Silencieuse de Michèle Gazier
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
Moyenne des notes : (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : (3 755ème position).
Visites : 3 020
La vie des autres
A Saint Julien-des-Sources, petite commune de 600 habitants, tout le monde se connaît, se regarde, s'épie. Tout se sait. Au bistrot du coin« lieu des cuites et des ragots» ou à la supérette, on suppute, on commente, on cancane, surtout quand arrive un «étranger».
Il y en a déjà 2.
Celui qu'on a surnommé le Blondin. Il a un drôle d'accent, a loué une bicoque abandonnée, la remet en état et ne se mêle pas à la population.
Et puis un peintre et sculpteur allemand, Han Glowe. Un "boche" ! On sait qu'il est renommé dans le milieu artistique, mais ses installations étonnantes sont regardées de travers par les autochtones. Il vit retiré dans une vaste ferme et délègue à un factotum le soin de gérer le quotidien. Arrive ensuite un enfant du pays, Claude Ribaude, «un snob, un renégat, un prétentieux», le fils d'une famille qu'on n'aimait guère ici, un sociologue parisien "en rupture de ban" qui vient occuper la maison familiale.
Enfin débarque une belle Italienne avec une petite fille «belle comme le jour et fermée comme une huître», au comportement étrange et magnétique Elle s'installe chez Annie, la caissière de la supérette.
Annie qui en sait un peu plus long que les autres mais qui garde tout pour elle. Annie la silencieuse.
Les commères et les piliers de bars ont du grain à moudre ….....
La première partie du roman, sous forme de chronique villageoise, au ton juste, alerte et plutôt décapant met le lecteur en appétit. Ses chapitres sont autant de vagues qui vont de l'un des personnages à l'autre, distillent à chaque fois un détail supplémentaire, installent les données d'une micro-comédie, suscitent l'envie d'en savoir plus et finissent par créer habilement le suspense.
Puis brusquement ce récit à la 3 personne s'interrompt, fait place à une 2e partie rédigée à la première personne par Claude Ribaude. Un journal a posteriori des événements qui reprend dans une relation beaucoup plus subjective des éléments déjà mis en place pour les prolonger, les expliquer et leur apporter un dénouement. Le ton est différent, c'est le sociologue qui écrit, qui analyse.
Ce qui commençait comme une comédie de moeurs devient alors un drame qui met en jeu des questions qui dépassent le cadre de cette petite localité. Réflexion sur le moteur de la création artistique, sur la manière d'exorciser les démons du passé, sur l'altérité, cette 2e partie donne au roman une densité qu'on ne pouvait soupçonner au début de l'ouvrage .
Un agréable moment de lecture .
Les éditions
-
Silencieuse [Texte imprimé], roman Michèle Gazier
de Gazier, Michèle
Seuil
ISBN : 9782021361124 ; EUR 17,00 ; 30/03/2017 ; 224 p. ; Broché
Les livres liés
Pas de série ou de livres liés. Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série
Les critiques éclairs (1)
» Enregistrez-vous pour publier une critique éclair!
mon village à l'heure allemande…
Critique de Jfp (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 76 ans) - 25 octobre 2020
Forums: Silencieuse
Il n'y a pas encore de discussion autour de "Silencieuse".