De chair et de sang
de Michael Cunningham

critiqué par Renald, le 23 juin 2004
( - 65 ans)


La note:  étoiles
Une famille américaine
Michael Cunningham raconte l’histoire de la famille Stassos de 1935 à 2035 ans. De chapitre en chapitre et d’année en année les personnages prennent la parole et tracent un portrait d’eux même et de leur vie.
Malgré la domination tyrannique et violente de Constantin le père ( émigré et modèle de la réussite à l’américaine ), chacun des enfants WILL, ZOE, SUSAN et MARY la mère vont devoir trouver une solution pour vivre dans le rejet ou l’imitation du modèle familial.
J’ai été particulièrement intéressé par le personnage du père dont les premières descriptions en début de roman sont essentielles. La mère Mary va devoir changer au cour du roman. Elle devra quitter Constantin et accepter les choix de ses enfants et son amitié sincère pour Cassandra un travesti ami de Zoé. Will le personnage central du roman n’aura pas d’autre alternative que de quitter la famille et vivre à New York pour vivre son homosexualité et rencontrer Harry . Il sera proche de sa sœur Zoé et l’aidera à supporter le sida et prendra en charge son neveu Jamal.
C’est un livre sur la tolérance et le respect des choix de chacun, sur l’influence de l’éducation et des liens familiaux sur nos existences et la difficulté de s’en séparer. Chacun des personnages est regardé sous différents angles, à des moments différents de leur vie cela donne de la profondeur au roman . Michael Cunningham nous montre avec beaucoup de talent que rien n’est jamais totalement acquis et déterminé tout évolue et change en permanence. J’ai trouvé la fin du roman particulièrement émouvante. Dans un même et avant dernier chapitre Michael Cunningham réunit Will, Mary, Jamal et Harry au cours d’une visite de New York, il interrompt son récit pour nous donner dans un court paragraphe le destin de chacun des personnages du livre puis la visite de New York reprend. Grâce à cette ellipse temporelle il termine son roman, répond à nos questions et souligne l’importance du moment présent. C’est un roman intelligent et d’une grande finesse d’observation. Je vous conseil également « les heures » et » La maison du bout du monde « ( critiqué sur le site ) on y retrouve la même qualité d’écriture et de construction romanesque.