Voyage en Europe: De Charlemagne à nos jours
de François Reynaert

critiqué par CHALOT, le 1 mars 2019
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
original et attrayant
« Voyage en Europe »
livre de François Reynaert
De Charlemagne à nos jours
éditions Fayard
305 pages
janvier 1919


La construction de ce livre est originale .
D'une ville à l'autre, villes choisies par l'auteur, le lecteur est invité à une leçon d'histoire originale et attrayante.
L'histoire nationale arrivera après, c'est la réalité géographique et historique de l'Europe qui compte avec ses colonisations subies qui ont construit la réalité d'aujourd'hui.
L'auteur ne se contente pas de raconter, il explique son point de vue original et bien construit.
Pour lui la distance physique qui sépare le pape et l'empereur dans de nombreux pays européens en construction et en remodelage a été une source de bienfaits :
« A mon sens, c'est dans ce large fossé, placé dès le départ entre le temporel et le spirituel que germe lentement la laïcité qui n'apparaîtra que des siècles plus tard. Bénissons-le » !
Si les royaumes européens à la Renaissance ont fait la conquête du nouveau monde alors que la Chine, grande « puissance » est restée « l'arme au pied » c'est parce que l'existence de nombreux pays concurrents a créé de l'émulation.
Christophe Colomb va frapper à la porte du Portugal.... éconduit , il tente sa chance en Espagne et finit par convaincre la reine et ses conseillers.
Ce récit est vivant et captivant .
Tous les européens partagent la même histoire, celle des châteaux forts au Moyen -âge, jusqu'aux deux guerres mondiales en passant par la révolution industrielle .
Les guerres de religion d'un côté et les Lumières de l'autre sont au patrimoine des pays européens qui se sont forgés peu à peu en nations découpées par le vent de l'histoire et les rivalités.
Aujourd'hui, l'évolution du monde avec ces super-puissances et les risques pour la planète offre des perspectives effrayantes.

Je partage ce jugement même si je trouve la conclusion europhile de l'auteur un peu optimiste quand il conclut par cette phrase :
« Seuls, face à ces périls, nous ne pesons plus rien. Unis, nous sommes cinq cents millions. »
Est-ce que l'Union Européenne , ultra libérale est une réponse face au réveil des nationalismes exacerbés ?
Je ne le crois pas mais ceci est une autre histoire....

Jean-François Chalot
Condensé de l’Histoire européenne 9 étoiles

Européen de passion pour ses valeurs, sa culture, ses réalisations, son modèle de développement fondé sur la liberté, l’égalité entre citoyens, la protection sociale collective, François Reynaert l’est aussi de raison face aux menaces multiples dont le nationalisme n’est pas le moindre, que seule la force de l’union peut aider à surmonter. En visitant des lieux de mémoire symboliques il parvient à reconstituer un condensé pertinent de l’histoire européenne parfois à l’ironie mordante parfois aussi poignant quand il évoque les désastres suicidaires comme ceux du siècle dernier.
Les racines plus ou moins partagées entre européens sont diverses et profondes :
- chrétiennes à l’évidence quand on voit tant de ces cathédrales, basiliques, abbayes disséminées sur tout le territoire, à condition aussi de se souvenir de l’origine orientale palestinienne du christianisme et d’une évangélisation tardive(1) menée par le sabre et le goupillon
- romaines après les siècles de pax romana sur le sud et autour de la Méditerranée continués par l’utilisation du latin comme langue universelle des clercs et gens cultivés pendant le Moyen Âge
- grecques après la redécouverte des philosophes de l’antiquité traduits par les moines
- musulmanes de par une longue présence arabe en Espagne et en Sicile, plus tard dans le tiers européen de l’empire ottoman, entre les deux par la cohabitation des royaumes chrétiens de Syrie-Palestine
- juives après la dissémination du peuple d’Israël expulsé par les romains, renforcée ultérieurement par la conversion au judaïsme des Khazars de Crimée.
A plusieurs reprises des tentatives d’unification par les empires échoueront : Charlemagne, Charles Quint, les Habsbourg d’Autriche-Hongrie, Napoléon, pour laisser progressivement la place à des pouvoirs monarchiques qui n’auront de cesse de dépasser leurs rivaux. Ce pourrait être l’explication de l’essor prodigieux des européens depuis les Temps Modernes : les grandes découvertes, la révolution industrielle, la colonisation, qui ont fait d’un petit nombre de privilégiés et pour un temps seulement les maîtres du monde au détriment de tous les autres laissés dans la misère.
(1) entre les IVe et XVe siècles seulement

Colen8 - - 83 ans - 29 août 2019