Les invisibles
de Roy Jacobsen

critiqué par Clacla44, le 15 juin 2019
( - 36 ans)


La note:  étoiles
Un univers sauvage
Voici un roman qui m'a emmenée sur une île de la Norvège. Le récit n'est pas clairement daté, on peut penser qu'il se déroule au début du 20ème siècle. Les personnages y sont isolés. Les conditions de vie sont à la fois simples et sommaires. Le temps s'égraine doucement et sûrement. Les générations passent. Le rapport à la nature y est incontournable. Nous découvrons comment les habitants arrivent à vivre avec cette nature, à la fois nourricière et meurtrière. C'est un univers très prenant. Je me suis sentie transportée là bas, le dépaysement était total. Je me suis identifiée à chaque personnage. Très beau roman.
Très beau roman norvégien 9 étoiles

Je plussoie Clacla44, la critiqueuse principale du livre, c’est un très beau roman. J’ai adoré. Un roman tout en lenteur mais qui ne traîne pas, qui sait faire succinct sans perdre l’essentiel, qui est court (299 pages), mais sait raconter une histoire familiale sur 2 générations. Une écriture intimiste, concise, qui conte beaucoup en peu de mots, sans presque de dialogues. Des chapitres le plus souvent courts, qui retracent des tranches de vie dans l’ordre chronologique d’une famille de pêcheurs, seuls habitants d’une petite île dans le nord de la Norvège il y a une centaine d’année (aucune date n’est donnée).

Car l’auteur est norvégien et écrit sur son pays. J’ai acheté ce livre car il me semblait une invitation à quelque chose de nouveau, à découvrir un ailleurs, et cela a été effectivement le cas. Je ne regrette pas du tout mon achat. C’est un livre très humain, qui reconstitue la dure vie de travail incessant d’une famille de pêcheurs pour lutter constamment contre les éléments, la mer, les tempêtes, le terrible froid de l’hiver, les coups du sort, et les tensions familiales. Une lutte pour la vie et la survie, sauver les récoltes, trouver de l’eau, s’occuper des animaux, pêcher le poisson… Des enfants (Ingrid, Lars, Félix, Suzanne) grandissent dans ces conditions et les adultes (Martin, Hans, Maria, Barbro) essaient de les améliorer , ces conditions. Malgré tout, ce qui ressort principalement de cette histoire, c’est que la solidarité familiale reste toujours la plus forte, malgré les défaillances humaines, les accidents, les coups du sort, les morts. Le courage et la résilience ne sont pas des vains mots, ici. Ni l’entraide et le soutien sans faille, même envers des enfants qui ne sont les siens mais qu’on adopte quand même et qu’on élève comme les siens.

On apprend des choses, la pêche dans les Lofoten (j’ai été chercher où ça se trouvait !), le fait que les familles se déplaçaient naturellement en bateau d’un point à l’autre comme nous à pied ou en voiture, certains traits culturels sexistes, et les pratiques des asiles psychiatriques d’alors. Et bien d’autres choses, tout ce qui a trait à l’école, aux bateaux, aux relations, à l’église, au commerce,… Toute une époque et un lieu que l’auteur nous fait revivre à travers la vie d’une famille qu’on s’attache à suivre avec plaisir. Une réussite.

J’aurai donné 5 étoiles à ce livre sans hésiter, si je n’avais trouvé que l’auteur avait donné un coup de pouce artificiel sur certains éléments de son histoire. Cela m’a paru manquer de crédibilité, même si j’ai toujours autant savouré ce qu’il en racontait. C’est un peu dommage, mais ce n’est que mon avis.

Il semblerait que ce livre soit le premier d’une trilogie et que « Mer blanche » est le second tome, traduit en français. Je le note, pour le lire plus tard.

Cédelor - Paris - 52 ans - 6 janvier 2021