où le couple Quangel entre en résistance avec cette idée originale belle, très forte d'envoyer des cartes postales critiquant le régime nazi. La résistance était bien présente même dans le camp opposé et ce livre aborde l'un de ses aspects les plus fascinants : la lutte par l'esprit dont la puissance concrète se manifeste par la terrible angoisse qui frappe toutes les personnes ayant eu le malheur de s'approcher trop près de ces cartes comme si ces dernières se trouvaient soudainement en possession d'une grenade dégoupillée, leur 1er réflexe étant vite de dénoncer leur malencontreuse découverte, de peur de se voir accuser de crime de haute trahison.

C'est un livre intéressant mais il lui manque un certaine flamme, la faute certainement à une écriture appliquée, très scolaire qui prive le récit d'un peu de fougue. Le manque de relief du style de l'auteur n'est pas à la hauteur de l'idée subversive portée par le récit.

Salocin - - 43 ans - 31 août 2013


La résistance à l'oppression 9 étoiles

J'ai eu raison de combattre mon appréhension à me lancer, puis à persévérer dans la lecture de ce livre. Il décrit très bien, en effet, pourquoi il est nécessaire de se lever contre un régime autoritaire, de se rendre compte de la valeur de la nature humaine et de la protéger dans sa diversité.
Ce roman historique reste évidemment rude, mais il n'en demeure pas moins passionnant. J'y ai si souvent été saisi d'effroi, à la fois galvanisé et tendu par sa trame. J'ai apprécié comment l'apport et les limites du régime en place, de sa politique intérieure et de la gestion de sa boucherie haineuse sont rabattus par les protagonistes, comment les risques sont pesés. Rien n'est véritablement épargné, mais cette oeuvre de fiction permet, paradoxalement, une forme de devoir de mémoire.

Veneziano - Paris - 47 ans - 20 avril 2013


Tragédie et absurdité 9 étoiles

Cela fait des mois que j'ai achevé la lecture de ce livre, et il est toujours aussi difficile pour moi d'en parler, tant je suis restée glacée, pétrifiée par cette lecture, tant mon coeur s'est serré devant l'horreur tranquille de ces évènements qu'il dépeint...
L’écriture est simple, douce, calme... et ce qu'elle nous livre n'en devient que plus poignant, plus monstrueux.
"Seul dans Berlin" apporte un éclairage assez unique sur le quotidien épouvantable des allemands sous le régime nazi, un quotidien de terreur, de violence, de soumission, d'annihilation absolue de l’être humain.
Jamais je n'avais appréhendé cet aspect de l'Histoire avant cette lecture.
Je conseille à tout le monde ce petit voyage au coeur de l’absurdité dans ce qu'elle a de plus tragique et de plus terrifiante.
Seul dans Berlin est un grand livre à lire, pour apprendre et se souvenir, toujours.

Valadon - Paris - 43 ans - 19 janvier 2013


Un livre poignant 8 étoiles

J'ai lu ce livre suite aux critiques du site. J'ai mis beaucoup de temps à rentrer dedans. Si je trouvais le sujet intéressant, et le livre bien écrit, je n'arrivais pas complètement à être transporté dans cette Allemagne de la peur. Ce n'est qu'à partir de la seconde partie (150 pages environ) que je me suis trouvé emporté par cette histoire où l'absurde surgit à chaque coin de rue. Comment en arrive-t-on là ? Pourquoi ma vie change-t-elle du tout au tout suite un événement ? Comment un peuple sombre-t-il dans la peur, la méfiance, la délation ?

Au travers de quelques destins croisés, Fallada nous montre différentes réactions, du courage à la lâcheté, de la soumission à la rébellion. Comment un homme sombre plus bas que terre, comment un autre comprend et passe de la soumission aveugle à la compréhension. L'histoire devient de plus en plus poignante au fur et à mesure qu'elle avance et nous montre l'incroyable machinerie d'écrasement de l'homme et de la différence qu'était devenue l'Allemagne nazie.

Un très beau témoignage, un livre lire, assurément, malgré quelques longueurs.

