Michel Onfray publie beaucoup, et après la lecture de quelques uns de ses livres, on commence à connaître ce qu'il faut bien appeler sa rengaine: contre le judéo-christianisme, contre l'idéalisme platonicien, pour Nietzsche et si possible pour un nietzschéïsme de gauche.
Dans le cas présent, donc, une "Théorie du corps amoureux", sous-titrée "Pour une érotique solaire". Revoilà le côté pamphlétaire de l'auteur, le trait rageur, tellement rageur qu'on se demande dès lecture du titre s'il n'y a pas amalgame entre "amoureux" et "érotique". Pour Onfray, apparemment non, tant il puise dans la philosophie matérialiste de l'antiquité. Cette idée d'un corps libéré des restrictions religieuses ou idéales est évidemment convaincante, mais on se demande aussi si Onfray n'est pas (encore une fois) en train d'enfoncer des portes ouvertes; il faudrait être sacrément intégriste, à l'heure actuelle, pour soumettre sa vie amoureuse aux principes d'un Saint Augustin ou d'un Paul de Tarse.
Les chapitres les plus intéressants sont d'ordre historique: l'évolution de l'épicurisme, à l'origine une théorie pas si éloignée du stoïcisme auquel on l'oppose fréquemment, et qui est devenu au fil des siècles un art de vivre hédoniste. Ensuite le rappel d'une pensée féminine, qui a évidemment toujours existé, mais qui a été occultée sciemment par la doxa philosophique jusqu'à une époque très récente. Sauf qu'Onfray n'en fait pas grand chose.
Ce qui agace, c'est encore une fois ce fourvoiement étymologique, cette étrange idée que la vérité d'un mot réside dans un sens plus ancien, voire dans son sens premier et non pas dans l'usage actuel. Et finalement, faut-il réellement théoriser l'érotique, solaire ou lunaire, et de ce fait créer d'autres restrictions? Comment dit-on déjà, chez Nike? Just do it.
Gryphon - Mexico DF - 60 ans - 1 septembre 2009 |