Méridien de sang de Cormac McCarthy

Méridien de sang de Cormac McCarthy
(Blood Meridian, or the Evening Redness in the West)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Jules, le 26 février 2001 (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 18 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 771ème position).
Discussion(s) : 2 (Voir »)
Visites : 15 556  (depuis Novembre 2007)

Un univers éclaté

« Il observe, pâle et pas lavé. Il ne sait ni lire ni écrire et déjà couve en lui un appétit de violence aveugle. Toute l'histoire présente en ce visage, l'enfant père de l’homme. »
Voici une des phrases de la première page. Le ton est donné d’emblée. Il sera question de violence, mais avec quelle écriture !…

L'histoire racontée dans ce livre se passe dans les années 1850. La guerre entre les Etats-Unis et le Mexique vient de se terminer. Nous sommes dans le Sud, proche du Mexique. Une bande d’anciens soldats, de criminels divers, de personnages au passé pour le moins trouble, se constitue. Ils passeront au Mexique où ils seront payés par des gouverneurs d’états pour tuer un maximum d'Indiens. La prime est fixée par scalp. Ils tueront donc tout indien qui bouge ou vit. Un enfant vaut le prix d’un ou d’une adulte. On tue !. On accroche les scalps à la selle et, quand leur nombre est suffisant, on descend sur la ville du gouverneur. Celui-ci paye et c'est la fête. Pas pour tout le monde et pas pendant longtemps !… La beuverie tourne souvent en bagarre générale et la ville se terre. Quand les choses vont trop loin, le gouverneur les menace de son armée et ils partent à nouveau. Des hommes au cerveau éclaté !... Des bêtes suantes et puantes collées sur un cheval, une arme à la main et sans conscience aucune...
Mais…écoutez cette phrase, son rythme, sa puissance : « Cavaliers fantômes, pâles de poussière, anonymes dans la chaleur crénelée. Avant tout on eût dit des êtres à la merci du hasard, élémentaires, provisoires, étrangers à tout ordre. Des créatures surgies de la roche brute et lâchées sans nom et rivées à leurs propres mirages pour s’en aller rapaces et damnées et muettes rôder comme les gorgones errant dans les brutales solitudes du Gondwana en un temps d'avant la nomenclature où chacun était tout »… Avouez, ceci n’est pas rien, non ?…
La bande finira par être décimée suite à un combat très dur avec des Indiens. En outre, un conflit va opposer celui qui était « l'enfant père de l’homme », mentionné ci dessus, avec un ancien juge, véritable âme damnée de la bande. La poursuite sera très longue et il est bien vite évident que les choses ne peuvent se terminer que par la mort d'un des deux. Lequel ?.
Oui, c’est un livre « western », cela ne peut se contester… Et, chez nous, ce terme a une connotation plutôt négative. Mais ce qui se passe dans le cerveau de ces allumés n’est vraiment pas différent de ce qui se passe dans celui d'un bon nombre de nos assassins violeurs, voleurs d’enfants, tortionnaires de petits vieux ou petites vieilles pour se payer leur came !. Mais quelle intelligence dans le cheminement de ce livre, quel sens de la psychologie des personnages ! Le décor est une nature qui dépasse l’homme, qui le contemple, comme elle contemple la plus petite vie sur cette terre. Et puis, quelle écriture que celle de McCarthy !. Elle exprime terriblement bien cette nature indifférente, dure, sèche, parfois éclatée comme le cerveau des personnages. Cela vaut la peine de relire certaines phrases. Vous y découvrirez un rythme superbe !
Un homme avec qui notre héros parle de l’extermination des bisons par les hommes dit : « Je me demande s’il y a d'autres mondes pareils, dit-il. Ou si c’est le seul. »
Je n’aime pas la violence, mais j'ai adoré ce livre !

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Un Western écologique et philosophique !

10 étoiles

Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 11 novembre 2017

Romancier et dramaturge américain né en 1932, Cormac McCarthy est l'auteur de nombreux romans, pièces de théâtre et scénario. Le Prix Pulitzer est venu récompenser "The Road" et le roman "No country for Old Men", adapté au cinéma, lui a fait remporter quatre Oscars.
Méridien de sang est un roman western historique publié en 1985, souvent considéré comme le chef-d'œuvre de McCarthy.

