Il s’agit bien sûr d’un nouvel épisode du commissaire Montalbano, de Vigata (cité fictive), en Sicile. Les « aficionados » de Montalbano comme de Camilleri n’auront pas besoin de la précision ci-dessous, néanmoins pour celles et ceux qui découvriraient le phénomène Camilleri, précisons :
Andrea Camilleri est un admirateur, et un traducteur en italien, de Georges Simenon. Ce n’est pas par contre Georges Simenon qui traduit Andrea Camilleri, c’est Serge Quadruppani, qui se donne beaucoup de mal puisqu’il explique en avant-propos les dispositions qu’il prend pour tenter de restituer la langue de Camilleri. C’est que Camilleri n’écrit pas en italien, il écrit en sicilien, qui présente quelques différences d’avec l’italien. Du coup ça donne un langage, le parlé, auquel il faut … s’habituer.
Qu’il est doux de se couler dans la peau de cet esthète qu’est le commissaire Montalbano, devenu vieux, loin des trépidations et violences habituelles des polars. Ici la seule violence que subit Montalbano, c’est la tentative poussée de séduction exercée par Liliana, sa (trop) belle voisine d’origine turinoise. Esseulée la plupart du temps et manifestement déterminée à se montrer (très) proche du commissaire :
« Puis Liliana lui prit la main et, vacillant un peu, l’emmena dans sa chambre à coucher.
Elle alluma, la fenêtre était ouverte.
Elle se laissa aller sur le lit et tendit les bras vers Montalbano en souriant.
A c’te point, le commissaire se vit tout à fait perdu.
Son pied droit exécuta un pas vers le lit alors même que la coucourde lui ordonnait, avec toute l’autorité dont elle était capable, de rester immobile, de ne pas bouger.
Le pied gauche suivit son collègue avec un égal enthousiasme.
Seule une intervention surnaturelle pouvait le sauver de l’abîme auquel il était désormais destiné.
- Allez, viens ! »
Quel suspense torride ! C’est qu’elle fait tout pour se montrer en sa compagnie et faire en sorte qu’on les croit intimes, la belle Liliana. Bon, le commissaire Montalbano n’est pas stupide non plus. S’il croit volontiers en son charme, il est bien conscient que quelque chose se cache là-dessous.
Par ailleurs, deux petites bombes artisanales ont éclaté, sans trop de dégâts devant des devantures de commerces vides. Avertissement de la Mafia ? Les choses ne sont pas toujours ce qu’elles paraissent, comme dans un jeu de miroirs et Montalbano entre deux repas, toujours aussi succulents, chez Enzo ou préparés par la bonne Adelina, avance lentement mais sûrement dans la dissipation de ce brouillard dans lequel on veut le plonger, et nous avec.
La Sicile est une belle et bonne terre. Potentiellement dangereuse mais nous sommes protégés et encadrés par ce bon commissaire Montalbano et on y est à Vigata. On profite de sa lumière et de ses paysages, on mange sa cuisine à damner un saint … Dommage que Vigata n’existe pas ! Pourtant, je vous le garantis, en Sicile Montalbano a semé ses traces un peu partout. Un vrai phénomène ce Montalbano !
Tistou - - 69 ans - 16 août 2019 |