La porte de Magda Szabó
(Az ajtó)
Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone
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Livraison à coeur ouvert
Les livres de Magda Szabo ont dû se frayer un passage clandestin sous le régime communiste hongrois qui n'hésita pas à oppresser les auteurs. Longtemps Magda Szabo fut livrée à l'obscurité et au régime des indésirables dans son pays.
Saviez-vous que d'elle, Herman Hesse a dit aux éditions allemandes Fischer Verlag "Avec Frau Szabo, vous avez pêché un poisson d'or".
"La porte" est un texte autobiographique dans lequel Magda Szabo nous livre sa relation avec Emerence, sa femme de ménage à Budapest, pendant plus de vingt ans à son service.
Emerence ressemble à une sainte femme, humble et toute entière dévouée aux autres. Une âme noble, une servante au grand coeur pourrait-on dire. Quel respect et quel amour dans les lignes de Magda Szabo ! Emerence incarne la bonté tout en ayant un caractère bien marqué et quelques facettes originales. Elle n'hésite pas à réclamer des références à ses employeurs ! Sans parler de son logement dans lequel elle s'enferme, et gare à quiconque brisera son intimité. Magda Szabo l'a longtemps prise pour une originale, voire une douce dingue, ripostant parfois par la colère aux attitudes d'Emrence. Mais tout bascule lorsque le mari de la romancière tombe gravement malade et que la domestique se révèle être une dévouée infirmière accompagnatrice et confidente. La maîtresse de maison est sous le charme et accorde carte blanche à son employée, qui finit par inverser les rôles et prend peu à peu possession (symboliquement) de la maisonnée, n'hésitant pas à refaire la décoration avec une collection bien sentie d'horreurs en tous genres. Une femme étonnante que cette Emerence, hors norme, libre dans sa tête (à une époque où le régime politique hongrois ne permettait pas ou peu de l'être autrement), proche de Magda Szabo avec un amour sans failles.
Un portrait superbe et émouvant, triste aussi, lorsque cette vieille servante qui a toujours servi les autres tombe malade, devient paralysée et s'enferme pour de bon dans sa chambre avec pour seule compagnie une ribambelle de chats puants. Un récit à lire, sans doute aucun, sans attendre, un franchissement de porte salutaire.
Les éditions
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La porte [Texte imprimé] Magda Szabó trad. du hongrois par Chantal Philippe
de Szabó, Magda Philippe, Chantal (Traducteur)
V. Hamy
ISBN : 9782878581836 ; 5,67 € ; 27/08/2003 ; 276 p. ; Broché -
La porte [Texte imprimé] Magda Szabó trad. du hongrois par Chantal Philippe
de Szabó, Magda Philippe, Chantal (Traducteur)
V. Hamy / [Bis] (Paris)
ISBN : 9782878582000 ; 5,88 € ; 17/01/2005 ; 300 p. ; Broché -
La Porte [Texte imprimé]
de Szabó, Magda
le Livre de poche / Littérature & Documents
ISBN : 9782253070221 ; EUR 7,90 ; 01/02/2017 ; 352 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (13)
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Tout juste un peu plus que passable
Critique de Cédelor (Paris, Inscrit le 5 février 2010, 53 ans) - 27 février 2020
Mais enfin je commençai à le lire. En avançant plus loin dans ma lecture, il me vint des réminiscences d’un style semblable, et c’était « Le petit Nicolas » de Sempé ! et du Olivier Bourdeaut et son « En attendant Bojangles ». Mais ça ne concerne que le style. Car le contenu, disons-le tout net m’est apparu décevant, ennuyeux, si peu crédible que j’en étais perplexe. L’histoire, telle qu’elle est racontée, dans un style voulu excentrique, m’a paru plus lassant qu’intéressant.