La très grande force de roman ne réside pas dans l'histoire, somme toute banale.
Celle d'une bande de soldats de fortune qui -au fil de ses déplacements- pillent, brûlent et massacrent ceux qu'ils croisent.
Des désespérados, ballottés par la vie et qui n'attendent pas grand chose du lendemain.
Commandés par le capitaine Glanton et son second "le Juge", nous suivons un jeune garçon dit "le Gamin".
Ce sont les pires abominations, déviances humaines qui vont forger son expérience au fil des étapes.

Comme souvent avec McCarthy, la flamboyance est là où on ne l'attend pas.
Pas une page sans le sublime d'une description de la Nature.
Pas une page sans de longues (très longues) phrases où tous les sens du lecteur sont sollicités.
McCarthy a ce talent littéraire de créer le sublime dans le chaos et l'horreur.
On se délecte de lire et relire certains passages d'une rare puissance littéraire.

Oui, un très grand roman, un chef d'oeuvre, n'en doutons pas !

Sainteté de sang !

8 étoiles

Critique de Pakstones (saubens, Inscrit le 2 septembre 2010, 58 ans) - 25 avril 2015

Damnation !

Voici le bouquin qui va te retourner l'estomac , sucker !

Welcome to the Far West sans concession sans foi sans loi....
sans toi que moi et ses foutues pages.

Nous sommes en 1850, dans le désert du Texas, happés dans un déluge de violence dans un monde de sauvage où les morts se comptent par milliers.... je crois.

M'en vais me rincer le gosier, old man.
Whisky chap !

Les mexicos , les nègres, les peaux rouges, les cowboys, les soldats .... tout le monde y passe.

Le sanguinaire Juge Holden, le tortionnaire tueur capitaine Glanton, tous deux scalpeurs et collectionneur d'oreilles et un gamin de 14 plombes sont nos guides dans cette lyrique, brutale et sombre histoire.

Un autr'verre, padre.

Livre difficile à lire tout de même, la cause à de trop longues phrases de Mr. Mc Carthy ou alors faut rester à jeun comme moi, ... hum !!!

T'en faut encore pour le lire ?

OK ....Remplis moi encore ce liquide d'or, négro.

Tant pis pour toi.

Des massacres hyper violents proches de l'enfer et pourtant si hypnotisant et captivant, les situations s’enchaînent au fils des pages malgré le manque de suspense et de tension, ICI, une seule et même issue :
la cruauté, le malheur, l’inhumanité, la mort et les ténèbres.

On est loin de John Ford et le gentil John Wayne, de Sergio Leone et ses spaghettis Eastwoodiennes, c'est tout simplement inadaptable.
Et un western interdit -18 ans ? ... Jamais vu !

Alors, pas l'choix, te faut le lir' .... Hombre ..... hips !

Mais uniquement si tu as le cœur bien accroché, pas peur d'avoir des insomnies, pas peur de dégueuler, pas peur de pisser dans la boue, pas peur du juge, pas peur .... du tout quoi !

Vas y chap, prend ton trip mystique, et ressert moi Chico.

P'tit conseil flingueur ..... Garde ton feu prêt de toi, on ne sait jamais !!!!

Welcome to the cruel World.

Méridien de Sang

8 étoiles

Critique de Exarkun1979 (Montréal, Inscrit le 8 septembre 2008, 45 ans) - 7 février 2013

Ce livre porte beaucoup sur la nature humaine. C'est l'homme dans une situation où la seule loi est celle du plus fort. C'est la nature cruelle de l'être humain qui ressort.Ce livre se joue aussi beaucoup sur l'ambiance. C'est une période sale et sombre qui influence beaucoup les personnages qui se laissent aller à leur cruauté. Ces hommes qui sont engagés pour tuer des Indiens qui massacrent des gens deviennent même pires que leur ennemi.

Méridien de Sang est un western très rude qui décrit très bien l'époque où se passe l'histoire. C'est une époque où tout était hostile pour ceux qui n'avaient pas d'argent. On est loin de ce qui est représenté par les films Hollywood avec les bons cowboys qui tuent les méchants indiens. Ici, c'est la loi du plus fort.

La chevauchée sauvage.