Loic3544 - Liffré (35) - 46 ans - 9 janvier 2013


Un combat symbolique 9 étoiles

"Seul dans Berlin", c'est avant tout l'histoire des Quangel, famille berlinoise pendant la seconde guerre mondiale. Le roman débute par l'annonce de la mort de leur fils au front. Dès lors, ils décident de dénoncer les injustices et les crimes du régime nazi.
Mais comment faire ? Dans l'immeuble où ils logent habite aussi une famille entièrement dévouée au Parti, dont les fils sont membres des SS, et qui persécute le voisinage, en particulier Mme Rosenthal, une vieille femme juive et seule, et Emil Borkhausen, un petit être fourbe et profiteur. Pas évident alors de résister.
Ils choisiront d'écrire des "cartes postales" sur lesquelles ils laisseront à chaque fois un message contre le régime, et qu'ils déposeront discrètement dans un immeuble. Même si la forme de résistance choisie par les Quangel peut paraître symbolique, elle n'en reste pas moins un acte de courage face à la dictature ambiante. Ce livre est véritablement touchant d'héroïsme et de vérité. Les personnages reflètent les différentes réactions possibles des allemands d'alors. Et ce combat symbolique prend tout son sens.
Un roman fort et marquant sur la dignité.

Nb - Avion - 40 ans - 10 juillet 2012


un ouvrage magnifique 10 étoiles

Il est des ouvrages qui ont la capacité de vous immerger totalement dans un univers, de vous proposer un éclairage pertinent est juste. « Seul dans Berlin » en fait indéniablement partie. Une vertigineuse plongée au cœur de l’Allemagne nazie à son apogée, où la vie quotidienne est marquée par une allégeance, forcée ou non, au régime totalitaire en place.

Nous sommes rue Jablonski, dans un petit immeuble, quatre familles y vivent, chacune à leur manière, avec leurs idées, leur vision d’une tragédie qui est en train de se jouer sous leurs yeux, mais toutes vivent dans la peur et la soumission, même si elles n’en ont pas conscience. C’est dans cette ambiance délétère que la famille Quangel va recevoir comme un coup de massue sur la tête l’annonce du décès de leur fils au front. Une prise de conscience de l’absurdité de la guerre, une prise de conscience de l’ignominie du régime en place, d’abord induite par le sentiment de peine énorme causé par la mort d’un enfant, puis, petit à petit, par le constat d’une vie quotidienne devenue hideuse. La naissance d’un sentiment de révolte, un besoin irrépressible de dénoncer de quelque manière que ce soit. Bien sûr les Quangel ne vont pas devenir les « super résistants » qu’on pourrait croiser dans un film à succès, mais ils vont le faire à leur manière, avec leur moyens, avec le peu de place que le régime pouvait laisser aux gens. Ce sont des petites cartes dénonçant Hitler et le régime qui seront disséminées un peu partout dans Berlin. Bien évidemment, cela n’aura aucune incidence sur le cours de l’histoire, la Gestapo se chargera de faire disparaitre les cartes et leurs auteurs, comme pour rétablir une apparence qu’on souhaite à tout prix préserver.

On suivra ici la vie ordinaire de gens ordinaires plongés dans un univers de haine et de délation, un superbe éclairage pour tenter de répondre à la sempiternelle question : « mais pourquoi n’ont-ils rien fait ? ». Primo Levi disait que « seul dans Berlin » est l’un des plus beaux livres sur la résistance allemande antinazie, c’est pour moi une nouvelle leçon de vie, un ouvrage magnifique.
http://www.testivore.com/

Lonesloane - - 51 ans - 29 juillet 2011


Une autre vision des choses 10 étoiles

Dans ‘Seul dans Berlin’, on rencontre de nombreux personnages avec une vision différente de ce qui se passe dans leur pays. On les suit, on les comprend ou pas, on s’inquiète pour eux, on en déteste certains… C’est un magnifique témoignage que nous livre Hans Fallada, beau, à couper le souffle, vrai. Ce roman nous imprègne tellement de ces mots et de son ambiance qu’il est impossible de ne pas se sentir auprès des Quangel, de les accompagner dans leur résistance et de resentir leur peur de se faire prendre, par exemple.
Cela faisait longtemps qu’un roman ne m’avait pas fait pleurer….
A lire et à relire. Absolument.

Clare Bear - Lyon - 41 ans - 11 juillet 2010


Ce livre nous emmène au fin fond de l'Allemagne de la seconde grande guerre 9 étoiles

J'ai lu aussi ce livre aussi par hasard et je peux dire que je n'ai pas été déçu de la première page jusqu'à la dernière.

facile à lire, instructif, immersif, ce livre est à conseiller à tous.

