Mickey et l'océan perdu
de Denis-Pierre Filippi (Scénario), Silvio Camboni (Dessin)

critiqué par Shelton, le 8 février 2018
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Une belle histoire de Mickey à la Jules Verne !
L’entreprise de redonner le personnage de Mickey à un auteur de bande dessinée franco-belge pour l’espace d’un album m’a séduit dès le départ. Il faut dire que d’une part les histoires de Mickey avaient chez moi un petit quelque chose de ludique attaché à ma jeunesse car on ne lisait pas Mickey à la maison mais chez les autres… Et, d’autre part, le premier album de cette opération à s’être retrouvé sous mes yeux a été ce génial coup de folie de Trondheim et Keramidas, « Mickey’s Craziest Adventures » (si vous n’avez pas encore lu, il est encore temps de le faire). Donc, disais-je (oui, désolé, j’écris pour la radio et donc je « dis » plus que je n’ « écris ») j’étais donc prêt à lire tous les albums, les uns après les autres, de Loisel à Cosey en passant par Tebo ou Cavazzano…

Alors, bien sûr, quand on m’a dit que Denis-Pierre Filippi et Silvio Camboni s’y étaient collé et allaient produire un Mickey eux-aussi, mon cœur s’est accéléré jusqu’à ce que j’ouvre, enfin, « Mickey et L’océan perdu » !

D’entrée, soyons clairs et nets, pas de déception et une histoire parfaitement dans la ligne de ce duo ! Il faut dire que Filippi et Camboni ont fait du Filippi et Camboni… mais aussi du Mickey quand même ce qui n’était pas trop difficile pour Camboni qui a travaillé longtemps pour Walt Disney…

Tout d’abord, l’ambiance science, fiction, technologie et Jules Verne – tout cela va ensemble bien sûr – se retrouve dès le départ. On n’est pas dans « Le voyage extraordinaire », mais on n’en est pas si loin ! Ce qui est très original c’est de voir Minnie et Mickey parler science, physique, calcul… On s’éloigne très vite des clichés sur la belle et douce Minnie qui ne réfléchirait pas trop ou le Mickey qui fonce et réfléchit après… Et je l’avoue, cette situation est plutôt jubilatoire !

Pour le reste on retrouve aussi un rythme d’aventures type Mickey avec des rebondissements, des séquences qui s’enchainent assez rapidement et même un artifice du scénariste pour faire un bond de quelques années dans le futur tout en restant crédible… Fortiche le scénariste !

J’avoue que j’ai été aussi séduit par certaines planches graphiques inattendues quand Mickey est attaqué dans la forêt : du mouvement, de la couleur, de l’action et même du rêve à gogo… Aux limites du réalisme et de l’imaginaire, du récit d’aventures et de la poésie… Magnifique, tout simplement !

Enfin, quand on arrive à la fin de l’album, on ralentit sa lecture car on souhaiterait que ça continue encore longtemps, très longtemps… Mais ce ne serait pas une bonne idée de prolonger cette aventure magique de Mickey ? Non, vous êtes sûrs ? Franchement, je serais très heureux de les voir revenir à cet univers, qui, somme toute, leur convient parfaitement !

Mais le plus important, c’est de retrouver régulièrement ce duo d’auteurs pour une série ou une autre, car, à chaque fois, ce n’est que du plaisir ! Je rappelle qu’on leur doit aussi la série géniale « Les Gargouilles » et « Néfésis »… Je ne peux donc que vous conseiller de les lire, de les dévorer, de vous faire plaisir et d’offrir ce plaisir à d’autres lecteurs et quant à moi, un seul mot pour conclure : Merci !
"Mickey et l'océan perdu" de Denis-Pierre Filippi et Silvio Camboni 7 étoiles

C’est du côté de Glénat que la nouvelle est tombée il y a quelques temps maintenant : le retour aux affaires de Mickey, sous les traits cette fois de Silvio Camboni et avec un scénario de Denis-Pierre Filippi. Mickey et l’océan perdu, c’est le titre de cet album sorti le 3 janvier dernier, propose donc aux amateurs et à tous ceux qui ne connaîtraient pas encore Mickey (si, si, ça existe) une aventure saveur steampunk qui surprend et ne déçoit que rarement. Lettres it be est parti à l’aventure et vous en ramène quelques souvenirs.

# La bande-annonce

Certains trésors feraient mieux de rester cachés

Le monde est enfin en paix après des années de conflit. Mickey, Minnie et Dingo sont récupérateurs. Leur mission : explorer les épaves de l'ancienne guerre en quête de ressources technologiques. Activité dans laquelle ils peuvent compter sur Pat Hibulaire pour leur mener la vie dure ! Un jour, répondant à une annonce, nos trois comparses mettent la main sur un cube étrange situé dans les profondeurs de l'océan. Ils n'imaginent pas les véritables motivations de leur commanditaire ni l'étendue des pouvoirs de cet artefact, à première vue inoffensif...

# L’avis de Lettres it be

L’initiative de Glénat est à féliciter : ouvrir le catalogue de la maison pour donner la chance à des auteurs de s’aventurer dans des univers célèbres, à l’image de celui de Mickey ici. C’est un peu la genèse de cet album, Mickey et l’océan perdu, un beau livre que l’on retrouve avec joie dans les rayons de nos librairies. Mais au-delà de la nostalgie, que vaut vraiment cette bande dessinée ?

Comme dit plus haut dans l’introduction de cet article, Filippi et Camboni font le choix d’une ambiance steampunk à souhait. Des tons cuivres, des machines de partout, de la technologie à outrance … Le cocktail est détonnant et Mickey et sa bande se retrouvent embarqués dans une aventure rondement menée. Visuellement, ce choix permet aux dessins de Silvio Camboni d’exploser dans les yeux du lecteur. C’est vraiment très beau, un tantinet trop lisse diront les puristes, mais un régal quand même de bout en bout !

Destiné, en partie à un public « jeunesse », cet album conserve quand même une certaine complexité qui pourrait aussi perdre en chemin, par endroit, des lecteurs bien plus vieux. « Cargo quadrimoteur », « coralite », « variateur oscilloscopique » … Autant de termes que l’on retrouve dans les planches de ce Mickey et l’océan perdu et qui donne à la lecture une tournure résolument technique et pointue. Les transitions utilisées pour le scénario peuvent aussi parfois prêter à confusion tant le rythme est élevé et que les péripéties se succèdent à vitesse grand V. Mais le tout se mêle avec brio dans l’histoire et, finalement, on passe rapidement sur ces petites complexités bien dans l’ambiance.

Ce retour de Mickey est une surprise, sur bien des points. Le scénario est bien en place mais accuse tout de même quelques difficultés comme dit précédemment. Les graphismes en mettent plein les yeux du début à la fin de l’album et profitent de tout le talent et la maestria de Silvio Camboni. Un bon sentiment donc s’empare de nous en fin de lecture même si on reste un tout petit peu sur sa faim quant à une intrigue finalement assez limitée. Mais, malgré tout, un véritable plaisir de retrouver Minnie, Mickey et Dingo qui prennent ici un sacré coup de jeune !

Lettres it be - - 30 ans - 12 mars 2018