8 étoiles

Critique de Grégoire M (Grenoble, Inscrit le 20 septembre 2009, 49 ans) - 3 août 2010

Méridien de sang est le récit âpre et (ultra)violent des errances d’une bande de mercenaires entre le Mexique et les Etats-Unis au milieu du 19ième siècle. Ils seront chasseurs de scalps au Mexique massacrant sans distinction indiens guerriers ou pacifistes. Chaque ville sera le lieu de beuveries monumentales, de sexe et d’affrontements (et d’autres massacres). Par appât du gain, ils iront jusqu’à se faire payer les scalps de paysans et de soldats mexicains. De chasseurs, ils seront à leur tour traqués, allant toujours plus loin, profitant de la désorganisation des états et des frontières pour se relancer dans de nouvelles exactions ailleurs.
De cette bande trois personnages ressortent (les autres mourront tous plus ou moins rapidement), Glanton en chef rude et autoritaire, le gamin, et le Juge, personnage surhumain, d’un physique, d’une connaissance et d’une habileté hors norme, pure incarnation du mal. Un personnage qui n'est pas sans rappeler le tueur psychopathe de No Country for Old Men (l’idée que l’on peut se faire de 400 pages de chevauchée à ses côtés donne une bonne indication de ce que peut être le livre). Comme toujours chez McCarthy, la nature est omniprésente, décor grandiose et désolé, succession de montagnes et de déserts, de villages pauvres ou désertés à cause de la guerre, des sècheresses et des pillages.
Bien qu’il se déroule entre le sud des Etats-Unis et le Mexique, qu’il réunisse indiens et cowboys, il est difficile de classer Méridien de sang comme un Western. Un western est toujours un combat entre le bien et le mal, il met en avant des figures de héros, exalte le sens de l’honneur, les vertus civilisatrices… Or de tout cela, il n’en est pas question dans ce livre, Cormac McCarthy nous offre à contempler le mal seul, face à lui nul opposant (ou si faible) si ce n’est le mal lui-même. Le fait que cette description paraisse plus vraisemblable que bien d’autres fait froid dans le dos.
J’ai cependant du persévérer devant une certaine répétitivité dans l’action et les descriptions (les chevauchées interminables), dans les comparaisons allégoriques sur la nature ou les digressions métaphysique du Juge. Le livre en vaut la peine tant il ne peut laisser indifférent.

Cavaliers des ténèbres

8 étoiles

Critique de Poignant (Poitiers, Inscrit le 2 août 2010, 58 ans) - 2 août 2010

Les tribulations d'une bande de mercenaires tueurs d'indiens aux confins du Mexique et des Etats-Unis, au milieu du 19ème siècle. Riche de différentes personnalités, tels le Gamin ( pas 20 ans, orphelin illettré), Glanton (chef charismatique et dur), le Juge (puits de science au physique monstrueux), un point fédère cette troupe : un potentiel de violence aveugle sans limites.
C'est pourquoi cette bande, après s'être mise au service d'un gouverneur mexicain, sombre dans un parcours meurtrier où indiens, paysans mexicains, cavaliers en tout genre, hommes femmes et enfants sont massacrés pour de l'argent, de la nourriture, pour le plaisir ou par habitude.
Tout cela se déroule dans un contexte de western à la Sergio Leone avec des paysages sauvages et grandioses. Mac Carthy y développe une oeuvre d'un noir intense, sorte de parcours initiatique et mystique dans l'ultra violence et le mal, qui n'est pas sans rappeler « Au coeur des ténèbres » de Conrad, ou "Apocalypse now".
L'écriture est riche, belle et agréable.
Cependant cette description brutale d'une violence sans bornes peut surprendre et choquer. Pas préparé à affronter ce roman, j'en ai d'abord lu 30 pages puis je l'ai refermé pour 6 mois...
Etes-vous prêts à plonger dans cet enfer inhumain où la vie et la mort se côtoient avec lyrisme ?

