Les braves gens du Tennessee
de Erskine Caldwell

critiqué par Tistou, le 26 février 2018
( - 68 ans)


La note:  étoiles
Sud ségrégationniste – Relations Blancs/Noirs
Point n’est besoin je pense de rappeler que le Tennessee est un Etat du Sud des Etats-Unis, ni de préciser qu’il y a de l’ironie dans cette qualification de « braves gens ».
Erskine Caldwell ne donne pas de date pour situer son roman mais, écrit en 1969, on peut le situer un peu avant 1964 et le « Civil Rights Act » puis le « Voting Rights Act ». Disons années 50-début des années 60. Soit il n’y a que 60 ans environ. C’est pourtant d’une violence … ! (tiens ça fait écho à ce magnifique film vu hier soir sur des thèmes semblables et surtout d’une violence similaire dans les relations : « 3 Billboards ») Qu’on se le dise, de toute façon, les Etats-Unis reste un pays violent où les relations restent potentiellement très violentes.
Grover Danford est l’exploitant, blanc et aisé, d’un élevage de poneys Shetland à Wolverton, petite ville censément du Tennessee, petite ville traduire donc par « ploucs-city ». Il est -mal- marié à Madge, une femme froide et désagréable qui ne l’a manifestement pas épousé par amour.
Pourtant Grover a connu l’amour. Avec Kathlee, une institutrice à l’époque nommée récemment à Wolverton. Problème ; Kathlee n’était pas blanche. Mulâtresse de mère noire et père blanc. Et la législation de l’époque, au moins dans le Tennessee mais j’imagine dans nombre d’Etats sudistes, interdisait les relations et a fortiori le mariage entre deux individus de races différentes. Et nous parlons là d’une époque d’il y a 60 ans !!
Bref, l’amour sera court et finira mal (Kathlee est assassinée – Vivent les Etats-Unis !) mais le lecteur va découvrir au fil du roman qu’un garçon était né de leur relation. Un garçon que, bien entendu Grover n’a pu reconnaître et élever, un garçon placé chez un couple noir, que Grover tente d’aider de manière anonyme, notamment en lui donnant du boulot type « job d’été » dans son élevage.
Là-dessus, vu que nous sommes dans un roman d’Erskine Caldwell – Tragedia, Tragedia ! -, le pauvre garçon à ses 16 ans va quasiment se faire violer par la femme blanche, en mal d’enfant, du raciste patenté, et impuissant, de Wolverton, qui travaille également chez Grover.
La suite est une succession d’actes plus ou moins aboutis de violence recherchée par les uns, de sauvetage pour les autres, pour une fin qui, une fois n’est pas coutume chez Erskine Caldwell, n’est pas … disons … « définitive » !
Un beau roman qui replace les Etats-Unis en tête des pays où la violence est la règle. J’aurais aimé écrire « était » mais, gouverné comme le pays l’est actuellement, je ne suis pas sûr …