Autres rivages de Vladimir Nabokov

Autres rivages de Vladimir Nabokov
( Speak, memory)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone , Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Béatrice, le 26 mai 2004 (Paris, Inscrite le 7 décembre 2002, - ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (13 295ème position).
Visites : 7 000  (depuis Novembre 2007)

Paradis perdu

En hiver Saint-Pétersbourg , en été le vaste domaine de Vyra – ce sont les lieux de l’enfance de Nabokov. Il les a quittés à l’age de 20 ans et ne les a jamais revus.
Page après page, l’auteur reconstitue ces lieux magiques avec une richesse de détails éblouissante. Recréés par la mémoire, les images et les portraits ont un aura romantique, ils baignent dans un lyrisme feutré. On découvre un milieu très aisé et très cultivé, la vie au château en Russie avant la Révolution. La singularité de ces mémoires est le point de vue : c’est la perspective de l’exil, c’est à dire de la perte irrévocable. Rupture, errance, nostalgie du paradis perdu.

Que sont devenus les hommes qu’il a côtoyés et les objets dont il a été entouré ?
« Quand oncle Rouka mourut, fin 1916, il me laissa (...) sa demeure à piliers blancs sur une colline escarpée et verte, et ses deux mille acres de forêts et de tourbières. La maison, me dit-on, existait encore en 1940, nationalisée mais fière, pièce de musée pour tout touriste venant à suivre la grande route Saint-Pétersbourg – Louga qui passe en contrebas, en traversant le village et la rivière (...). A cause de ses îles flottantes de nénuphars et de son brocart d’algues, la belle Ordéjà a un air de fête à cet endroit. Plus en aval de son cours sinueux, là où les hirondelles riveraines jaillissent comme des traits de leurs trous dans l’argile rouge de la berge à pic, elle était intensément colorée par les reflets de grands sapins romantiques (...) ; et, plus en aval encore, le débit perpétuel et tumultueux d’un moulin à eau donnait au spectateur (accoudé au garde-fou) l’impression d’un recul sans fin, comme si on était là à la poupe du temps lui-même. »

Une prose brillante et dense qui éclairera nos soirées de grisaille. «Style et structure sont l'essence d'un livre, les grandes idées ne sont que foutaises» - disait Nabokov.
Un bémol, cependant : le dernier tiers me semble sans éclat et sans intérêt, on tombe souvent sur des passages banals et prétentieux.

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Une brève lumière

8 étoiles

Critique de Romur (Viroflay, Inscrit le 9 février 2008, 51 ans) - 20 octobre 2013

Le père, la patrie perdue, les premières amours, sa femme, son fils... Nabokov nous livre ses souvenirs de la première moitié du XXème siècle, avec la langue riche, le style impressionniste et le ton empreint d’ironie qui sont les siens. La révolution russe a chassé sa famille vers d’autres rivages et il évoque le domaine familial et son enfance privilégiée avec mélancolie et délicatesse. Dans la seconde partie, c’est surtout l’amour et l’admiration pudiques dont il témoigne pour sa femme qui m’ont touché.
Un bijou, à savourer : vous serez captivé par la magie dès les premières phrases.

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