Le Spirou d'Emile Bravo - tome 2 - Spirou ou l'espoir malgré tout (Première partie)
de Émile Bravo

critiqué par Le rat des champs, le 17 octobre 2018
( - 74 ans)


La note:  étoiles
La débâcle de l'ingénu
Emile Bravo nous avait déjà émerveillés il y a quelques années avec sa version de Spirou, "le journal d'un ingénu", qui se passait au début de la deuxième guerre mondiale. On en retrouve ici , avec grand plaisir la suite, avec son dessin un peu rétro, son humour et une rigueur historique sans faille. Cet album s'inscrit dans une série de quatre qui raconteront la deuxième guerre mondiale en Belgique vue par Spirou et Fantasio mais chacun des albums est un one shot et pourra être lu indépendamment des autres. Comme l'indique la quatrième de couverture, c'est une tragicomédie qui nous est contée, Mais il faut bien le dire, en ce moment de 1940 où la Belgique se sentait en relative sécurité puisque les grandes puissances européennes avaient garanti sa neutralité, beaucoup de personnages de l'album ne croient pas en cette guerre imminente, et quand il est évident qu'elle va se déclencher, quand les Allemands attaquent, c'est l'exode, la fuite vers la France, qui refusera souvent de laisser entrer les Belges en leur disant qu'on ne peut pas accueillir toute la misère du monde. Spirou refusera de se compromettre avec les autorités allemandes, alors que Fantasio, au contraire, par lâcheté, n'hésitera pas à travailler pour le Soir volé, sous la botte nazie. Comme dans le premier tome, les clins d'oeil à la culture de l'époque, notamment à Tintin, sont nombreux. Spirou est toujours amoureux de la jeune Juive qu'il avait rencontrée dans "le journal d'un ingénu" et il tente par tous les moyens d'avoir de ses nouvelles, tout ce qu'il savait d'elle étant qu'elle avait été déportée vers l'Est. Le ton que l'auteur emploie pour narrer ces aventures est respectueux des souffrances de ceux qui ont connu cette époque, tout en restant fin et spirituel. Une grande réussite, digne du premier opus. J'ajouterai que pour lire cette excellente bédé, j'ai mis plusieurs heures, j'ai regardé attentivement chacun des dessins, qui sont stupéfiants de beauté et de charme. Une réussite totale. En attendant impatiemment l'album suivant. Mon coup de coeur en matière de BD.
Un superbe graphisme pour un récit précis et fidèle 9 étoiles

ATTENTION ! Contrairement à ce que l'on pourrait penser, ce n'est pas la suite de "Le journal d'un ingénu".
Le thème est très voisin mais il s'agit ici d'une nouvelle série. Il faut donc la commencer avec le volume 1 de "L'espoir malgré tout" "Mauvais départ"

Le scénario très bien construit narre avec subtilité l'évolution de la situation, de sa dramatisation notamment à l'égard des juifs. Il montre aussi parfaitement les difficultés du quotidien, pour l'alimentation notamment. Les actes de solidarité, d'entraide, ne sont pas oubliés non plus.
Rien n'est forcé, ni caricaturé, tout est rapporté simplement.

Pour le graphisme, comme je suis un fervent amateur de la ligne claire, c'est un ravissement. Ce choix permet de détailler les images, les détails, en étant très lisible, proche de la réalité. Un réel ravissement !

Ma seule réticence sera à l'égard du personnage de Fantasio, particulièrement détestable.On est certes habitué à ses gaffes mais là c'est de bêtise, d'inintelligence profonde qu'il s'agit. Heureusement il va en se bonifiant.
Spirou, par contre, est un juste équilibre de sa naïveté en accord avec son âge et de sa pertinence montrant une maturité certaine. On n'en est pas encore à l'astucieux personnage qu'il deviendra par la suite, mais le choix est extrêmement pertinent car on devine l'adulte qu'il deviendra.

Un très grand plaisir de lecture de BD, apportant une vision claire et objective de l'époque.

Mimi62 - Plaisance-du-Touch (31) - 71 ans - 12 mars 2022


Retour gagnant pour Emile Bravo 10 étoiles

Dix ans après "le journal d'un ingénu", Emile Bravo nous revient avec ce premier volume d'une tragicomédie humaniste prévue en quatre volumes.
J'avais un peu peur, avant de lire cet opus, de faire une overdose d'un Spirou chez les Allemands après l'album de Bravo et celui de Schwartz & Yann, qui datent certes, mais j'avoue avoir cessé d'acheter la série mère et ses dérivés '"spirou, vu par..." depuis quelques années vu la médiocrité des albums édités
Avec "l'espoir malgré tout", j'ai eu l'agréable surprise de retrouver un Spirou comme je l'aime: intrépide, souvent naïf (son discours pacifiste est parfois trop appuyé par E. Bravo) mais surtout l'auteur nous a dépeint ici un Fantasio fantasque, roublard, lâche et fuyant qui, prend littéralement le dessus sur son compère dans cet opus. Sacré personnage que ce Fantasio qui est capable d'adopter toutes les postures pour arriver à ses fins! Emile Bravo a, de ce point de vue, réussi à faire d'un personnage secondaire un personnage incontournable de cette aventure (la dernière page le prouve).
Emile Bravo, à travers cet album, n'a de cesse de rendre hommage ouvertement aux auteurs de la ligne claire, notamment à Hergé avec un Spirou déguisé en Tintin.
J'ai adoré cet album qui balaye à la fois la seconde guerre mondiale, l'histoire de la Belgique avec son exode,son occupation ("le soir volé"), ses antagonismes entre Wallons et Flamands, mais aussi ses héros anonymes comme le père Anselme et les amours de jeunesse.
Un récit dense, riche et passionnant que nous offre là un Emile Bravo, en très grande forme. J'ajoute que le dessin est excellent.
Très bonne lecture

Hervé28 - Chartres - 55 ans - 2 janvier 2019