Buck - Rennes - 36 ans - 21 juin 2010


Un must absolu 9 étoiles

Ce livre est fait pour qui veut connaître l'absolutisme, l'oppression, la terreur qu'inspire au quotidien et pour tous un régime tel que le nazisme. J’ai lu ce livre un peu par hasard mais aussi parce que je suis passionné d’histoire en général et des histoires se déroulant à cette époque là en particulier. C’est la première fois qu’un tel éclairage m’a été donné par un auteur sur la vie de civil en plein nazisme.
Déjà, rien que cela c’est assez extraordinaire.
Ensuite, le récit est admirablement donné, on vit avec ce couple de résistants de l’intérieur, dans la terreur de ce qui va nous arriver, de ce qui doit nous arriver car comment échapper au système?
Nul ne le peut…
L’autre aspect impressionnant est de constater que quand un état oppresse à ce point son peuple, personne n’est épargné. A la moindre petite incartade, on se retrouve au mieux au ban de la société, au pire dans l’horreur intégrale.
Je pense que ce livre est l’un des plus passionnants de ce point. L’aspect immersif est remarquable. Bref, un must.

Lebowskijeff - paris - 50 ans - 19 mai 2009


"Nous pourrons nous sentir purs jusqu’à la mort" 9 étoiles

Fascinant, étouffant, époustouflant, terrifiant, bouleversant que dire en sortant de ce livre, exceptionnel témoignage de la vie des petites gens dans l’Allemagne nazie des années de guerre ? Hans Fallada (Rudolf Ditzen pour l’état civil) rédige la chronique de la vie de la petite communauté d’une cage d’escalier constituée par des Allemands moyens qui pourraient représenter la population allemande de l’époque : la commerçante juive cloîtrée chez elle dont le mari est emprisonné parce que les juifs ce sont enrichis en volant les Allemands, la famille nazie dirigée par un père ivrogne et fort en gueule prêt à toutes les combines pour s’enrichir, mais en fait sous l’influence du plus jeune fils qui va intégrer l’école des cadres du partis et qui domine, non seulement son père, mes ses deux frères SS et sa sœur gardienne zélée dans un camp de concentration, le salopard de service, voleur, menteur, manipulateur, délateur, toujours dans le camp du plus fort et du plus avantageux, un brave retraité, très discret mais toujours là pour jouer le rôle du juste et la brave famille Quangel qui vient de perdre son unique fils sur le front russe « Mère ! le Führer m’a tué mon fils. » Devant cette douleur insurmontable Anna et Otto Quangel décide de réagir et de lutter contre le régime, mais de lutter seul car personne n’est sûr, « Ils ont peur, tellement peur…. » et ils veulent pouvoir lutter longtemps tout en connaissant l’issue de leur combat.

Alors commence un long chemin de croix qui conduira les Quangel vers leur destin final comme des milliers d’Allemands qui n’ont pas plié sous la cravache des nazis. Ceux qui sont peut-être devenus de vrais martyrs et qui ne seront jamais reconnus comme tels ni même comme des justes, ils resteront des anonymes dont le combat n’aura servi à rien ou peut-être pas ?
« - … Vous avez résisté au mal, vous et tous ceux qui sont dans cette prison. Et les autres détenus, et les dizaines de milliers des camps de concentration… Tous résistent aujourd’hui et ils résisteront demain.
- Oui et ensuite, on nous fera disparaître ! Et à quoi aura servi notre résistance ?

- A nous, elle aura beaucoup servi, car nous pourrons nous sentir purs jusqu’à la mort. Et plus encore au peuple, qui sera sauvé à cause de quelques justes, comme il est écrit dans la Bible. Voyez-vous, Quangel, il aurait naturellement été cent fois préférable que nous ayons eu quelqu’un pour nous dire : « Voilà comment vous devez agir. Voilà quel est notre plan. » Mais s’il avait existé en Allemagne un homme capable de dire cela, nous n’aurions pas eu 1933. Il a donc fallu que nous agissions isolément. Mais cela ne signifie pas que nous sommes seuls et nous finirons par vaincre. Rien n’est inutile en ce monde. Et nous finirons par être les vainqueurs, car nous luttons pour le droit contre la force brutale. »

En quelques lignes Fallada a posé les problèmes essentiels qui nous restent à résoudre après cette énorme boucherie, ce monument de bestialité qui a mis en exergue toutes les bassesses dont l’humanité est capable et même au-delà de ce qu’on pouvait imaginer à cette époque.
- La culpabilité allemande : qui est coupable ? Jusqu’à qui s’étend cette culpabilité ?
- La rédemption : les martyrs peuvent-ils racheter les autres ?
- Le pardon : il n’est même pas évoqué tant la faute est ignoble et semble peu pardonnable !
- La vie après l’horreur : malgré une certaine morale à la fin de l’ouvrage « Cependant, nous ne voulons pas fermer ce livre sur des images funèbres : c’est à la vie qu’il est dédié, à la vie qui sans cesse triomphe de la honte et des larmes, de la misère et de la mort. » Cette vie sera pourtant bien difficile pour ce jeune, pour ces jeunes, qui devront assumer la vie des pères !

