A la vie à la mort T01: Pierrot-le-fou
de Rodolphe (Scénario), Gaël Séjourné (Dessin)

critiqué par Shelton, le 16 décembre 2018
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Pierrot-le-fou en bédé !
Le gang des tractions avant – puisque tel fut le nom qu’on lui donna – est un groupe de gangsters mené par un certain Pierrot-le-fou. Dit comme cela, on a l’impression d’une aventure un peu romantique… alors qu’en fait, ce fut assez glauque, violent et malsain. Cette bande de malfaiteurs a sévi après guerre et elle a uni ce qu’il y avait de pire dans la collaboration française et dans la résistance, c'est-à-dire des hommes sans foi ni loi, juste prêts à faire le coup de feu pour quelques billets de plus… Pierre Loutrel, le chef mythique, tuait avec une irresponsabilité incroyable d’où ce surnom de « fou »… Il a trouvé avec Naudy, Attia, Boucheseiche, Ruart, Danos et Fefeu, une équipe qui acceptait cette folie… car il y avait beaucoup d’argent à gagner !

Rodolphe qui aime l’histoire, l’aventure, les voitures… a puisé dans ce fait divers les éléments pour construire un très bon livre – La légende de Pierrot-le-fou – et, maintenant, le scénario d’un récit en bande dessinée avec Gaël Séjourné et Jean Verney. Cette bande dessinée en trois volumes porte le nom significatif « A la vie à la mort » et on comprend très vite que ce sera surtout « à la mort » car le récit commence par le décès de Pierrot-le-fou !

L’histoire est assez connue car de nombreuses personnes en ont parlé dans des romans, des livres de souvenirs, des films… Cette bande qui frappe fort, tue, s’enrichit et disparait très vite quelques mois plus tard avec le décès de presque tous ses membres… tout cela avait de quoi exciter le lecteur en recherche d’émotions fortes… Mais je trouve que Rodolphe trouve lui le moyen à la fois d’intéresser le lecteur, de susciter une certaine attirance pour le gang tout en montrant bien que ce gang n’est qu’un vulgaire gang de bandits de grands chemins, de bandits ayant peu de valeurs humaines à présenter : violents, misogynes, excessifs en tout, criminels et meurtriers… Bref, le lecteur n’a pas envie de les défendre même si les policiers font parfois preuve de bêtise !

La narration graphique est de grande qualité dans la lignée de ce que nous avait déjà proposé Gaël Séjourné (Tatanka par exemple). Toutes les phases d’action sont très bien décrites, vivantes et dynamiques. Les éléments d’époque, costumes, voitures et autres éléments architecturaux sont crédibles et participent à immerger le lecteur dans l’époque des années d’après-guerre… Les séquences en Afrique, dans les locaux de la Gestapo française ou dans un camp de concentration sont elles aussi très bien dessinées. Du très bon travail !

Du coup, l’ensemble donne une bonne biographie d’un gang de bandits des années 45/46 et cela devrait plaire à de nombreux lecteurs, des passionnés d’histoire aux amateurs de la grande aventure qui fait un peu peur… Les trois albums sont maintenant disponibles et on peut donc offrir l’histoire complète d’un seul coup… Enfin, c’est vous qui voyez !

Très bonne lecture !