Gilles & Jeanne de Michel Tournier
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Le crime jusque dans l'horreur
A sa première rencontre avec Jeanne la pucelle, Gilles de Rais va tomber sous le charme. Pour lui, cette jeune femme est à la fois un compagnon d’arme et une sainte. Il est avec elle alors qu’elle libère Orléans et à la gauche du roi Charles VII à Reims, lors de son couronnement, alors qu’il a Jeanne à sa droite. Mais voilà, le siège de Paris échoue par la faiblesse du roi et Jeanne est en disgrâce alors que Gilles parcourt ses domaines.
Jeanne est fait prisonnière et Gilles plaide en vain sa cause auprès de Charles VII. Il tente tout pour la sauver, mais n’y arrivera pas. Aussi, déguisé, il assistera à son supplice et l’entendra crier et râler à de multiples reprises « Jésus, Jésus, Jésus » Le souvenir de ces cris et du corps tordu par les flammes ne le quitteront plus !
C’est un autre Gilles de Rais qui va rentrer dans ses domaines de Vendée ! Et l’auteur écrit :
« Mais quiconque aurait vu son visage aurait compris que quelque chose s’était transformé en lui, un visage menteur, pernicieux, blasphémateur, dissolu, invocateur des diables. Mais ce n’est rien encore. Vaincu, brisé, il va se terrer trois années dans ses forteresses vendéennes. Il va devenir chenille dans son cocon. Puis la métamorphose maligne accomplie, il en sortira, et c’est un ange infernal qui déploiera ses ailes. »
Je vous laisse en compagnie du nouveau Gilles de Rais et découvrir ce qu’il va devenir.
Passionnant et excellent livre que nous donne ici Michel Tournier, tout en nous donnant un certain éclairage sur cette période de l’histoire de France.
Les éditions
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Gilles et Jeanne [Texte imprimé] Michel Tournier,...
de Tournier, Michel
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070377077 ; 5,70 € ; 14/01/1986 ; 152 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (5)
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Petite évocation d'une histoire bien glauque
Critique de Bookivore (MENUCOURT, Inscrit le 25 juin 2006, 42 ans) - 30 juin 2021
Tournier nous explique qu'après avoir assisté, impuissant, au martyre de Jeanne à Rouen en 1431, De Rais est devenu cinglé, diabolique, psychopathe, un assassin et violeur d'enfants. Serait-il devenu ce qu'il est devenu si Jeanne d'Arc n'était pas morte sur le bûcher, si elle n'avait pas été martyrisée, si elle avait toujours été de ce monde au moment de ses exactions à lui ? On ne le saura jamais. Mais Tournier semble nous dire que non.
Pas le sommet de ce remarquable auteur que je (re)découvre, mais un bon moment de lecture. De très belles pages. Mais c'est quand même un peu court...
Ambiguité
Critique de Vince92 (Zürich, Inscrit le 20 octobre 2008, 47 ans) - 9 avril 2015
Le style de l'auteur, voilà ce qui rend ce petit roman de Tournier intéressant...quant à l'histoire, connue, elle ne présente finalement que peu d'intérêt, un Grand qui ne supportant pas la perte de son idéal va se réfugier dans l'abomination.
Nous assistons à une tentative d'explication du comportement criminel de de Rais, une sorte d'analyse psychiatrique où se mêlent pédérastie, délire mystique , sentiment de persécution et frustration liée à une enfance malheureuse.
Il est intéressant de voir comment dans l'oeuvre de Michel Tournier, l'enfant, cet être fragile par excellence prend la place centrale... tout d'abord, cet auteur a beaucoup écrit pour les enfants, allant jusqu'à remanier l'un de ses romans les plus connus, Vendredi ou les limbes du Pacifique pour leur permettre d'avoir accès à une histoire dans laquelle Vendredi prend la place évidente de l'enfant qui se fait guider. Puis dans Le roi des Aulnes, le héros prend en charge un internat de jeunes enfants destinés à alimenter l'armée nazie... enfin dans ce roman, l'enfant est victime mais apparaît très souvent comme une figure ambiguë... objet de désir mais également figure provocatrice.
