Idiss de Robert Badinter
Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances
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L'hommage à une grand-mère immigrée juive russe
Robert Badinter, plutôt que d'écrire ses mémoires, au moins pour l'instant, a décidé de rendre hommage à sa grand-mère maternelle, Juive russe modeste et analphabète, Idiss, arrivée en France peu avant la Première guerre mondiale, car ce pays représentait l'un de ceux les plus ouverts à la condition israélite. Or, son mari s'est engagé dans l'Armée, elle a fini par le perdre d'une maladie, tout cela pour connaître l'humiliation de l'Occupation, alors que les siens ont été persécutés là d'où elle venait.
Aussi réservée que courageuse et dévouée, elle méritait cette biographie sensible et émue. Son cas personnel fait réfléchir sur celles et ceux qui ont forgé l'histoire de ce pays, tout en venant d'ailleurs, comme sur le statut des minorités. C'est un beau livre.
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Les critiques éclairs (3)
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Histoire d’une famille juive.
Critique de Saint Jean-Baptiste (Ottignies, Inscrit le 23 juillet 2003, 88 ans) - 6 décembre 2024
Pourtant ça commence bien. Les premiers chapitres donnent une idée de ce qu’était la vie au tournant du siècle précédent dans la région de Bessarabie, berceau familial de la grand-mère à la frontière russo-roumaine. C’est une région étrange, on fait des découvertes et certains passages sont amusants, d’autres édifiants et déjà l’amour filial apparaît comme fil conducteur de tout l’ouvrage.
Viennent ensuite les souvenirs de la famille Badinter. J’ai trouvé que pour nous, qui ne connaissons pas cette famille, ce n’était pas ennuyeux à lire, mais ça manquait d’intérêt. C’est trop particulier.
Néanmoins, les derniers chapitres qui parlent de l’occupation nazie pendant la seconde guerre mondiale, sont d’un intérêt certain. Ils nous font vivre en direct la terreur que la France de Vichy faisait régner sur ces malheureuses familles juives qui pensaient avoir trouvé refuge en France. C’est une douloureuse époque qui est vécue du côté des victimes et qui est racontée d’une manière particulièrement émouvante ; mais le ton n’est jamais revanchard, l’auteur raconte, il n’accuse personne… Peut-être a-t-il pensé que des jugements sur ces événements auraient indisposé ses futurs lecteurs en leur rappelant des souvenirs que tout le monde voudrait oublier ?
D’une manière générale, je pense que ces souvenirs de famille, intéresseront surtout les admirateurs de Robert Badinter, qui je crois, sont nombreux en France.
Urgent et nécessaire!
Critique de Krysaline (Paris, Inscrite le 26 septembre 2017, 59 ans) - 29 octobre 2019
J'exagère peut-être un chouïa mais si peu… Pour moi, un ouvrage indispensable et précieux à la mémoire mais un témoignage d'amour plus qu'un récit historique.
Regardant très peu le petit écran, J'ai malheureusement « raté » l'émission la « Grande Libraire » où Robert Badinter, invité pour la sortie de son livre, y évoquait le souvenir de sa grand-mère avec beaucoup d'émotion. Je me promets donc de le regarder en replay aussitôt que possible…
Mais, autant le dire tout de suite, je ne vais pas être vraiment « objective » car je nourris une immense admiration pour l'auteur qui est entré dans les premières places au panthéon de ma mémoire le 18 septembre 1981 lors de l'abrogation de la peine de mort en France dont il est l'un des artisans principaux.
A la lecture de cet ouvrage, on mesure pleinement la force de cet homme qui a connu les pires atrocités de la seconde guerre mondiale au travers de l'histoire de ses parents et grands-parents et qui a trouvé malgré tout la force immense et le pouvoir de résilience suffisant pour livrer avec conviction ce combat en faveur de l'abolition de la peine capitale. Pour cela, entre autre, je lui voue le plus profond respect.
Aujourd'hui, à l'aube de ses 91 ans, il nous livre le récit de son affection incommensurable pour « Idiss », sa grand-mère maternelle. Un portait absolument touchant de cette mère courage, qui affronta nombre de situations dramatiques qui entraineront sa famille vers d'autres patries, d'autres horizons fait de volonté et d'espoirs inébranlables.
Un destin, Des destinées, toutes hors-normes, qui englobent cette partie d'Histoire dont nous ne sommes pas vraiment ressortis tout à fait glorieux, même si nous mettons plus volontiers l'accent (mérité pour tous les compagnons de la "résistance" et de toutes les forces engagées) sur la « libération » et la bravoure de nos combattants revenus en vainqueurs grâce à l'Angleterre et aux États-Unis (et aussi la Russie accessoirement). Cette France dans laquelle ils avaient une confiance aveugle et absolue. Croyant dur comme fer à ses idéaux perçus comme le pays, gardien d'une Liberté inaltérable.
