Les sentinelles du soir
de Hélie de Saint Marc

critiqué par Maranatha, le 27 avril 2019
( - 52 ans)


La note:  étoiles
Qu'est-ce qu'un chef ?
C'est la question que pose Pierre De Villiers dans son dernier livre, je lui dirais que HDSM pourrait servir d'exemple pour définir ce dont il s'agit.
Résistant durant sa jeunesse il est déporté à Buchenwald où il va souffrir, dépérir.
Il en sortira vivant mais, comme on l'imagine, meurtri pour le restant de sa vie. Engagé dans la Légion Etrangère, il va servir au Vietnam, puis en Algérie. Il participera au Putsch des généraux par conviction.
Il sera jugé pour ce fait, sera puni de 10 de réclusion et sera gracié environ 5 ans plus tard.
Au firmament des modèles HDSM doit incontestablement briller de mille feux. Il évoque ces épisodes de sa vie avec sérénité, aucune haine, pas de regrets, pas de remords. Beaucoup de compassion pour ses frères d'armes tombés au combat, pour les résistants Viet que la France a lâchement abandonnés aux tortures et sévices de l'ennemi. Il évoque un peu l'Algérie, son choix, les pressions subies par les ministres Mesmer et Debré sur le procureur. Il évoque sa vie d'homme, la vie, la religion, la mort qui s'approche. C'est un livre court mais très fort, le récit d'un homme qui a eu mille vies, a perdu ses hommes au combat. Un homme conscient de sa responsabilité en tant qu'officier militaire, il incarne le sens du devoir, de la réserve, et surtout de l'honneur. Des hommes qu'on ne voit plus de nos jours, il y en a certainement encore, mais ils sont peu médiatisés. Un homme avec de l'épaisseur, du cuir. On se sent vraiment ridicule lorsqu'on lit ce genre de biographie. Un livre coup de poing qui restera gravé dans ma mémoire. Pour ne rien gâcher le style est agréable et l'auteur fait preuve du sens de la formule mâtinée d'une touche de poésie virile.