Ce témoignage est absolument exceptionnel, je ne sais comment Fallada a vécu pendant la guerre mais il a une connaissance très pointue du fonctionnement de la police, du milieu carcéral et du comportement des Allemands qui vivent quotidiennement la trouille au ventre. Il a certes fréquenté les prisons mais c’était avant 1933. La finesse des mécanismes qu’il décrit est absolument hallucinante, les auteurs de polars devraient le relire régulièrement. La logique n’est jamais prise en défaut, le hasard n’intervient que parce qu’il existe et non parce qu’on a besoin de lui. La mécanique du roman est d’une perfection horlogère !

Mais ce livre n’est pas seulement un témoignage, c’est aussi un très grand roman que Fallada conduit de main (celle qui tient la plume) de maître. Au début, il nous raconte une petite histoire bien linéaire, dans un style tout simple, presque simpliste, qui nous ennuierait vite. Mais progressivement le style s’efface, les mots disparaissent et seule l’émotion, la douleur, la révolte, l’admiration, la compassion, l’incrédulité restent sur les pages et quand on arrive au dénouement le livre est devenu véritablement charnel tant on le sent dans la main comme un membre qui vit encore et dont il falloir se séparer pour rester seul avec les questions qu’il nous pose en ayant le sentiment d’avoir tutoyé les saints.

J’ai été très long, trop ? Je ne sais ! Ce livre touche à mon enfance et à l’histoire inscrite dans la chaire des parents de ceux ma génération et depuis que je suis en âge de comprendre les choses, j’essaie de pénétrer cette histoire. Matin Walser (Une source vive) a déposé sa plume là ou Fallada l’a trempée dans l’encre et Ernst Wiechert (Missa sine domine) la reprise pour nous demander de pardonner mais Hans Lebert (La peau du loup) a fait revivre les démons qui ont hanté cette période de l’histoire et qui ne sont pas tous morts.

Débézed - Besançon - 77 ans - 11 septembre 2008


chacun meurt seul 10 étoiles

Le titre allemand traduit mieux, à mon sens, le récit. Car c'est à la mort réelle ou symbolique que tous les protagonistes sont confrontés. Chacun est seul face à ses décisions, face à sa fin.

Le livre commence par l'annonce d'une mort, celle d'un soldat, mais avant tout d'un enfant, celui des Quangel.
Pour chacun c'est une mort, la sienne, celle d'un proche, de l'insouciance, de l'innocence... Mais c'est également la découverte de richesses insoupçonnées, du courage, de l'espoir, de la révolte, du non, un coup de pied au fatalisme.

Cette chronique des habitants d'un immeuble anonyme de la rue Jablonski est un splendide hymne à l'humanité, un véritable acte de résistance en lui-même.

Cafeine - - 50 ans - 13 juin 2007


un coup de poing 10 étoiles

C'est l'effet que m'a fait cette histoire: un coup de poing sur mes préjugés! Histoire choc, écriture magistrale!
Quand je l'ai terminé je n'avais qu'une envie: le reprendre du début!
Jamais un roman ne m'avait fait ça!
Ce livre est l'un de mes préférés et je le relirai avec un plaisir infini!

Gwendoline - - 40 ans - 15 juin 2006


La guerre est pour tout le monde ! 8 étoiles

Encore un livre passionnant, découvert grâce aux excellentes critiques de CL !
On pourrait parler d'un livre d'Histoire dans la mesure où il nous raconte, comme en écho à la grande Histoire, la vie au quotidien des populations allemandes à Berlin durant la seconde guerre mondiale. A travers quelques personnages bien typés, c'est toute la population berlinoise et toute la galerie des personnages du régime hitlérien qui nous sont présentés.
On est loin des idées préconçues de la race des Seigneurs, appelée à régner 1000 ans sur toute la terre ! Nous sommes en présence d'un peuple misérable où chacun est le persécuteur ou le dénonciateur d'un autre ! En présence d'un Régime, où chacun, du plus grand Officier, jusqu'au plus petit Policiers, vit dans la terreur d'une enquête ratée qui l'enverrait, qui au front russe, qui à la mort !
L'auteur a voulu, pour notre plus grand plaisir, présenter son roman comme un livre d'action ; il nous raconte une espèce de chasse à l'homme entre les services d'ordre et ces quelques Berlinois qui relèvent la tête et se lancent dans des actions de résistance dérisoires ; oui dérisoires, mais grâce auxquelles ils auront au moins sauvé leur honneur.
Ce récit nous tient en haleine de bout en bout, si bien qu'on passe volontiers sur certaines lourdeurs de style et quelques simplismes dans la psychologie des personnages. Et de toute façon, c'est dans l'environnement du récit, ce Berlin des années de guerre sous la botte du Nazisme, que réside l'intérêt principal de ce beau roman.

