Un bon Samaritain
de Matthieu Falcone

critiqué par Blue Cat, le 15 février 2019
( - 60 ans)


La note:  étoiles
Bon sujet, mauvais style
Nous voilà face à un professeur d'université, la cinquantaine, blanc, chrétien, limite misogyne, vaguement réac, qui décide d'héberger chez lui trois migrants d'Afrique noire, après avoir buté sur leurs corps endormis en bas de chez lui. Le narrateur est un ami de ce professeur, qui semble n'avoir d'autre sujet d'intérêt dans la vie que ce professeur pourtant bien peu sympathique. Le sujet pouvait être intéressant et d'une actualité brûlante, seulement voilà, il y a le style... Et là, vraiment, j'ai souffert.

Manifestement, l'auteur a beaucoup lu Céline mais l'a mal digéré. En effet, ce professeur d'université s'exprime sur un mode non seulement totalement démodé, avec de gros emprunts au style parfois grossier de Céline, mais semble dépourvu de culture. Tout sonne faux dans ce personnage, et surtout son langage ridicule.

Après, se déroule le long calvaire de ce 'bon samaritain', qui sera cloué au piloris par ses protégés, ses collègues d'université et les médias. En effet, ces trois migrants, loin de manifester la moindre reconnaissance, se montrent profiteurs, paresseux, hostiles, et pour finir franchement malhonnêtes. Et toute la société, comme un seul homme, leur donne raison. Réaliste ? Pas sûr, mais admettons.

Alors si la morale de l'histoire est bien que tous les migrants ne sont pas de pauvres victimes innocentes, on en sera bien d'accord. Mais pour autant, être en empathie avec ce professeur d'université qui, à aucun moment ne m'a paru intelligent, cultivé ou réellement courageux, m'a été impossible. C'est tout juste si je ne me suis pas dit : 'Bien fait pour lui ', et oui, quand je suis agacée...

Dans la parabole du 'bon samaritain', le samaritain en question agit vite et bien pour sauver le pauvre blessé qu'il ramasse sur le bord du chemin. MAIS IL SE TAIT !!! Notre professeur, lui, ne cesse de s'écouter palabrer, usant d'un vocabulaire mi-moyenâgeux, mi-populo, mi-vieux con. C'est dit, le mot est lâché, pendant toute ma lecture, j'ai bien eu l'impression d'avoir affaire à un vieux con, tout simplement, et qui plus est, un vieux con pas crédible.

Je suppose que Falcone sera attaqué sur le sujet de son livre politiquement incorrect, mais pour ma part, c'est seulement le sujet que je sauverais de ce naufrage stylistique.