The Long and Winding Road
de Christopher (Scénario), Ruben Pellejero (Dessin)

critiqué par Shelton, le 6 février 2018
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Une belle découverte !
Christopher est un auteur de bandes dessinées qui est né en 1969, l’année des premiers pas humains sur la Lune, et que j’ai eu le plaisir de lire assez vite et d’interroger à deux ou trois occasions. J’avais en son temps bien apprécié Love song, Les colocataires mais j’avais moins aimé Les filles… Depuis, je l’avais un peu perdu de vue et il a fallu que je tombe, un peu par hasard, sur The long and winding road pour reprendre plaisir à le lire…

Dans cet album il est le scénariste et c’est Rubén Pellejero qui est le dessinateur. Il s’agit d’un véritable ouvrage initiatique et musical, un Road trip étonnant, un livre profondément humain et attachant…

L’histoire est somme toute assez banale. Un homme perd son père et il va devoir exécuter ses dernières volontés, répandre ses cendres sur l’Île de Wight… Ulysse, le fils en question, se retrouve embringué dans une aventure incroyable car le sud de la France n’est pas à proximité de cette île mythique… Mythique ? Oui, c’est sur cette île qu’eut lieu le grand festival de septembre 1970 avec plus de 600 000 spectateurs et les artistes – entre autres – Bon Dylan, Joan Baez, The Who, Jimi Hendrix, Leonard Cohen, The Doors, The Cure… Excusez du peu !

Ulysse ne sera pas seul pour ce voyage car dès le départ, il y aura des rencontres pour le guider. Certes, il a son urne et son sac mais très vite il trouve des jalons humains laissés par son père… D’ailleurs, ce père, il ne le connaît pas tant que cela et, dès la rencontre avec sa tante Jeanne, il va aller de découverte en découverte… Il faut dire que son père en a des choses à avouer à son fils, même s’il s’agit de confessions post mortem…

Car ce père a été jeune en son temps, musicien, rêveur, voyageur, rockeur, festivalier aussi sur l’Île de Wight… et on pourrait dire amoureux, sensible, poète, re-amoureux et père ! Le voyage des cendres, escorté par quelques figures marquantes de sa vie, c’est la façon qu’il a choisie pour « parler » à son fils de sa vie. Comme le père était musicien, le fils va découvrir les autres musiciens du groupe et là le voyage va devenir très musical ce qui permet à l’auteur Christopher de parler de ce qu’il aime beaucoup, la musique, le rock, les concerts, les festivals… D’ailleurs, chaque chapitre de ce récit est placé sous le signe, sous la protection, à l’ombre d’une chanson mythique de cette époque lointaine où la pop était reine. On navigue ainsi dans l’univers musical des Rolling Stones jusqu’à celui des Free, le tout en 45 pauses musicales… Il est donc fortement conseillé d’écouter ces musiques en lisant, de lire même au rythme de la musique !

Près de 180 pages magnifiques, 45 morceaux de musique, des personnages incroyables et parfois touchants et profonds, voilà une bande dessinée pas comme les autres, un duo d’artistes improbables, un Christopher que je suis heureux de retrouver… Cette lecture ne laisse pas indifférent, cette histoire renvoie chacun à la sienne et elle pose la question fondamentale : avons-nous bien dit à tous ceux qui nous entourent tout ce que nous voulions leur dire ? Leur transmettre ? Leur avouer ?

Tout fait de cet ouvrage un très bon livre : le scénario vrai et empreint d’un humanisme délicat, l’humour qui est toujours là pour sortir des moments les plus tragiques, la narration graphique qui permet le voyage réel et le transport intérieur, les couleurs qui font partie intégrante de la narration… Je serais enclin à penser qu’il va s’agir d’un incontournable sinon de la bande dessinée au moins du genre !

Pour moi, même si l’ouvrage date de 2016, cela devient une de mes meilleures lectures de 2018… mais l’année ne fait que commencer, donc classement à suivre jour après jour !