Saint Jean-Baptiste - Ottignies - 88 ans - 8 avril 2006


La résistance allemande 10 étoiles

Qui aurait-on été à Berlin entre 1933 et 1945 ? Un opposant au régime qui, par de petits actes de résistance aussi insignifiants soient-ils, aurait trouvé un sens à sa vie ? Un nazi qui, convaincu de sa supériorité, aurait trouvé une place au soleil grâce au parti ? Un Monsieur et Madame tout-le-monde qui aurait tiré de petits avantages en dénonçant ses voisins ? Un Monsieur ou Madame tout-le-monde qui serait venu en aide à ces mêmes voisins ? Aurait-on profité de la générosité gratuite des uns et du malheur des autres ? Aurait-on été héroïque ? Quel personnage du livre aurions-nous été ?

Ce livre nous décrit de façon très fine comment le nazisme s’immisce dans la vie quotidienne des gens, dans leurs relations avec leurs proches, leurs voisins, leurs collègues et même jusque dans leurs relations intimes. Même si l’histoire de Kluge semble être une piste narrative anecdotique, elle illustre ce poids permanent que fait peser le régime de la peur sur la vie quotidienne de gens simples et ordinaires. L’histoire de Kluge, tellement banale, terriblement banale, sert de tremplin pour la dernière partie du livre où ces mêmes personnes ordinaires prennent l’étoffe de héros.

La résistance allemande, à ne surtout pas oublier.

Mieke Maaike - Bruxelles - 51 ans - 20 septembre 2005


Un grand livre 10 étoiles

Sans aucun doute un des plus grands livres jamais écrits sur la vie quotidienne durant la Deuxième Guerre Mondiale, ici pas de bataille, pas de morts, juste l'absurdité de la vie de tous les jours.

Un livre qui se lit d'une seule traite, la descente aux enfers de Kluge est proprement époustouflante!

Un grand, très grand livre sans doute à comparer avec "Si c'est un homme" de Primo LEVI.

Septularisen - - - ans - 18 juin 2005


Des imperfections 6 étoiles

Le personnage le plus intéressant est le commissaire Escherich, tour à tour boucher et victime. Grâce à Escherich, l’histoire échappe à la vision manichéenne.
Au milieu du roman j’avais envie de zapper une centaine de pages. Les déboires et la fin de Kluge me semblaient une piste narrative anecdotique.
Dans un premier temps j’ai trouvé au texte un intérêt documentaire, sans plus. Mais le dernier tiers m’a convaincu, il est vraiment poignant.

Béatrice - Paris - - ans - 19 janvier 2005


Un thème original pour un livre poignant 10 étoiles

Quand on referme un bon livre, on se sent bien. Quand on termine un livre très chargé en émotions, très noir et si tragique, alors on met un certain temps à trouver un autre livre aussi poignant, aussi fort.

Ce sujet m'a de plus énormément intéressé en ce qu'il n'est que rarement abordé. Evidemment, on a plus lu de témoignages de Français vichyssistes ou résistants ou encore de Juifs dans les camps de la mort.

De par son sujet et sa force émotive, ce livre m'a rappelé "La mort est mon métier" de Robert Merle et une nouvelle très bien ficelée, excellente dans sa concision : "Inconnu à cette adresse " De Kressmann Taylor.

"Seul dans Berlin", un de mes meilleurs livres de cette année.

Odile93 - Epinay sur Seine - 70 ans - 30 décembre 2004


seul à Berlin 8 étoiles

Hans FALLADA décrit le quotidien des Allemands pendant la seconde guerre mondiale, en racontant la vie des habitants d'un immeuble à Berlin.
Ce livre m'a permis de réaliser à quel point la vie des Allemands avant et pendant la guerre était difficile : peur, trahison... Il est vrai que nous avons tendance à ne pas parler de leurs souffrances, à se dire qu'ils étaient tous consentants. Hans FALLADA nous démontre dans ce livre qu'il n'en était rien...

Bony - - 51 ans - 24 novembre 2004


les allemands ont aussi résisté 9 étoiles

ce livre nous parle de la résistance en Allemagne, de ceux dont on ne parle pas, de ces Allemands qui ont résisté au régime nazi, certes la résistance décrite peut paraître symbolique: faire circuler des cartes postales, une résistance grâce à quelques mots! mais c'était beaucoup et très courageux dans l'Allemagne nazie

Lolia - - 51 ans - 25 mai 2004