De fait, la lecture de ce roman déclenche une sorte de malaise due au sentiment que l'auteur cherche à disculper Gilles de Rais de ses crimes; influencé par le Florentin Prélat, il n'est pas entièrement responsable de ses actes.
Soit, mais en rejetant un manichéisme facile, l'auteur ne parvient à générer que dégoût et répulsion, sentiments renforcés par les témoignages du procès.
Celui qui agissait pour rejoindre Jeanne dans la pureté n'a fait que s'enfoncer dans la déchéance sans pouvoir en émerger.
Pétage de plomb ?
Critique de Nathafi (SAINT-SOUPLET, Inscrite le 20 avril 2011, 57 ans) - 8 avril 2015
Ce livre évoque, entre autres, la rencontre de Jeanne d'Arc et Gilles de Rais, ce dernier semblant lui vouer corps et âme. Quand il la voit brûler et qu'il l'entend crier sur le bûcher, il souffre de tout son être. Gilles de Rais aurait donc été traumatisé, choqué, en termes plus familier il aurait pété un câble à la mort de Jeanne. Oui...
S'ensuivent les agissements que l'on connaît, il ne devient ni plus ni moins qu'un serial killer pédophile de notre époque, pour lequel on recherche des causes, des circonstances atténuantes, pour qui on plaide la folie. Il est bien dommage que Jeanne n'ait pas pu sauver Gilles de ses tourments, le côté sombre était en lui bien avant leur rencontre, elle seule aurait pu l'apaiser.
C'est cette déduction que je retiendrai de ce livre, au demeurant plaisant à lire malgré le thème pesant, la plume de Michel Tournier y est pour beaucoup.
De Rais et d’Arc
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 8 avril 2013
Gilles de Rais, seigneur de l’Ouest du royaume de France, est aux côtés de Charles VII, lorsque Jeanne, venue de Domrémy, en Lorraine, déjoue le piège que lui a tendu le Roi et le reconnait déguisé parmi ses courtisans. Il est touché – c’est peu de le dire – saisi d’effroi ou d’admiration, pour cette Pucelle manifestement d’inspiration divine.
« Ainsi, conclut-il, il y a l’Arbre des Fées qui se tait, et il y a les voix du côté de l’église qui te conseillent. Jeanne, je crois que chacun de nous a ses voix. Des voix mauvaises et des voix bonnes. Je suis le petit taureau de Champtocé, né dans la Tour Noire de la forteresse. J’ai été élevé par mon grand-père, Jean de Craon, un grand seigneur, mais aussi un aventurier de sac et de corde. Les voix que j’ai entendues dans mon enfance et ma jeunesse ont toujours été celles du mal et du péché. Jeanne, tu n’es pas venue pour sauver seulement le dauphin Charles et son royaume. Sauve aussi le jeune seigneur Gilles de Rais ! Fais lui entendre ta voix, Jeanne, je ne veux plus te quitter. Jeanne, tu es une sainte, fais de moi un saint ! »
C’est peu de dire qu’elle aura largement échoué sur ce plan, comme sur d’autres hélas pour elle. Jeanne ne va pas sauver Gilles. Elle va plutôt le cramer- sans jeu de mots ! Et lorsqu’elle-même sera brûlée en place publique, Gilles sera là, parmi l’assistance, impuissant à la sauver. Et le Gilles de Rais qui repartira de là ne sera plus le même. Et il n’est pas beau celui qu’il est devenu …
Michel Tournier tente ensuite d’expliquer, de justifier, ce que deviendra la conduite de Gilles de Rais, resté célèbre pour de bien mauvaises raisons du côté du lac de Grand-Lieu.
J’ai trouvé cela pour ma part assez confus et confesse avoir eu du mal à suivre les explications-justifications de Michel Tournier. Un ogre reste un ogre. Prédestiné il était, le supplice de Jeanne l’aura adoubé.
Reste la belle écriture de Michel Tournier. C’est le dessein global que j’aie eu du mal à discerner.
Bien, mais...
Critique de Sallygap (, Inscrite le 18 mai 2004, 47 ans) - 4 mars 2005
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