Sainte-Croix-les-Vaches, opus 1: Le seigneur des Causses
de Vincent Ravalec

critiqué par Jfp, le 14 octobre 2018
(La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans)


La note:  étoiles
les bœufs ou la beuh, il faut choisir…
Un polar paysan, fortement teinté d’anarchisme (de gauche ? de droite ? Céline n’est pas loin…), glissant la morale sous le tapis pour le plus grand bien d’une bande de copains, décidés à sauver coûte que coûte leur coin de campagne isolé. Thomas Sorlut, ayant mis la main sur un magot issu d’un casse du siècle jamais résolu, va se retrouver maire d’un village abandonné par la quasi-totalité de ses habitants, exemple typique de l’exode rural qui affecte les Causses. Tournant le dos au tourisme, le village, ou ce qu’il en reste, s’est orienté vers une gestion raisonnée et durable de ses ressources : l’imprimerie imprime des faux-papiers, les cultivateurs cultivent le chanvre, bio cela va sans dire, et la production s’écoule grâce à des circuits courts en direct des quartiers chauds de Marseille. Jusqu’au jour où débarque une jeune et jolie intrigante, candidate "sans étiquette" surfant sur le raz-de-marée "En avant !" (cela ne vous évoque rien ?) et fortement décidée à faire de Sainte-Croix-les-Vaches un exemple de "permaculture sociale" (sic). Son idée : le tournage d’un film documentaire, au faux réalisme digne d’un Jean-Jacques Annaud, montrant la dure vie de ces paysans, pleins d’idées pour se sortir du marasme ambiant. Ne cherchez aucune vraisemblance dans cette charge menée tambour battant, qui n’épargne personne, qu’il s’agisse des faibles ou des puissants, des idées les plus généreuses comme des plus ténébreuses. On aime ou on n’aime pas le message (si message il y a), mais l’humour ravageur et la qualité de l’écriture emportent l’adhésion…