Le monde sans sommeil
de Stefan Zweig

critiqué par Pucksimberg, le 22 août 2018
(Toulon - 45 ans)


La note:  étoiles
Le pacifisme de Stefan Zweig dans quatre textes percutants
Ces quatre textes reflètent les idées pacifistes de Stefan Zweig et sont écrits avec une plume magnifique. Dans « Le Monde sans sommeil », l’auteur avec une grande poésie donne son avis sur la guerre et joue avec des métaphores qui donnent du poids à son point de vue. Dans « Episode sur le lac Léman », un déserteur russe souhaite retrouver les siens et croit avoir atteint le lac Baïkal alors que c’est un lac suisse qu’il atteint. Dans « La Contrainte », un homme se voit convoqué pour une nouvelle visite médicale afin de voir s’il est apte à partir au combat. Dans « Ypres », Zweig porte un regard critique sur le tourisme de guerre où l’on vient visiter les lieux où se sont déroulés les combats. Il nuancera tout de même son point de vue.

Ces textes sont touchants, voire bouleversants. Ils soulignent le tragique de certaines situations qui entraînent l’homme dans une spirale infernale. Ce dernier n’a aucune emprise sur lui-même, d’autres choisissent à sa place. Ce sont des destins brisés qui sont donnés à voir dans les deux nouvelles. Dans « La contrainte » la discussion entre époux et épouse est riche et fait émerger certains faits primordiaux, tout en soulignant aussi l’absurdité de certaines situations. « Ypres » s’apparente davantage à un court essai, une petite dissertation agréable à lire, nuancée et très juste.

Stefan Zweig a une belle plume. Il parvient à émouvoir son lecteur et à décrire les tourments d’êtres simples, si humains et si dépourvus de libre-arbitre. Ces textes proposent une critique de la guerre qui passe par le dialogue argumentatif entre deux êtres qui s’aiment, par le biais d’une chute tragique, par la poésie de certaines images. L’auteur semblait anticiper avec justesse le destin de millions d’hommes. Une préface très éclairante permet d’introduire ces quatre textes. Ce n’est pas un pacifisme naïf qui est perceptible ici. Zweig ne tombe pas dans un manichéisme facile.

Des œuvres comme celles-là occuperaient une place judicieuse dans les programmes de lycée.