La cote 400 de Sophie Divry

La cote 400 de Sophie Divry

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Frunny, le 24 décembre 2018 (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (14 894ème position).
Visites : 3 068 

Névroses d'une femme invisible !

Que dire de Sophie Divry ?
Qu'elle est régulièrement l'invitée de François Busnel ("La Grande Librairie" France 5) ?
Qu'elle est une romancière à succès ?
Quelle est belle comme un coeur ?
Allez voir sur Wikipedia pour le reste....

Sophie Divry nous livre un court (95 pages) roman, une friandise douce amère, un récit "défouloir" sur le thème de la bibliothèque.
Pas celles des grandes villes, la bibliothèque d'une préfecture de Province fréquentée par..... (c'est bien là le problème !)
Le monologue d'une bibliothécaire -rayon Géographie- femme invisible, seule (ou plutôt, non; bien accompagnée par ses meilleurs amis les Livres)
Une quinqua , pas indifférente aux hommes mais qui intellectualise à outrance la relation.
Un pamphlet contre l'hypocrisie de nos sociétés en quête de Culture mais qui fréquentent les musées au pas de charge, qui "consomment" de la Culture.
Le maire veut sa bibliothèque, on débat sur l'élargissement des horaires d'ouverture mais personne n'y met jamais les pieds. Et ceux qui la fréquentent ne le font pas toujours pour de bonnes raisons (...)
La 4 ième de couverture fait état d'une "femme un peu dérangée"....Pour ma part, je la trouve plutôt lucide et clairvoyante.

Alllez-y, c'est un pur moment de bonheur, une petite douceur à savourer avant les grandes agapes du réveillon de Noël !

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Les éditions

  • La cote 400 [Texte imprimé] Sophie Divry
    de Divry, Sophie
    10-18 / 10-18
    ISBN : 9782264055699 ; EUR 6,60 ; 04/04/2013 ; 96 p. ; Poche
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Tout est dit

7 étoiles

Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 29 mai 2020

Quand la bibliothécaire arrive ce matin là dans son sous-sol, pour retrouver ses livres d’histoire et de géographie, elle y découvre un lecteur enfermé, captif involontaire qui lui permettra de raconter son métier.
De sa passion du rangement, à la classification DEWEY majoritairement utilisée, mais aussi de la solitude de la bibliothécaire, plus "rangeuse, trieuse, classeuse", mais rarement sollicitée pour ses connaissances, elle qui aimerait tant échanger sur ses goûts, amener en douceur les lecteurs vers des ouvrages plus exigeants, des classiques, qui leur éviterait de se précipiter sur l’achat de best-seller "jetables", "ces livres niaiseux"...mais qui conclut "ils lisent des bêtises mais ils lisent".
Se contredisant parfois, "les livres ne peuvent rien, les livres peuvent tout". 
Elle confie sa solitude, sa tristesse de voir une bibliothèque dépeuplée tout en affirmant qu’on n’est jamais seule quand on vit dans les livres et regrette le silence feutré qui régnait avant l’arrivée de "dévédés", la  "démocratie culturelle" qui incite à se distraire plutôt qu’à se cultiver.

L’autrice nous permet de découvrir "l’envers du décor" de ces lieux que nous connaissons si bien ; révélant la hiérarchie entre les bibliothécaires selon le rayon dont elles ont la charge à travers le récit d’une passionnée des livres et de très jolies phrases.
"De toute façon, qu’est-ce que c’est qu’un Américain sinon un Européen qui a raté le bateau du retour ?
"L’école parfois s’est trompée, la bibliothèque répare" disait Eugène Morel.
"La bibliothèque fait un bisou magique..il n’y a pas une de ces pathologies qu’une bibliothèque n’apaisera."
Un récit, pas toujours passionnant, mais très instructif.

Grandeur et misère de la condition de bibliothécaire

10 étoiles

Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 18 janvier 2019

Il ne s'attendait pas à ce qui allait lui arriver à son réveil, cet homme qui s'est endormi au sous-sol d'une bibliothèque de quartier, lieu réservé au stockage d'ouvrages variés, difficiles à classer ailleurs !
Simone, la responsable de ce rayon, ayant découvert là cette sorte de passager clandestin deux heures avant l'ouverture officielle de la bibliothèque l'a non seulement chargé de trouver au plus vite un ouvrage de philosophie égaré au milieu de ceux d'histoire ou de géographie , mais l'a aussi contraint à écouter son long monologue de récriminations .

Reléguée depuis des années dans ce « fourre-tout » elle s'ennuie, Simone !
Pour une fois qu'elle a face à elle, dans le huis clos de ce sous sol, à sa merci pendant deux heures, une oreille dans laquelle elle va pouvoir déverser tout ce que lui inspire sa fonction de bibliothécaire, elle lâche la bonde !
Quelle logorrhée !

Elel est proche de la retraite, Simone , et elle en a des choses à raconter sur l'univers impitoyable des bibliothèques modernes !
Les temps ont changé ! Les abonnés aussi ! Et elle est « de la vieille école » !

Dire qu'il y en a qui ne viennent pas y emprunter des livres , mais des DVD  !
Et les classiques n'ont plus la cote ! Qui emprunte encore des romans de Maupassant ou de Simone de Beauvoir ?
On leur préfère les derniers publiés « tous ces livres niaiseux qui envahissent les librairies alors qu'ils ne sont, quelques mois plus tard, plus bons qu'à se vendre au kilo. Les pires, ce sont les livres-express, les livres d'actualité : sitôt commandés, sitôt écrits , sitôt imprimés , sitôt télévisés, sitôt achetés, sitôt retirés, sitôt pilonnés »

Grandeur et misère de sa condition  !
«  Etre bibliothécaire n'a rien de valorisant, je vous le dis, c'est proche de la condition d'ouvrier....il faut aimer l'idée de classement et être quelqu'un d'obéissant "
Et pourtant , la bibliothèque est le lieu de « l'inépuisable lait de la culture humaine mis à notre portée » . Et pour Simone qui a « besoin de grandes choses » qui vit seule depuis des années car « avec les hommes, c'est fini », c'est dans les livres qu'elle trouve l'amour, c'est là qu'elle se console, c'est là qu'elle n'est plus seule.

Vous saurez tout sur les conditions actuelles du métier de bibliothécaire ! Tout sur les coulisses de ce lieu « d'abondance culturelle » !   Tout , même le principe de rangement des ouvrages ,« la classification décimale » instaurée par l'américain Dewey au 19e siécle .

LA COTE 400 est un ouvrage savoureux ! C'est le monologue nostalgique, la complainte désenchantée d'une employée « inaperçue , invisible », en quête de reconnaissance , frustrée, aigrie de ne pas être responsable des rayons nobles, ceux des étages supérieurs où se pressent les lecteurs.

Un vrai personnage, cette Simone ! Elle peut sembler agaçante à se lamenter sans cesse, mais elle est touchante aussi !
Un personnage théâtral que je verrais bien incarné sur scène par Muriel Robin Pas vous ?

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