Bagarre de juillet
de Erskine Caldwell

critiqué par Tistou, le 5 février 2018
( - 68 ans)


La note:  étoiles
Abominable affaire !
Une affaire abominable comme le Sud des Etats-Unis dans son délire raciste exacerbé en a connu des centaines. Loi de Lynch, Ku Klux Klan, vous voyez le genre ?
Ce roman a été écrit en 1945, il s’agit donc d’une situation décrite antérieure ou contemporaine à l’époque de la seconde guerre mondiale.
Lâcheté du représentant de la loi, le sheriff Jeff McCurtain, racisme institutionnalisé, bêtise crasse d’une bonne partie de la population, il ne fait pas bon être noir à Andrewjones, siège d’un Comté dans un Etat du sud américain.
Pas de bol pour Sonny Clark, 19 ans, ouvrier agricole, noir il l’est justement. Vraiment pas de bol, il s’est retrouvé à croiser sur la route Katy Barlow, jeune fille blanche tendance nymphomane. Elle l’agrippe, il se débat, mais voilà qu’arrive en voiture Mrs Narcissa Calhoun, le genre de virago qui est en train de faire circuler une pétition « dont l’objet était de renvoyer tous les nègres en Afrique ».
Bizarrement, elle laisse filer Sony, qui se sauve. Mais voilà que briefée par Mrs Calhoun, la provocante Katy se répand en accusation de viol vis-à-vis de Sony. Dès lors la fin est écrite et le lynchage n’est qu’une question d’heures ou de jours.
C’est cette période que nous fait vivre Erskine Caldwell, dans la peau de Sony, dans celle du sheriff Jeff McCurtain qui ne pense qu’à sa réélection à venir (merveilleux monde américain où les représentants de la loi sont élus !). C’est passablement insoutenable de bêtise crasse, de préjugés raciaux hauts comme des Everest, de violence assumée, recherchée.

« Bert guida la voiture dans un fourré jusqu’à ce qu’elle fût pratiquement camouflée aux yeux des passants. Ensuite, Jeff descendit, et, à travers les broussailles, épia le bouquet de saules sur la rive.
- Pardieu qu’ils l’ont fait … Comme je vous ai dit ! murmura Jeff à Bert qui l’avait rejoint.
Là-bas, suspendu à une grosse branche qu’on avait dépouillée de ses feuilles à coups de fusil et de pistolet, oscillait le corps sans vie d’un jeune nègre. De quarante à cinquante individus pour le moins s’attardaient sur la scène, répartis en petits groupes dans le voisinage de l’arbre. D’autres s’éloignaient. On entendait démarrer une ou deux automobiles aux approches du pont. »

M’est avis qu’il ne devait pas avoir la cote en Georgie, Alabama, Caroline du Sud, …. Le gars Caldwell !