Lettres de prison à Lucette Destouches et à Maître Mikkelsen, 1945-1947
de Louis-Ferdinand Céline

critiqué par Jules, le 23 février 2001
(Bruxelles - 80 ans)


La note:  étoiles
Intéressant pour les amateurs
Ce livre nous fait découvrir la correspondance de Louis-Ferdinand Céline envoyée à sa femme et à son avocat danois de 1945 à 1947.
Il faut évidemment comprendre que Louis-Ferdinand se remet mal de se retrouver au fond d’une cellule humide et froide d'un sous-sol d'une vieille forteresse. Il fut enfermé dans le quartier des condamnés à mort, y perdit quarante kilos, souffrit d'entérite, de la pellagre, d'eczéma, de rhumatismes. Il finira d'ailleurs par être transféré à l'hôpital, puis assigné à résidence.
Dans sa correspondance, il se plaint surtout de l'injustice de son sort. Il n'a, dit-il, jamais trahi ni fait de tort à personne, il n’a jamais été membre d’un quelconque parti et ne voit pas ce que le gouvernement français peut lui reprocher. Bien sûr, avant la guerre, en 38, il a écrit deux livres très anti-sémites, mais, suivant ses dires, il n'avait jamais souhaité l'holocauste que l’on venait de découvrir !
Dans sa correspondance, il se bat pour que le Danemark ne le renvoie pas à la France, sachant très bien qu'après toute libération on exécute à tour de bras et pour n’importe quoi ! Ce en quoi il n'avait pas tort. Même Brasillach a été exécuté suite à une erreur de de Gaulle qui s'était trompé de personne sur une photo !
Il n'avait pas plus collaboré que Cocteau, Morand et Montherlant qui, après que l’eau eut coulé sous les ponts, furent élus à l’Académie !. Il faut d’ailleurs noter que, jugé par défaut, il ne fut condamné qu'à un an de prison, c’est-à-dire moins que le temps pendant lequel il fut emprisonné au Danemark. Et cela sans être présent pour se défendre et, surtout, sans la présence d'un avocat !.
Cette correspondance est surtout le reflet de deux choses : son amour pour sa femme et le refus d'accepter l’injustice qu'il subit. C'est depuis cette période que Louis-Ferdinand deviendra une sorte de reclus. Il y perdra tout son humour pour ne garder qu'une rage contre les persécuteurs de tous ordres. Il est cependant très dommage qu'il prétende dans cette correspondance, à de multiples reprises, que ce sont, entre autres, les Juifs qui militent pour qu'il reste enfermé… En plus, c’est tout à fait faux !. Et cela apparaîtra clairement lors de son retour. Une grande partie de la gauche et un bon nombre d’intellectuels, Sartre en tête, seront bien plus durs envers lui !…