Les Fantômes de Manhattan
de R. J. Ellory

critiqué par Clubber14, le 4 juillet 2018
(Paris - 44 ans)


La note:  étoiles
De l'importance de ses racines...
Présentation de l'éditeur :

Et si un livre détenait les clés de votre existence ?

Annie O'Neill, 31 ans, est une jeune fille discrète. Elle tient une petite librairie en plein cœur de Manhattan, fréquentée par quelques clients aussi solitaires et marginaux qu'elle. Son existence est bouleversée par la visite d'un nommé Forrester, qui se présente comme un très bon ami de ses parents, qu'elle n'a pratiquement pas connus. L'homme est venu lui remettre un manuscrit. Celui-ci raconte l'histoire d'un certain Haim Kruszwica, adopté par un soldat américain lors de la libération de Dachau, devenu ensuite une des grandes figures du banditisme new-yorkais. Quel rapport avec l'histoire intime d'Annie ? Et pourquoi le dénommé Forrester est-il si réticent à lui avouer la vérité ? Lorsqu'elle lui sera enfin dévoilée, celle-ci sera plus inattendue et incroyable que tout ce qu'elle a pu imaginer.

Conteur hors pair, R. J. Ellory retrace ici le récit d'un demi-siècle plein de bruit et de fureur. Cette nouvelle variation sur son thème favori, la répercussion de l'Histoire sur les trajectoires personnelles, est cette fois bien différente de ses ouvrages précédents, ne serait-ce que grâce à son héroïne, qui donne au récit une nostalgie et une douceur inaccoutumées. Des événements passés qui viennent à la rencontre du présent, une vie volée, une vengeance, Les Fantômes de Manhattan n'est pas sans rappeler par ses thèmes et son ampleur Il était une fois en Amérique de Sergio Leone.

Mon avis :

J'ai trouvé ce roman très différent des autres romans d'Ellory. Ne vous attendez pas à trouver, ici, tueurs en série, enquêtes policières ou autres cavales endiablées. Non, ici l'histoire est beaucoup plus lente, beaucoup plus douce. La trame se met en place progressivement, tranquillement. L'auteur prend son temps, nous tient en haleine... Nous retrouvons néanmoins parfaitement la griffe Ellory, ce style qui alterne parfaitement accélérations de l'histoire quand il le faut avec phases plus posées quand le contexte l'impose. Une fois de plus, les personnages d'Ellory sont puissants, profonds. Nous pouvons nous imaginer face à eux, leur parler de leurs forces et de leurs doutes, ils pourraient être des amis ou de notre famille. Également un style littéraire très apprécié par cet auteur, et que j'adore également, est une sorte de parallélisme entre deux histoires, distantes de plusieurs décennies. Des destins croisés qui se recoupent à un moment donné, des parcours atypiques et qui pourtant arrivent à donner du sens à l'intrigue.
Le thème choisi ici par Ellory est celui clairement de l'importance de nos racines. Pour répondre à la question "qui sommes-nous?" il faut en passer par la question "d'où venons-nous?" Et c'est sur ce thème central de l'appartenance à une famille, à un clan que l'auteur nous emmène. Annie O'Neill est une jeune trentenaire pleine de doutes, elle est célibataire, pas très heureuse professionnellement et ce qui la ronge par dessus tout est de ne jamais avoir connu son père et de n'avoir connu que peu sa mère, tous deux étant morts alors qu'elle n'était qu'une enfant...Et cette question sur ses racines va prendre une importance de plus en plus capitale aux yeux de la jeune femme qui a du mal à se construire. Elle ne peut avancer sans savoir d'où elle vient. Force est de constater que cette question d'appartenance est primordiale pour chacun d'entre nous et, au-delà de cela, nous essayons donc de laisser à nos enfants un avenir le plus radieux possible. Cela ne passe pas que par le côté matériel de la chose mais également par l'éducation, le partage de valeurs, de moments familiaux, qu'ils soient tristes ou agréables, toute la construction mentale de nos enfants. Pour qu'ils se construisent en tant qu'adulte responsable il est nécessaire de leur laisser des souvenirs d'enfance, des points d'encrage, des étapes clés. Car nous le savons tous très bien : pour qu'une personne soit épanouie et heureuse dans sa vie d'adulte, son bien-être et ses souvenirs d'enfant ont un rôle capital à jouer.

Les cinquante dernières pages voient le puzzle s'assembler, tout prend enfin forme et le lecteur passe d'un état un peu brumeux et interrogatif à l'étonnement de la conclusion. En dire plus serait spoiler...

En conclusion, j'ai beaucoup apprécié ce livre qui détone beaucoup avec les précédents romans de l'auteur, tout en restant dans le même style littéraire, très puissant et très agréable à lire. Je ne saurais que trop le conseiller...
Les racines d'une vie 8 étoiles

Sachant que "Les fantômes de Manhattan" était l'un des premiers roman de Ellory, j'avais envie de connaître cette histoire. L'écriture déjà est d'une grande finesse. Le jeune écrivain s'affirme avec ce premier livre de la trempe des meilleurs écrivains américains en activité.

Le démarrage de l'intrigue, qui en fait n'en est pas une, est plutôt lent, mais le quotidien de Annie O'Neill avec ses frustrations et ses désirs arrive à nous captiver, et quand dans sa librairie un client assez âgé pour être son père qu'elle n'a pu vraiment connaître arrive avec une portion de manuscrit et une lettre du père d'Annie que ce monsieur Forrester a connu jadis, le roman prend son envol...

Bienvenue dans le coeur de New-York, on croirait y être pour vrai. Bonne lecture!

Martell - - 61 ans - 24 février 2020


Les promesses de... R.J. Ellory 3 étoiles

Trop heureuse de découvrir sur le rayon "Polars" de la bibliothèque de mon village, ce que je prends pour le dernier ouvrage écrit par R.J Ellory ! Deux ou trois chapitres plus tard, je suis plus que perplexe. Fatigué R.J Ellory ? Un peu bousculé par son éditeur ?
Je poursuis ma lecture : il y a bien les ingrédients habituels : d'humbles destins entrelacés avec l'Histoire - la grande- une documentation conséquente, des amours malheureuses, des hommes admirables, d'autres corrompus... Mais ça manque de souffle, de style, de panache : je me prends à sauter des paragraphes, puis des pages. Je termine le livre déçue, triste, étonnée... Jusqu'à ce que je pense (enfin) à regarder la date de publication : 2004 !
Tout s'explique ! C'était vraiment un de ses premiers romans publiés, une sorte d'esquisse, de galop d'essai...Tout était en devenir, R.J Ellory a tenu toutes ses promesses.

ARDANZA - Villeveyrac - 72 ans - 11 octobre 2018


Un trio d’enfer pour un pavé d’or… 10 étoiles

Paru en 2004, mais seulement publié en 2018 en France, j’ai tout de suite, au fil de l’eau mordu à l’hameçon de ce roman fleuve. D’abord par son parcours, qui prend sa source bien en amont, en Bavière d’un coin surnommé Dachau et qui dès sa délivrance se propage, serpente, torturé de remous, agité de tourbillons. Croisant un cours d’eau tout aussi violent ce bras gauche, connaitra quand même son épilogue dans un moment de répit …
Un coup de cœur

Pierrot - Villeurbanne - 73 ans - 3 octobre 2018