Cette Emerence, évidemment le personnage central du roman, m’a paru trop surhumaine pour être vraiment crue en tant que vieille femme de ménage, douée d’une force et d’une énergie telle qu’elle était capable d’abattre quantité de travaux à son âge, et d’un caractère bien trempé doublé d’une intelligence (trop) profonde et subtile. À tel point qu’au début, on aurait cru que le récit était du fantastique léger, un récit sur une femme de cet âge dotée de tant de qualités hors norme. Si cela avait été le cas, alors cela m’aurait été plus acceptable, il y aurait eu plus de sens et d’intérêt au récit. Mais j’ai dû me rendre à l’évidence que cela se voulait sérieux malgré un ton excentrique assumé, alors je ne savais pas où cela allait me mener mais l’ennui que j’éprouvais à lire ça me faisait trouver le temps long…
Ce n’est qu’après avoir passé le milieu du livre que je commençais enfin à prendre un peu d’intérêt à l’histoire et ce, jusqu’à la fin. Mais il était déjà trop tard pour que j’apprécie vraiment le livre dans son ensemble. Je reconnais à Magda Szabo d’avoir su créer un personnage fort et original en la personne d’Emerence, et toute une histoire autour d’elle, avec beaucoup de sensibilité humaine. C’est en soi une performance littéraire réussie pour avoir écrit un récit entièrement centré sur elle (Emerence) et sur elle aussi (elle-même, Magda, la narratrice), la relation pathologique qu’elles entretiennent entre elles, avec des retours sur le passé, un récit homogène d’un bout à l’autre sans faiblir. Une construction narrative réussie, qui n’a pas dû être simple à mettre en place. Mais pour le reste, l’histoire d’Emerence et de son secret, dévoilé à la fin, n’a pas accroché pour moi. Cela tourne trop autour du même sujet, du même personnage.
Et sa relation avec ses employeurs, surtout avec Magda, la narratrice du roman, qui semble être l’auteure elle-même ? On dirait que l’auteure est atteinte d’un complexe « de classe » et a voulu promouvoir un personnage d’une classe sociale « inférieure » à la sienne mais qui serait moralement et spirituellement « supérieur » à elle humainement, et ainsi se rabaisser outrancièrement, elle, bourgeoise, aisée, écrivaine reconnue et célèbre. La culpabilité de classe, de se sentir privilégiée, ça existe, Magda Szabo le démontre. Se sentir coupable d’être bourgeoise et de faire travailler une femme de ménage à son service. Au point d’écrire ce récit où, se mettant en scène dedans, tout ce qu’elle faisait envers Emerence n’est jamais bien, et qu’Emerence, malgré les défauts de son caractère, est montrée probe et pure, injustement victime des odieuses maladresses de son employeuse ?
J'ai du mal à comprendre qu’on puisse qualifier ce roman de « chef d’œuvre », de « meilleur livre de l’année 2015 » par le New York Times, comme il l’est indiqué dans la 4ème de couverture. Sans parler du bandeau de réclame apposé sur le livre qui proclamait « Quel chef d’œuvre ! » avec le nom de Daniel Pennac comme présumé auteur de cette exclamation admirative. Je me demande combien il a été payé pour avoir laissé son nom se prêter à ce procédé mercantile et malhonnête, et tenter ainsi de mieux faire vendre ce livre tout juste un peu plus que passable.
Enfin, tel est mon sentiment. Car à la lecture des autres critiques sur ce site, le ressenti d’autres lecteurs est clairement à l’opposé du mien. Un livre qu’on aura déprécié est aimé par d’autres et vice-versa. La preuve par « La Porte » ! Et c’est tant mieux que tous les goûts soient dans la nature !
Pas intéressant
Critique de Falgo (Lentilly, Inscrit le 30 mai 2008, 85 ans) - 10 mars 2019
Relations
Critique de Jos (, Inscrite le 8 août 2018, 69 ans) - 8 août 2018
Jusqu'au bout la narratrice n'aura pas compris les valeurs de son employée. Au point de lui faire perdre sa fierté , ce qu'elle est et donc la vie.
