L'affaire de la pucelle de la rue Ormea
de Amara Lakhous

critiqué par Jfp, le 20 mai 2018
(La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans)


La note:  étoiles
rom party
Amara Lakhous poursuit dans ce quatrième opus sa petite comédie humaine, acerbe et néanmoins généreuse, inaugurée avec "Choc des civilisations pour un ascenseur Piazza Vittorio". L'action se passe à Turin, dans le quartier San Salvario, où l'on retrouve le sympathique et très naïf Enzo Laganà, et son ennemi juré, le très raciste Bellezza, alias "Le Tonneau". Le propos tourne autour des Roms, victimes d'une cabale alimentée par la presse locale après le viol d'une jeune "vierge" ayant désigné dans une confession "spontanée" les auteurs de ce crime (ou délit, c'est selon) comme étant deux jeunes tziganes. Enzo a commis un article objectif, n'utilisant que le conditionnel pour désigner les soi-disant "faits" rapportés par la pucelle, mais comme de coutume le rédacteur en chef et le directeur du quotidien se sont empressés de caviarder ses propos pour complaire à l'ambiance xénophobe de l'époque. Le racisme quotidien et le rôle souvent ambigu de la presse à grand tirage dans les phénomènes de psychose collective sont au cœur de ce roman magistral, excellemment traduit, où l'humour ne parvient guère à masquer la gravité du propos…