Le garçon aux yeux gris
de Gilles Perrault

critiqué par Clarabel, le 30 mai 2004
( - 48 ans)


La note:  étoiles
Ce bel et troublant adolescent
"Même le physique du garçon la mettait mal à l'aise. Il n'était pas exactement laid. Une tête intéressante, les pommettes hautes, la bouche bien ourlée, la peau appétissante, dorée comme un pain et, sous sa défroque, on devinait une silhouette déliée. Quelque chose n'allait pas. Voilà : à seize ans, il n'avait pas l'air d'un adolescent..."
Elle a trente et un ans, deux jeunes enfants avec lesquels elle s'est jetée dans la grande pagaille de l'exode de juin 1940. Arrachée au monde douillet de la bourgeoisie parisienne, elle se retrouve sous les balles des stukas.
La rencontre avec le garçon aux yeux gris va ouvrir une étrange parenthèse dans le tumulte de la guerre.

Et quelle parenthèse ! Gilles Perrault a écrit un très court roman où la naissance de la sensualité et de la passion progressivement dévorante va enflammer les sens des habitants de cette grande maison inhabitée. Florence, la jeune bourgeoise mère de deux enfants, prend la fuite comme tous les français en 1940. Sur la route elle rencontre cet énigmatique adolescent au regard incandescent. Tous les quatre trouveront refuge dans une maison abandonnée. Le garçon est mystérieux, troublant mais c'est une aide précieuse pour la jeune femme... Jusqu'à cette attirance incontrôlable, implacable...
Merveilleux ! Ce roman est une pépite à lire absolument. Il vous plaque dans votre sofa jusqu'à la fin.
Pour information, André Téchiné en a tiré un film avec Emmanuelle Béart ("Les égarés").
"Le garçon aux yeux gris" est le premier volet romanesque d'une trilogie. Gilles Perrault vient de sortir le second volet : "L'homme au bout du rouleau".
J'attendais autre chose! 4 étoiles

Mais justement, c'est l'idée de la parenthèse qui me dérange! J'ai vraiment trouvé que le sujet était traité de manière trop anecdotique, du genre "je suis une bourgeoise prise dans les tourments de la guerre, par la force des choses, je suis bloquée dans la promiscuité et la clandestinité avec un jeune dégourdi, quelques galipettes et au revoir Jeune Homme!"
Et pour raconter l'éveil de la sensualité et la naissance d'une passion, j'ai trouvé le style bien plat.
Il est simple et efficace, pour décrire les attentions d'une mère qui voit son fils grandir, mais trop sobre pour décrire les troubles qui l'animent face à cet adolescent taiseux, j'aurais aimé être plus plongée dans l'ambiance de cette grande maison abandonnée.. En fait le sujet me bottait bien mais je suis restée sur ma faim.

Nirvana - Bruxelles - 52 ans - 2 septembre 2004