Pour moi ce roman parle de l'incompréhension qui ronge les relations entre les personnes même si elles s'aiment réellement.
Un très beau portrait de femme
Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 45 ans) - 26 décembre 2017
Le roman est très prenant car il plane un grand mystère dans tout ce texte. Qui est cette Emerence ? Son passé peut-il expliquer son présent ? Que cache-t-elle ? Que préserve-t-elle ? Et puis il y a surtout la relation entre Emerence et Magda ! Complètement surprenante, hors-norme et fascinante. Emerence souffle le chaud et le froid à la fois. Elle agace et émeut successivement. Elle peut se montrer violente avec le chien Viola et en même temps se sacrifier pour lui. La relation qui unit ces deux femmes suscite la curiosité du lecteur. On en vient à se demander comment un grand écrivain comme Magda peut tolérer certaines scènes humiliantes. Et puis on comprend ...
Magda Szabo parvient à décrire à merveille ce microcosme. Tout sonne juste. Le roman révèle certaines facettes de l'être humain que l'on a tendance à oublier. L'affection et l'amour peuvent parfois tolérer beaucoup de choses. Loin d'être idéalisée, la relation qui se tisse entre ces deux femmes va au-delà des apparences. Les affrontements permettent de cimenter une amitié ou un amour. Magda soulève aussi des problèmes graves : " Il faut savoir tuer qui on aime, dit la vieille femme, c’est plus humain que laisser souffrir.” Cette phrase devrait longtemps hanter ma mémoire. La sincérité des sentiments engage énormément ceux qui s'aiment. Les idées de Magda permettent de dépasser les clichés des relations humaines, souvent aseptisées et mièvres.
Ce roman permet aussi de prendre conscience de combien la dignité est importante, de l'importance du regard des autres. L'homme n'est pas toujours maître de sa propre image. Sartre n'est pas bien loin ...
Ce roman est riche. La psychologie des personnages est travaillée et certaines scènes sont denses et très réussies. Emerence est bien plus qu'une simple domestique. De nombreuses allusions à des textes antiques ou à des figures mythologiques sont faites, ce qui permet d'élever le personnage de Szabo au rang des grandes figures littéraires. Ce texte hongrois a tout pour devenir un classique.
Déconcertant en diable !
Critique de DE GOUGE (Nantes, Inscrite le 30 septembre 2011, 68 ans) - 17 décembre 2017
De l'émotion pure : la rencontre de deux femmes, l'employeur et l'employée qui transcendent tous les clichés. Petit à petit, on découvre Emerence, étrange femme, pleine de générosité et de gênantes certitudes. L'auteur, qui nous ressemble, se noie dans une étrange relation dans laquelle chaque jour peut apporter son lot de certitudes et d'incertitudes, mais la tendresse, coléreuse et exaspérée, reste vainqueur.
C'est un bizarre voyage initiatique que cette rencontre improbable entre deux mondes totalement distincts- pleine aussi d'impossibilités d'un vrai échange- mais dans laquelle une étonnante affection, cruelle et sensible à souhait, se fait jour.
Une grande œuvre et pour nous, une belle rencontre.
Un livre à ne pas manquer !
La Porte du passé....
Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 11 novembre 2017
La Porte (1987) paraît en France en 2003, couronné par le Prix Femina étranger.
L'histoire d'une relation intense et singulière entre Magda (romancière appartenant à la haute bourgeoisie hongroise) et Emerence, sa domestique.
Entre ces 2 personnages se noue une relation inversée.
C'est Emerence qui impose son rythme, sa volonté et ses idées. Une femme humble, travailleuse, perfectionniste et dévouée qui porte de lourds secrets.
En effet, personne n'entre jamais chez Emerence. Les visites s'organisent dans le patio devant la porte mais jamais elle ne dévoile son intérieur.
