La lumière de la nuit
de Keigo Higashino

critiqué par Darius, le 4 avril 2019
(Bruxelles - - ans)


La note:  étoiles
histoire sociologique du Japon
Cet écrivain que je ne connaissais pas est très prolifique. Au Japon, il a été abondamment primé. Il a une formation d'ingénieur ce qui se ressent dans ce roman.

Quand le roman débute, en 1973, c'est sous la forme d'un policier parfaitement classique : dans un bâtiment en construction, le corps de Kirihara Yosuke, prêteur sur gages est retrouvé poignardé... Il laisse une veuve et un fils de 11 ans, Ryoji..

Les suspects sont : d'abord, sa veuve ainsi que son amant, puis une mère célibataire, qui déposait régulièrement des objets en gage, mais elle meurt intoxiquée dans sa maison, laissant orpheline sa fille Yukiho, 11 ans, .. mais également un homme étrange du nom de Terasaki Tadao, qui la fréquente également.

Cette affaire reste malheureusement non élucidée. La vie s'écoule pendant 20 ans..

A travers son intrigue, c'est toute l'histoire sociale du Japon des dernières décennies du XXème siècle qui se déroule sous nos yeux.

Pour la jeune fille, Yukiho, dont la mère, l’une des suspecte, est retrouvée intoxiquée chez elle, son adoption équivaut à une soudaine ascension sociale, qui lui permet d'intégrer une école privée. Cette ascension sociale se double d'un certain raffinement, car sa mère adoptive est une femme de goût, qui enseigne la cérémonie du thé et l'arrangement floral.
Yukiho acquiert dans ce milieu les traits d'une jeune femme idéale de la bonne société japonaise. Avec l'entrée à l'université se dessine un futur qui passe par un bon mariage avec un homme de bonne famille et au compte en banque solide.

Ryôji , le fils de l’homme assassiné n'a pas eu la chance de quitter les quartiers populaires d'Osaka, et vivote dans un collège miteux. Il n’entrera pas à l’université. Il est cependant doté d'une intelligence supérieure.
Pour arriver à une ascension sociale, il use de moyens troubles : sa liaison avec les yakuzas, son trafic de photos voyeuristes, il joue au proxénète, … Puis il découvre l'informatique – qui devient sa passion, il ouvre sa boutique d’ordinateurs, il pirate des cartes bancaires, des jeux vidéo à succès dont Super Mario Bros… Il découvre aussi le piratage au sens du hacking – s'infiltrant dans des réseaux d'entreprises pour se livrer à de l'espionnage industriel…

Il faudra attendre la fin pour connaître le comment et le pourquoi de cet assassinat, les disparitions et autres décès qui émaillent le roman ainsi que les viols de diverses jeunes filles.
On est un peu noyé sous les noms des protagonistes, je conseille de les noter au fur et à mesure du récit…
Crimes et ascension sociale au Japon 6 étoiles

Polar japonais intéressant qui traite de thèmes importants voire effrayants sur la fin comme entre autre le proxénétisme, le piratage informatique, l'espionnage industriel, la différence des classes sociales au Japon...
Beaucoup de personnages présents dans l'histoire qui s'entremêlent donc attention à ne pas les mélanger.
Le récit devient un peu lent sur la fin.
Les deux protagonistes principaux mènent la danse sur tout le récit et l'on cherche à percer leur secret.
Un bémol pour l'explication donnée par l'auteur sur la manière de procéder concernant le crime du prêteur sur gages.
Même si Keigo Higashino brouille les pistes, on se doute de la fin.

Jordanévie - - 49 ans - 30 juillet 2024


la beauté du diable 10 étoiles

Quelle histoire, mais quelle histoire ! Au fil de quelques 750 pages on suit pas à pas, sans jamais s’ennuyer, la difficile enquête menée par Sasagaki, un policier d’Osaka à la poursuite de l’assassin d’un prêteur sur gages. Son enquête va le mener à découvrir bien d’autres crimes et délits, habilement cachés derrière de banals accidents, commis par un insaisissable personnage aux multiples identités. Mais que vient faire dans cette galère la jeune Yukiho, à la beauté rayonnante, presque trop parfaite dans ses rôles de femme au foyer et de femme d’affaires ? D’Osaka à Tokyo les personnages se multiplient, tissant une toile complexe avec des situations apparemment sans lien les unes avec les autres. La sagacité du lecteur est mise à rude épreuve mais l’auteur, malin, jalonne son récit de multiples indices. Pas de coup de théâtre final, donc, mais une lente progression vers la vision d’une réalité diabolique, effrayante lorsqu’on pense à l’extrême jeunesse de certains protagonistes du drame.

Jfp - La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans - 30 janvier 2022