Du tout au tout
de Arnaud Le Guilcher

critiqué par Kostog, le 31 juillet 2018
( - 52 ans)


La note:  étoiles
Sirop et effusions sentimentales
Le personnage principal Pierre Pierre est une âme sensible à la larme un peu facile. Sa spécificité, une aptitude à reconnaître la beauté avec un grand B, à distinguer le vrai talent du menu fretin. Il est embauché dans une maison de production par un patron esthète pour identifier talents perdus dans les archives de l'entreprise ou nouvelles voix. Mais, car il y a un mais, la boîte est pourrie de dettes. Elle est rachetée par une multinationale qui se contrefiche des talents et envoie bientôt une équipe de dirigeants mercenaires exploiter un personnel sans défense et détruire au sens propre du terme le bel édifice bâti par notre fondateur amoureux des Arts...

Le problème des livres que l'on vous offre avec la gentille attention de vous faire passer un bon moment de détente, c'est que quand cela ne fonctionne pas, cela devient vite très lourd. On n'en voudra pas à la quatrième de couverture de nous promettre « une satire hilarante du monde du travail », il faut bien allécher le lecteur, mais pour qu'une satire fonctionne, encore faut-il que, même dans l'exagération, quelques traits fassent mouche. L'infantilisation des rapports humains (les bons employés contre le mauvais patron, le Talent et la Beauté contre l'empire de la finance et des chiffres, le talent immédiat sans l'effort) font de la lecture du livre d'Arnaud Le Guilcher une pénible épreuve pour les lecteurs cherchant dans la littérature des personnages dont la psychologie ne soit pas caricaturale. Pour couronner le tout, le livre déborde tellement du sirop des bons sentiments que l'on craint rapidement de devenir diabétique et qu'il en devient une incitation pour le lecteur à retrouver quelque écrivain aux idées bien tordues pour rétablir son bon équilibre corporel.

L'action est convenue et sans surprise, le style se rapproche de celui du langage parlé négligé. En dépit de sa facilité de lecture, j'ai dû me fouetter pour parvenir jusqu'à la fin.

Bon point : un chat, Mohair, gonflant et dégonflant au gré de ses émotions. Gentillet.