La chevauchée de l'horreur

6 étoiles

Critique de Jlc (, Inscrit le 6 décembre 2004, 81 ans) - 28 juillet 2010

Le western de la grande époque, celui des années quarante aux années soixante, avait une finalité idéologique : les pionniers ont construit l’Amérique, les cow-boys ont façonné les valeurs du pays et s’il y eut des massacres ou des exterminations, ils étaient souvent présentés comme des accidents de parcours inévitables dans une si grande épopée.
« Méridien de sang » est l’autre côté du miroir avec des hommes sans foi ni loi qui vont tout détruire, y compris eux-mêmes. Partant de faits réels, McCarthy conteste le mythe fondateur. Ici point d’idéologie, point de recherche de nouvelles frontières, seulement tuer, sans nécessité, sans plaisir, sans justification, sans rien. Tout au long du livre, la trame va très peu évoluer, les scènes se succéder sans contrepoint romanesque, sans réelle caractérisation psychologique des personnages qui forment un groupe indistinct. Une fois le premier choc descriptif passé, la violence pour la violence suscite ici plus l’ennui que l’horreur tant l’intrigue est répétitive dans sa monstruosité et son absurdité. Dès lors l’écriture particulière de McCarthy devient agaçante, sa profusion de « et » devient un tic plus qu’un effet de style. Entre réalisme et froideur, il n’y a aucun parti pris de l’auteur qui reste trop distant de son récit En un mot je n’ai pas accroché même si je l’ai lu entièrement.
Car ce livre n’est ni médiocre ni inutile. Il y a des pages splendides essentiellement sur la nature, les décors où évoluent ces barbares sont somptueux mettant en opposition une nature dure mais vibrante et des humains obscurantistes et intolérants. McCarthy sait trouver des accents de tragédie antique quand il décrit ces pantins: « Ils continuaient. Ils allaient comme des hommes chargés d’un dessein dont les origines leur étaient antérieures, comme les héritiers naturels d’un ordre à la fois implacable et lointain. »
Entre la légende telle que la raconte John Ford dans ses films et ce roman basé sur des faits vrais, je choisis sans être tout à fait dupe la légende qui se veut –vérité ou illusion ?- une chevauchée vers une nouvelle frontière plus humaine que géographique.
Mais enfin, ce n’est qu’un avis..

OVNI

6 étoiles

Critique de Lejak (Metz, Inscrit le 24 septembre 2007, 50 ans) - 10 juillet 2010

Méridien de sang est une oeuvre étrange qui ne laisse pas indifférent, c'est le moins qu'on puisse dire.
Je pense qu'il s'agît là d'un roman que l'on adore ou que l'on déteste ... mais pas moi. J'ai eu du mal à le lire à cause des tournures de phrases sans ponctuation. Pas mal de mots reviennent souvent (à moins que le traducteur n'en soit responsable) ... il n'y a pas vraiment d'histoire ... mais pour autant j'ai été séduit. Les récits sont ultra violents, sordides mais tout se passe dans une sorte de mirage. Les personnages évoluent comme dans un rêve (un cauchemar ?) ... je ne sais pas, il y a comme une magie là-dedans.
J'ai beaucoup aimé le passage à l'écran de "La route" et de "No country for old men". Mais ce livre me laisse dubitatif ... je pense donc qu'il me faut en lire un autre pour me faire une opinion de C. McCarthy.
Alors vivement le prochain !

Violent, âpre, mais sublime

10 étoiles

Critique de Bookivore (MENUCOURT, Inscrit le 25 juin 2006, 42 ans) - 22 juin 2008

Je ne suis pas un amateur de romans du genre 'western' (mais j'adore les films westerns, allez savoir pourquoi je n'aime pas en lire, alors...), mais j'ai littéralement adoré ce livre ! McCarthy est en passe de devenir un de mes auteurs préférés. Dur, violent (très), mais vraiment grandiose roman !

Déception...

5 étoiles

Critique de Hereith (, Inscrit le 1 février 2008, 43 ans) - 1 février 2008

Méridien de sang : j'avais entendu beaucoup de bien de ce livre et comme je n'avais encore rien lu de Cormac McCarthy, je me suis dit "allons-y!"...mais voilà, déception. Grosse déception même.

McCarthy est un très bon écrivain, il a une patte à lui c'est clair, mais que de répétitions dans les tournures de phrase ! Rythmer en "et...et...et..." peut être un procédé intéressant une fois ou deux mais sur 400 pages! Un peu usant à la longue.
Le déséquilibre recherché entre la beauté, le feu des images et la syntaxe terrienne, laborieuse, ne m'a pas convaincu. J'aurais bien voulu pourtant.

Il y a un côté étrange et vaguement ennuyeux dans le lyrisme du livre. Les scènes de carnage sont exposées de la même façon que les descriptions de la nature. Vues de loin. De très loin. De trop loin. On sent que le style est hyper-étudié et c'est cette sensation qui est gênante. Loin du présent furieux des actes des personnages, on erre dans la temporalité lâche et distendue de l'étude musicale.

Je crois que McCarthy a voulu rendre la psychologie de ses personnages par le style de la narration, celui d'une errance abrutie et hallucinatoire. Mais au contraire de Faulkner, il n'y a pas de monologues intérieurs ou d'équivalents et les personnages m'ont laissé l'impression de n'avoir pas été développés comme ils auraient dû l'être (notamment celui du juge).

