Le sexe à Rome (100 avant J-C - 250 après J-C)
de Denis-Armand Canal, John R. Clarke, Michael Larvey

critiqué par Sahkti, le 23 juin 2004
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Une époque sans tabous
Saviez-vous que le mot pornographie a été inventé par un archéologue allemand stupéfait du nombres de phallus en forme ornant les murs de Pompéi. Dans la Grèce antique, Pornai désignait les prostituées et pornographie devient le terme désignant l’écriture de la prostitution.
Aujourd’hui, ce terme a une connotation plus négative, laissant loin derrière nous la liberté et la non culpabilité qui se dégageaient des pratiques sexuelles de la Rome antique. Pas de tabous ou de transgression à l’époque mais une liberté totale et l’épanouissement ad hoc à travers une sexualité considérée comme très naturelle.
Dans ce beau tour d’horizon offert par John Clarke, force est de reconnaître que chez les Romains, pas de catégories ou de groupes sociaux distincts les uns des autres par leurs mœurs sexuelles. Chacun faisait comme il en avait envie, avec qui il voulait. Outre les nombreux renseignements historiques présents dans ce livre, de nombreuses photographies et illustrations accompagnent le texte. Indubitablement, le sexe faisait partie intégrante de la vie quotidienne et fut représenté dans l’art sous toutes ses formes (par exemple, un vase dit de Lyon, où un homme s’accouple avec une femme en levrette tout en conduisant un bateau, original et assez bel objet). Certaines représentations peuvent sembler impudiques ou crues, elles sont le reflet de la mentalité d’alors, ni contraintes ni limites.

Ce livre est un bel objet, La Martinière a une fois de plus réalisé un beau travail d’édition. Outre cet aspect éditorial, il est intéressant à plus d’un titre : les illustrations fournissent de précieux témoignages sur l’art et la vie à l’époque romaine ; les textes enrichissent notre culture et l’un de l’autre, cela permet de prendre pleinement conscience des différences de cultures et de mentalités entre cette époque et la nôtre. Pas besoin alors de revendiquer ou d’affirmer, tout était naturel. Alors qu’aujourd’hui, sous des prétextes de tolérance et d’ouverture, il existe ce besoin de plus en plus important d’affirmer sa nature et sa préférence, prouvant implicitement par là que notre société est décidément bien coincée. Attention, je ne prône pas ici la libération sexuelle à tout va mais ce regard que l’on peut ainsi porter sur nos prédécesseurs nous démontre, si besoin en était, que ce que nous prenons pour une avancée sociale n’en est peut-être pas réellement une.
D'intéressants passages 7 étoiles

Ce beau livre, richement illustré, fait le tour de la question. Il se divise en plusieurs chapitres dont : le sexe dans les maisons de plaisirs / homosexualité, hétérosexualité, bisexualité, etc. / comment détourner le mauvais œil. Surtout intéressant quand l’auteur aborde des sujets coquins.

Extraits :

- Rappelons ici que ces habitudes sexuelles ( avec par exemple des esclaves ou des gens du peuple mâles et femelles) – sans doute choquantes à nos yeux – n’étaient nullement des cas de conscience pour les élites romaines puisqu’il s’agissait de rapports entre partenaires inégaux : juridiquement parlant c’était une relation sexuelles entre propriétaire et sa propriété.

- Un adolescent de naissance « libre », donc inaccessible aux relations sexuelles, portait jusqu’à seize ans une amulette d’or ou de cuir en forme de petite boule (bulla) attachée au cou et une toge spéciale (dite praetexta).

Catinus - Liège - 73 ans - 5 mars 2020