Les unicellulaires
de Jalal Tehrani

critiqué par Pucksimberg, le 16 décembre 2018
(Toulon - 45 ans)


La note:  étoiles
Trois duos dans un Iran symbolique
Les pays qui souffrent d’un régime politique autoritaire engendrent des auteurs qui ne peuvent qu’user de la métaphore ou de symboles pour parler de leur réalité. Les dramaturges doivent contourner la censure afin de s’exprimer. Le théâtre offre en plus un terrain idéal pour les textes un peu cryptés, offrant par là même une liberté de création pour le metteur en scène.

Jalal Tehrani est iranien et propose une pièce de théâtre originale qui a parfois des accents absurdes que l’on retrouve dans les pièces de Ionesco et de Beckett. Les dialogues sont parfois déconcertants et interrogent sur la communication. Ici l’échange verbal avec le spectateur peut être confus à cause de certains codes que nous n’avons peut-être pas dans notre occidental. Trois duos occupent le devant de la scène : un guide et un sans-abri, deux inspecteurs et deux criminels. Ces deux derniers fomentent des plans pour de futurs cambriolages mais reviennent toujours au point de départ, la cellule. Les inspecteurs ont un microscope et mènent l’enquête. Leurs questionnements peuvent sembler dérisoires parfois. Les deux autres ont retrouvé une bombe dans la besace d’un écrivain. Les dialogues s’entrecroisent et stimulent l’imagination du lecteur qui cherche à faire sens. La question de la censure a eu un rôle dans la construction même de cette pièce. Il est question de justice et d’administration, sans doute un écho au labyrinthe administratif iranien.

La pièce peut déconcerter par certaines allusions hermétiques pour un lecteur occidental. Il nous manque sans doute quelques clés pour tout expliciter, mais le texte possède une force propre qui suscite tout de même l’intérêt. Cette pièce m’a beaucoup fait penser au théâtre de l’absurde et à celui de Mattei Visniec qui en signe la préface. Certains passages pourront faire sourire, d’autres semblent masquer une réalité grave.