Discours de réception d'Amélie Nothomb à l'Académie royale de Belgique accueillie par Jacques...
de Jacques De Decker, Amélie Nothomb

critiqué par Catinus, le 28 mai 2019
(Liège - 73 ans)


La note:  étoiles
Excellents évidemment
Comme il fallait s’y attendre deux beaux textes dont voici des extraits.

* Du discours de Jacques De Decker

- ( à propos d’Amélie Nothomb) Cette face tient à votre élégance naturelle d’un côté et à votre style Fifi Brindacier de l’autre, marginale déclarée, déboulonneuse résolue de certitudes, humoriste de haut vol, mélange de clown blanc et D’Augustine (un prénom en A que je vous suggère), illustratrice par excellence de cette politesse du désespoir qui fait de la drôlerie une exercice spirituel dans tous les sens de l’adjectif.

- Vos points communs avec Simenon n’ont d’ailleurs pas échappé à votre désormais confrère Jean-Luc Outers qui disait à votre propos : « Car c’est bien à Simenon qu’il faut comparer le phénomène Nothomb : une patte identifiable entre toutes, une griffe même, un talent fabuleux de narratrice, une écriture concise et fulgurante, une inépuisable énergie, un sens des dialogues, des situations et de la mise en scène, y compris d’elle-même, un don de se faire tout à la fois désirer, haïr et aimer des médias … »

* Du discours d’Amélie Nothomb

- Quand un problème me tombe dessus, ma stratégie consiste toujours à chercher, dans mon actualité immédiate, un autre problème encore plus grand. C’est un procédé très efficace qui entraîne aussitôt cet allégement paradoxal : « De quoi te plains-tu ? Ta vie est de toute façon insurmontable, alors un peu plus ou un peu moins ! » J’ai baptisé ce stratagème le « Au point où on en est ».

- Ce qui fait qu’un texte est beau, ce n’est pas tant qu’il soit bien écrit, c’est qu’il soit habité.
Vers un texte limpide, vers une défense de la beauté 8 étoiles

Achat inattendu de ma part ce petit texte mais un petit régal à la fin. Après les phrases sélectionnées par Catinus, la curiosité m’avait piqué. Les mots de Mlle Nothomb pour rendre hommage et respect à Simon Leys, dont elle occupe à présent le siège dans l’Académie Royale en Belgique, soulignent l’importance d’un écrivain, pour se désigner comme tel, d’être clair, direct, d’arriver à offrir un texte limpide et moi j’ajoute que cette limpidité doit emmener le lecteur vers la beauté. L’écrivaine rend hommage au Simon Leys en écrivant, en écrivant elle le rend encore vivant.
Voici mes phrases du discours à garder :

- On sent que chez Leys, cette clarté relevait d’une très haute exigence morale : à ses yeux, un écrivain pas clair n’était pas seulement un mauvais écrivain mais une mauvaise personne.

- … ce n’est pas que les gens ne remarquent pas la beauté, c’est qu’elle leur est insupportable.

Ogorodrigues - - 48 ans - 4 octobre 2020