L'arme domestique
de Nadine Gordimer

critiqué par Tistou, le 6 avril 2019
( - 68 ans)


La note:  étoiles
Genèse d’une défense de la part d’un maître du barreau
« L’arme domestique » a été écrit en 1998. L’apartheid est officiellement aboli depuis sept ans. Si le roman se déroule en Afrique du Sud, le thème lui est plutôt extraterritorial puisqu’il s’agit plutôt d’illustrer, à partir d’un meurtre « domestique » comment un maître du barreau élabore sa stratégie pour venir en aide à son client. Il y a bien une petite partie plus spécifiquement sud-africaine puisque l’avocat en question, Hamilton Motsamaï (personnage que Nadine Gordimer reprendra de manière brève dans le même rôle d’avocat noir introduit dans les cercles du pouvoir quatre ans après « L’arme domestique » dans « Un amant de fortune ») est noir, a fait son éducation juridique et ses premières armes en dehors de l’Afrique du Sud, apartheid oblige, et que ça constitue un élément original de la narration. Mais, pour l’essentiel, Nadine Gordimer dissèque, selon la précision et la pertinence psychologique qui la caractérisent le bouleversement qu’un meurtre commis par un de ses enfants peut générer chez les parents et comment un avocat comme Hamilton Motsamaï procède pour sauver la peau de son client.
Duncan Lindgard est un jeune trentenaire, blanc aisé, exerçant dans un cabinet d’architecture. Pour ses parents, Claudia, la mère, médecin et Harald, le père, membre dirigeant d’une société d’assurances, le monde s’écroule un vendredi soir lorsqu’un ami de Duncan vient sonner chez eux pour leur annoncer que Duncan vient d’être arrêté pour suspicion de meurtre par arme à feu envers un de ses amis. Toute cette problématique est parfaitement mise en scène par Nadine Gordimer : réaliser que son enfant est devenu ce qu’on appelle communément un criminel est effectivement quelque chose d’indicible. Puis rentre rapidement dans le jeu Hamilton Motsamaï, gloire montante du barreau sud-africain même si noir (l’apartheid a été aboli réellement très peu de temps auparavant).
Nous allons suivre la façon de raisonner et de procéder de cet avocat, de manière directe mais également via le filtre émotionnel des deux parents et c’est un bonheur de lecture sensible. Le genre qui vous fait vous sentir plus intelligent après lecture qu’avant.
Elle ne l’avait pas volé son Nobel de Littérature notre Nadine Gordimer !