Déportation et génocide : Entre la mémoire et l'oubli
de Annette Wieviorka

critiqué par Veneziano, le 7 avril 2019
(Paris - 47 ans)


La note:  étoiles
Se souvenir des disparus et réparer les vivants
Cette historienne et directrice de recherche, spécialisée dans la Seconde guerre mondiale, a écrit à plusieurs reprises sur Auschwitz, pour livrer ici un essai long, dense et touffu sur la déportation et plus particulièrement le génocide juif. Elle présente les motifs de déplacement forcé et leurs modes, pour décrire ensuite les conditions d'existence et d'exécution dans les camps. S'est posée ensuite la question du retour des survivants. Il a été constitué un ministères des Réfugiés, qui a donné sa priorité dans un premier temps aux revenants du travail obligatoire. De surcroît, le silence de ces citoyens, le peu de témoignage a retardé la prise de conscience, et ce n'a été qu'à partir des années 1970 qu'ils ont été consignés à profusion, le devoir de mémoire s'étant instauré progressivement, malgré des manifestations du souvenir dès la Libération.
Cet ouvrage dense montre la complexité d'un phénomène et de son traitement administratif après la libération des camps. Le processus est analytique, descriptif, structuré, suffisamment distancié pour éviter l'emprise de l'émotion, comme l'exige le traitement en sciences humaines. Ce livre, à la lecture inévitablement assez rude en raison du sujet, s'avère fort riche et pédagogue, et permet de maîtriser mieux un sujet qui mérite autant de précisions et rappels. Il me paraît fondamental, en soi en raison du devoir de mémoire, plus particulièrement à l'heure d'une tendance certaine au repli sur soi. Je le conseille vivement.