Rouge de Paris. (1789-1794)
de Jean-Paul Desprat

critiqué par Veneziano, le 19 janvier 2019
(Paris - 47 ans)


La note:  étoiles
La manufacture de Sèvres sous la Révolution
La famille Masson reste attachée à la manufacture de Sèvres, dont elle oeuvre au succès et à la pérennité, mais ces derniers s'avèrent gravement compromis par un événement géopolitique de taille, la Révolution. L'activité de l'institution peut être perçue comme superflue, d'autant que la reine se fait connaître pour ses dépenses inconsidérées, son mode de vie superficiel et son attachement aux productions de cette maison. Cette dernière apparaît d'autant plus fragilisée que des impayés de commandes compromettent sa trésorerie.
Adèle Masson est nommée à sa tête, pour tenter de sauver son navire de luxe, qu'elle tente d'acclimater aux idées du moment, auxquelles elle souscrit assez vite, au point de se rapprocher de Mirabeau, député d'Aix-en-Provence, avec qui elle connaît une liaison. Emporté par les excès de la suspicion politique à cette époque, il la laisse seule. Elle tente de naviguer à vue avec Paul et Hannong.
Mais l'essentiel se joue ailleurs, hors les murs de la manufacture, à savoir à la tête de l'Etat, ce qui amène l'auteur à se détourner assez grandement de la production de porcelaine pour retracer les affaires politiques du moment, presque au jour le jour. Outre Mirabeau, Robespierre, Danton, Marat et Saint-Just sont scrutés à la loupe, afin d'apercevoir quand et comment la France recouvrera un peu de stabilité. Ce n'est qu'après que le sort de la maison de Sèvres peut se jouer. Et c'est in extremis que nous apprenons qu'elle est sauvée de justesse, Alexandre Brongniart en étant nommé directeur.

L'essentiel est bien là, la manufacture reste présente dans ce troisième opus, mais est inévitablement reléguée au second plan, cet ouvrage retraçant d'avantage l'épopée révolutionnaire. Il est bien fait et clôt un cycle.