Il faudrait sortir le chien
de Tomislav Zajec

critiqué par Pucksimberg, le 28 avril 2019
(Toulon - 45 ans)


La note:  étoiles
Une pièce de théâtre croate qui a rencontré un vif succès
Un homme qui a disparu raconte une de ses journées durant laquelle il discute avec son père et avec une femme qu’il a connue par le passé et abandonnée. Il n’a jamais rien partagé avec ce père avec lequel il parlait peu. Ce dernier lui apprend qu’il a eu une maîtresse. Cette femme qui a refait sa vie n’attend plus rien de lui, mais apprécie dialoguer tout de même avec celui qui a été son petit copain. Cet homme semble vouloir avoir la conscience tranquille, non pas en réparant ses erreurs, mais en renouant avec ces êtres qu’il connaît mal finalement. Et puis il y a peut-être une autre raison …

Cette pièce de théâtre croate est très réussie et se lit avec une grande facilité. Elle se compose de 21 séquences plutôt courtes au rythme vif. Les répliques sont courtes et fusent. Les conversations sont ainsi naturelles et rappellent au lecteur des questionnements et inquiétudes que lui-même auraient pu avoir. Le début de certaines scènes est assez troublant car l’homme parle de lui-même à la troisième personne du singulier. Ce phénomène de distanciation donne l’impression qu’il est observateur de ce qu’il a été. Tomislav Zajec, dramaturge croate de qualité, n’a pas donné de nom à ses personnages. L’identification est donc facile et les problèmes rencontrés par les personnages sont universels : un fils et un père qui ne communiquent pas, un amour à sens unique, la vieillesse, les secrets de famille, l’adultère … Cette pièce souligne aussi la difficulté à être et à savoir vraiment qui est l’autre. La préface et la postface donnent pas mal de clés pour entrer dans cette œuvre et pour l’interpréter. L’homosexualité serait l’une des clés apparemment …

La pièce est vive. On ne s’y ennuie pas. Les dialogues sont tous efficaces, simples et ancrés dans des situations communes. La pièce est touchante et plus on avance dans l’œuvre et plus les faits s’éclairent et font sens. Derrière la simplicité de ces discussions, l’œuvre touche des sujets profonds auxquels nous serons sans doute tous confrontés.