Les vacances
de Julie Wolkenstein

critiqué par Hamilcar, le 12 janvier 2018
(PARIS - 69 ans)


La note:  étoiles
Les petites vies modèles
Sophie est la spécialiste mondialement reconnue de la comtesse de Ségur. Universitaire proche de la retraite, elle répond à une proposition de colloque en Californie dont le thème est « Eric Rohmer et les liens entre réalisation et littérature ». Elle décide donc d'enquêter sur le premier grand métrage commis par le célèbre cinéaste, « Les petites filles modèles », adaptation du roman de la comtesse. Curieusement, cette œuvre répertoriée dans la cinématographie du réalisateur n'a jamais été présentée au public et est considérée comme disparue. Or, Sophie n'est pas spécialisée dans le cinéma. Elle devra donc accepter le partenariat de Paul, jeune trentenaire rencontré à l'IMEC (Institut des Mémoires de l'Edition Contemporaine), qui enquête de son côté sur les films dits disparus, d'Einsenstein à Jerry Lewis, et donc du Rohmer qui intéresse Sophie.
S'ensuit alors une sorte de roadmovie rythmé Radio Nostalgie, qui nous entraîne de l'Abbaye d'Ardenne au château des Nouettes cher à la comtesse, en passant par celui du Champs de Bataille, de la baie du Mont Saint Michel aux plages de Trouville.
L'auteure, clairement, a fait un choix par lequel ses personnages s'intériorisent et s'épanchent personnellement sur leurs vies propres, au détriment d'un scénario qui eut mérité, selon moi, de plus d'à propos, plus d'intensité. En fait, on visite. Mais quelle belle carte postale! Géographique, certes, mais aussi historique. Car Julie Wolkenstein sait raconter les choses, celles qui se voient, se sentent, s'appréhendent, délaissant le drame et le pathos. Elle nous invite à la suivre dans ses méandres, nantis des fiches Wiki qui justifient ce qu'elle écrit. Tout est vérifié, rien n'est inventé, parfois imaginé (Ah cette mamie sirotant son calva avec un joint ! Ah ce bébé liseur qui, à quatre ans, biberonne la littérature avec gourmandise!)
En fait, quant l'auteure imagine, la vie vraiment s'anime. Le reste voyage, bercé par Radio Nostalgie. Avec délice pourtant.