Au fil des pages- et par toutes petites touches - l'auteur laisse entrevoir des pans du passé d'Emerence.
Un passé qui nous plonge dans la douloureuse et sombre histoire communiste de la Hongrie au 20 ième siècle.
Une oeuvre forte construite autour d'une relation basée sur des non-dits.
Un roman pour l'Histoire de la Hongrie.
Très grand moment de lecture !
Se lit d'une traite
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 1 septembre 2013
J'ai beaucoup aimé le renversement d'autorité entre la servante et sa maitresse, la relation d'amour qui se noue entre elles, le fait que ça se passe en Hongrie à la fin du communisme. Les autres ont déjà résumé l'histoire, j'ajoute simplement qu'il est impossible de s'en détacher quand on l'a commencé. C'est un livre à lire et à offrir.
étrange Emerence…
Critique de Jfp (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 76 ans) - 3 août 2013
Un livre à lire
Critique de Dakilik (, Inscrit le 26 décembre 2009, 40 ans) - 27 décembre 2009
Sacrée bonne femme !
Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans) - 6 novembre 2008
Quoi qu’il en soit, cet ouvrage est troublant. Emerence est une femme de ménage qui demande « des références » à ses futurs employeurs : j’ai adoré sa réplique « Je ne lave pas le linge sale de n’importe qui » ! Déjà là, on sent chez elle une fierté qui n’a rien de superficielle mais qui présage d’une réelle grandeur d’âme. Car Emerence, toute vieillotte qu’elle est, ne ménage pas sa peine : assistance aux malades, déblayage de la neige, sauvetage des animaux SDF. Et en parallèle, un de ces caractères, je ne vous dis que ça ! Qui s’y frotte s’y pique…
Quant à la narratrice-Szabo, qui comprend les réactions d’Emerence avec trois siècles de retard, on ne peut pas lui en vouloir tant elle est dans un autre schéma que la vieille femme. Ce qui m’a frappée, c’est la manière délicate dont Szabo parle d’Emerence : un tact au travers duquel transparaît le profond respect et l’amour qu’elle lui inspire.
Maîtres et valets dans la Hongrie communiste
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 47 ans) - 31 décembre 2007
L'univers qu'elle s'est construit, paré de moultes façades, est, contrairement à ce que laissent croire les apparences, des plus fragiles, au risque de faire basculer, comme dans un jeu de carte ou une suite de dominos, les éléments extérieurs qui s'y accoudent.
C'est un beau roman, un tantinet trop sombre, mais que j'ai dévoré.
Je remercie mon ami Nicolas A. de me l'avoir offert pour mon anniversaire.
Dense et bouleversant
Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 25 février 2007
Bouleversé par la dimension presque christique d'Emerence, par le poids que la honte exerce sur elle, qu'elle traduit en se voilant le visage devant celle qui a vu ce que personne ne devait jamais découvrir, et aussi par le fait que ce roman est , comme le signale l'auteur dès l'ouverture, une confession et un moyen d'exorciser les démons qui la poursuivent .
Enrichi, car derrière la chronique des moments-clés et des étapes de l'étrange relation qui se noue entre un couple d'intellectuels et leur employée de maison, derrière la précision dans la narration des faits et des réactions, se trouve, comme dans la vie, le poids du non-dit entre les personnages, un non-dit qui vient hanter le lecteur, qui s'installe en lui et fait de ce roman-aveu un ouvrage non seulement dense, mais aussi humain et inoubliable .
bonne, peut-être, mais ca ne se voit pas!
Critique de Mahico (, Inscrite le 1 juillet 2006, 73 ans) - 4 février 2007
Je n'ai donc pas aimé ce personnage malgré tous les malheurs de sa vie (on se demande si elle n'en a pas inventé une bonne part).
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Bon anniversaire Veneziano | 8 | Saule | 2 janvier 2008 @ 03:44 |