Correspondance, 1926-1968 de Jean Guéhenno, Jean Paulhan

Correspondance, 1926-1968 de Jean Guéhenno, Jean Paulhan

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Sahkti, le 19 mai 2004 (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans)
La note : 9 étoiles
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Profond respect

Beau travail de Jean-Kely Paulhan, le petit-fils de Jean Paulhan, qui présente ici une édition critique bien annotée de la correspondance échangée entre Jean Paulhan et Jean Guéhenno de 1926 à 1968.
Belle manière de découvrir ou d’approfondir la complicité et l’amitié entre deux hommes réputés opposés. De quoi également en savoir plus sur le milieu littéraire, parisien plus particulièrement, ses petites habitudes et les bruits de couloir. Avec, partout et tout le temps, un amour profond de la littérature que l'on ressent à la lecture de ces nombreuses lettres échangées. Beaucoup de respect l’un pour l’autre, chacun étant très attentif à ce que pense l’autre de ses écrits et de la manière de formuler la critique. Un effort d’écriture qui devrait devenir source d’inspiration dans certains cas… L’occasion de s’apercevoir que Jean Guéhenno est un homme tourmenté, peu fier de sa vie, n’estimant pas avoir réussi ou produit de grandes choses, un homme qui se cherche ("Je suis de plus en plus tenté par la naïveté. C’est la ressource des imbéciles. Je voudrais bien une fois écrire une page qui dise bonnement ce que je sens et me contente… ça n’arrivera jamais" écrit-il en 1951 à son ami Jean Paulhan.)

Guéhenno et Paulhan commencent à s’écrire en 1926 lorsque Guéhenno accède à la direction de la revue Europe. Paulhan, de son côté, préside la NRF. Correspondance professionnelle et protocolaire au départ qui peu à peu s’intensifiera en amitié et en complicité. Le tutoiement est de mise dès 1941, ils s’engagent tous deux dans la Résistance, une expérience qui soude à jamais. Pourtant, l’après-guerre ne fut pas de tout repos, les deux amis s’opposent sur bien des points, l’épuration, la guerre d’Algérie, Camus ou Gide. Des échanges courroucés, emballés, mais toujours respectueux d’autrui, aucune insulte ou mauvaise foi, une argumentation qui laisse admiratif devant tant d’érudition.

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