Les assassins de la 5e B
de Kanae Minato

critiqué par Marvic, le 13 avril 2018
(Normandie - 66 ans)


La note:  étoiles
Des monstres à l'école
C'est le dernier jour de classe de l'année scolaire. Moriguchi Yuko, professeure principale de la 5°B, explique à ses élèves qu'elle quitte l'enseignement. Elle commence à raconter son parcours professionnel mais aussi personnel ; pourquoi et combien il est difficile d'être fille-mère dans l'enseignement, justifiant ainsi la présence de sa fille de 4 ans au collège pendant les réunions tardives.
Elle parle alors de la mort de la fillette, quelques semaines plus tôt.
Certains élèves sont bouleversés quand elle parle de Manami, et quand la sonnerie retentit, aucun ne quitte la classe. Elle révèle alors que Manami n'est pas tombée dans la piscine, qu'elle a été assassinée par des élèves de cette classe. Elle ne les dénoncera pas à la police mais révèle le moyen qu'elle a trouvé pour se venger de A et B. Et même si elle ne les nomme pas, la classe entière les a identifiés.

On retrouve les mêmes élèves en 4°B. Le climat est lourd. C'est la déléguée de classe Kitahara Mizuki qui relate la suite, la rentrée, le sort des deux assassins.
Suivent d'autres narrateurs directement impliqués, donnant leur propre version, leurs visions, leurs sentiments, leurs motivations.

Le lecteur est happé dans ce processus de vengeance implacable, surpris, malmené, baladé et abasourdi à la page finale. Une réussite totale de suspense, d'observation psychologique implacable et juste d'une vie de classe, de relations entre ados, des relations mère enfant.
Si au début, on a un peu de mal à comprendre l'apparent détachement de Me Moriguchi, la perversité de "l'inventeur", on va ensuite de surprise en surprise jusqu'à l'incroyable fin.
La palme du machiavélisme revient à….
Roman choral 7 étoiles

Etrange polar que cet « Assassins de la 5ème B ». D’abord, qu’on ne s’y trompe pas, des 5ème B il n’y en a pas que dans les collèges français, manifestement dans les collèges japonais aussi. Oui, nous sommes au Japon, dans le collège où enseigne Moriguchi Yuko, professeure principale de la 5ème B.
Et Moriguchi Yuko a vécu un traumatisme terrible durant cette année scolaire ; sa petite fille de quatre ans Moriguchi Manami, qu’elle élevait seule et qu’elle emmenait parfois au collège avec elle, a été retrouvée noyée dans la piscine du collège.
C’est la fin de l’année scolaire, sa classe est réunie devant elle, et elle fait un discours d’adieu, non pas seulement à la 5ème B mais à sa carrière d’enseignante. Un discours peu banal puisqu’elle revient sur le drame qu’elle a subi et, mieux, elle annonce qu’elle pense que sa fille ne s’est pas tuée accidentellement et que les deux assassins sont ici dans la classe. Sans les nommer elle fait en sorte que chacun comprenne de qui il s’agit et elle annonce sa vengeance à venir. En effet, elle ne les dénoncera pas à la police puisque, trop jeunes, ils ne seraient pas punis à hauteur de leur acte :

« Si je n'ai pas dénoncé À et B à la police, c'est parce que je n'ai pas envie de laisser à la loi le soin de décider de leur châtiment. A avait l'intention de tuer, mais ce n'est pas lui qui a donné la mort. B n'avait pas l'intention de tuer, mais il a donné la mort. Si la police découvrait la vérité, ils n'iraient même pas en prison, ils seraient acquittés d'une inculpation de meurtre avec préméditation, tout juste s'ils feraient un peu de sursis. J'ai imaginé tuer A par électrocution. J'ai imaginé tuer B par noyade. Mais ce n'est pas cela qui va faire revenir Manami. Eux-mêmes ne peuvent pas effacer leur crime … »

La suite, les conséquences et les appréciations des uns et des autres, est narrée par des voix différentes au fil des chapitres, entre la déléguée de classe, Kitahara Mizuki, une des mères d’un des deux coupables, des coupables eux-mêmes, de Moriguchi Yuko.
La vengeance est machiavélique. L’issue peu évidente. C’est une histoire très dure mais la mort d’une petite fille de quatre ans ne l’est-elle pas, à la base ?
Une vision sur ce Japon peu connu, sa société, ici son système éducatif et une variation sur un thème aussi puissant que la vengeance …

Tistou - - 68 ans - 28 septembre 2018


Un bon moment 5 étoiles

Ce roman japonais, assez court, se lit d'une traite et m'a fait passer un agréable moment.
Mais la qualification de polar est pour moi trompeuse, oui il y a crime mais s'ensuit une vengeance bien plus qu'une enquête.
Le découpage de l'intrigue est intéressant, chaque chapitre est raconté par un protagoniste qui ajoute des éléments à la trame générale, comme un assemblage de pièces d'un puzzle.
Par contre, je lis dans les critiques les mots "terrifiant", ou encore "machiavélique", je dois être un peu trop blasée pour frissonner à ce point à cette lecture-ci. Il n'y a pas cette atmosphère d'oppression qu'arrivent à installer certains polars bien plus noirs. Personnellement je m'attendais à une vengeance vraiment vicieuse comme dans le film Old Boy, on en est loin quand même. .


Badzu - versailles - 49 ans - 23 septembre 2018


Terrifiant 9 étoiles

Le livre commence sur un discours de Mme Moriguchi, professeur principal de la 5eB. Un discours d'adieu… après la mort de sa fille, Manami, 4 ans, retrouvée noyée dans la piscine du collège où elle enseigne. Elle est persuadée que sa fille n'est pas morte accidentellement mais qu'elle a été tuée par des élèves de sa classe. Elle annonce sa vengeance…
Le thème un peu noir m'attirait en plus du fait, que je retrouve la littérature japonaise mais… une petite fille morte, j'ai eu beaucoup de mal à digérer la chose (j'ai une fille de 3 ans). Ca n'empêche pas le livre d'être prenant, terrifiant, glaçant. L'auteur se met tour à tour à la place d'un protagoniste de l'histoire de meurtre pour raconter le contexte et le meurtre. Parfois, certains moments peuvent être repris plusieurs fois mais ça reste intéressant d'avoir le point de vue de chacun et on apprend des petits détails qui ont leurs importances.... La société japonaise apparaît comme une société où il faut absolument être performant, pas le droit à l'échec. On pourrait s'attendrir sur untel ou unetelle, mais quand on voit l'horreur que quelqu'un peut produire, on hésite.
Le côté répétitif peut lasser ou au contraire, pousser le lecteur à ne pas lâcher le livre jusqu'au fin mot de l'histoire.

Shan_Ze - Lyon - 41 ans - 10 mai 2018