En effet, pour ces juifs ashkénazes, venus d'Europe Centrale essentiellement, fuyant les pogroms de la Russie Tsariste de 1903 & 1905 la France représentait un Eldorado absolu. Ces espoirs les jetant sur les chemins de l'exil pour tenter de se soustraire à la terreur des heures sombres et leur quotidien de misère ; échapper à la montée xénophobe et antisémite qui a connu son apogée en 40-45 avec le régime nazi et l'extermination programmée non seulement de tous les juifs, mais aussi des roms, des homosexuels, des fous, des faibles, des vieillards, des handicapés et de tous ceux réputés comme non Aryens… bref le plus grand génocide de tous les temps avec un pic de six millions pour les plus touchés par la « solution finale » imaginée par Hitler : les juifs.
Avant cette extrémité, ils passeront par toute la gamme des stigmatisations possibles, connaitront la spoliation de leurs biens, les persécutions de plus en plus prononcées, les restrictions drastiques sur le droit des juifs, les lois et les décrets qui en découlent (interdiction de participer à des réunions, d'entrer dans certains magasins, de s'alimenter … de vivre tout simplement … en prélude au port de l'étoile jaune et des futurs déportations).
Cette histoire là n'est qu'une longue déchirure où l'histoire au niveau personnel et individuel se confond finalement avec l'Histoire avec un grand « H » et du mécanisme implacable qui s'est inexorablement mis en place au niveau collectif dès le début de la guerre en Europe.
Cette histoire primordiale pour l'auteur, pour les membres de sa famille, plus globalement pour eux, pour tous est un exemple fondamental car il est écrit sans acrimonie et sans colère. Il est posé là comme un constat sans jugement sur l'Histoire. Les faits, les souvenirs d'enfant et la figure emblématique d'Idiss constitue l'essentiel de ce texte.
Dans toute ces horreurs quelques touches de bonheur éclatent néanmoins: le temps des chocolats chauds, des jeudi-ciné avec deux films et les actualités.
Robert B. redevient un enfant pour célébrer cet hommage tendre et délicat. Il y met toute la mesure et la retenue nécessaire. Il nous livre un hymne à sa famille où ses souvenirs d'enfant sont parfois un peu vagues, un peu biaisés, mais souligne les plus important : L'amour filial, maternel, paternel (il reste sur la réserve pour parler de Simon – mais il livre quand même quelques bribes de bonheur dont a bénéficié Charlotte aux temps « heureux »).
Les photos en annexe et en fin de livre, anime le récit, donne un visage, une représentation concrète des personnages (on réalise que ce n'est vraiment pas une fiction – Même si on le savait déjà) l'humanise et le rend plus émouvant encore s'il est possible.
Une déferlante d'émotions m'ont assaillies à la lecture de ce bouleversant hommage à sa grand-mère disparue.
Le choix Cornélien auquel devra se livrer Charlotte n'est pas sans me faire penser au « Choix de Sophie » de William Styron. Choix déchirant qui se fera obligatoirement au détriment de quelqu'un…
Une bien belle écriture pour un récit à la fois triste mais quand même empreint d'immenses espoirs. Robert B. met en lumière une partie de sa vie, de ses souvenirs, du personnage de sa grand-mère et de son épopée à travers l'Europe simplement avec une véritable tendresse pour l''histoire d'une femme, son histoire.
Beau tout simplement. Merci M. Badinter…
Merci également aux éditions Fayard et @Netgalley pour cette lecture.
A lire pour ne pas oublier
Critique de Faby de Caparica (, Inscrite le 30 décembre 2017, 63 ans) - 25 décembre 2018
A travers l’histoire de sa grand-mère, l’ex garde des sceaux évoque la vie des juifs apatrides ayant quitté leurs pays sous la contrainte politique et ayant espéré trouver une vie meilleure en exil.
Idiss est originaire de Bessarabie, région frontalière de la Roumanie.
Elle va fuir son pays avec son mari et ses trois enfants pour échapper au régime tsariste et ses répercussions antisémites.
Ils arrivent à Paris en ce début de XX’ siècle.
A force de courage et de travail, la famille va s’intégrer et prospérer.
Ce sont les années bonheur jusqu’au début des années 1940 et l’entrée en guerre de la France.
Le destin les rattrape... antisémitisme, fuite en zone libre, arrestations ... disparitions.
Robert Badinter raconte de façon touchante ce pan de son histoire familiale mais qui pourrait s’étendre à tellement d’autres.
À lire pour se souvenir .... pour ne jamais oublier.
Témoignage intéressant et nécessaire en cette période de recrudescence de l’antisémitisme.
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