Les premiers chapitres du livre, ceux où on suit le gamin sont les meilleurs. Parce que les plus humbles peut-être ?

choc

8 étoiles

Critique de Peuta (GRENOBLE, Inscrit le 25 juillet 2005, 49 ans) - 16 février 2007

d'accord avec jules : tous ces échanges de critiques sont très intéressants. je l'ai donc lu. je n'ai rien à ajouter de ce qui n'a déjà été écrit ; ultra violent, certainement très réaliste, et d'une écriture... splendide mais déconcertante.

le problème quand on lit ce qtyle de bouquin (un peu comme après avoir lu d. peace ou ellroy) c'est qu'on a beau faire : le reste paraît palot, un peu plus creux.

le dernier de mccarthy (non ce pays n'est pas pour le vieil homme) est plus accessible, pas moins rèche. (bientôt adapté par les frères coen : on en salive d'impatience)

Le sang du mythe

6 étoiles

Critique de Heyrike (Eure, Inscrit le 19 septembre 2002, 57 ans) - 9 octobre 2004

Des hommes venus de nulle part, au passé que l'on suppose terrible, parcourent le Nord du Mexique, traquant et massacrant sans pitié les Indiens pour le compte des potentats locaux.

Ces hommes aliénés par la violence et l'appel du sang, sont menés par deux individus qui, bien que très différents l'un de l'autre, sont unis par un pacte maudit. Glanton, est un monstre sanguinaire qui prend plaisir à tuer sans discernement. Le juge Holden est un personnage énigmatique et érudit, qui assure sa domination sur les hommes par des prédications sentencieuses. Incapable de tolérer que sur cette terre les éléments naturels puissent évoluer sans qu'il n'eut été convié à consentir à l'ordonnancement de ceux-ci dans l'univers, il aspire avec frénésie à la maîtrise de la vie et surtout de la mort ici bas, allant jusqu'à défier les lois immuables de la création, en répandant la mort et la terreur autour de lui.

A l'issue de chaque expédition, ils errent dans les villes, libérées par leurs soins des sauvages avoisinants, pour tenter de se reposer de leurs actes cruels et sanguinaires, mais les débordements de ces barbares enivrés provoquent des affrontements avec la population, qui se terminent, à chaque fois, en véritable massacre. Obligés de fuir sans répit, ils reprennent leur périple, vers le grand nulle part, à l'assaut des moindres villages et voyageurs, indiens et mexicains, qui ont le malheur de se trouver sur leur chemin.

Dans un déferlement inouï de fureur et de violence on assiste aux massacres perpétrés par une horde sauvage assoiffée de sang et à l'inexorable fuite en avant, comme une suite de convulsions macabres, de ceux qui n'ont aucun autre but que de mourir et de répandre la mort, dans le chaos le plus absolu.

J'avais déjà émis certaines réserves, dans ma critique concernant "Le grand passage", sur le style employé par l'auteur et je les renouvelle dans celle-ci. L'auteur possède en effet une écriture puissante, à la limite de l'incandescence, qui pulvérise le mythe de l'Ouest et nous éclaire sur l'histoire d'un continent qui s'est construit à l'aune d'une violence venu du fond des âges et cependant il me semble que l'auteur s'égare trop souvent dans des digressions hasardeuses et des phrases qui manient le non-sens à outrance et entravent le bon déroulement du récit. De plus l'utilisation abusive du "et", en lieu et place de la virgule, ne rend pas la lecture très aisée et l'introduction de nombreuses scènes qui se veulent symboliques n'apportent qu'un peu plus de confusion. C'est pour ces mêmes raisons que je n'ai jamais pu terminer la lecture de "Suttree" et "le gardien du verger".

Actions à la hausse...

9 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 21 octobre 2002

Oui, il semble que mes actions, et celles de la littérature américaine, soient légèrement à la hausse et suivent la tendance générale actuelle du marché... Voilà Persée qui revient sur "La tache" de Philip Roth, et avec brio, Heyrike qui semble avoir fortement apprécié "Affliction" de Russell Banks et enfin Pendragon qui fait pencher la balance en ma faveur à propos du "Méridien de sang" de McCarthy (ce dont je le remercie d'autant plus que je le sais objectif). D'accord, il lui donne 4 au lieu de mes 4.5, mais un 4 de lui cela vaut son pesant d'or et nous n'allons pas discuter pour un fifrelin !
C'est vrai que McCarthy en veut aux virgules, et c'est voulu. Au début, cela m'avait aussi chipoté, mais Hemingway ne les aimait pas beaucoup plus ! Chapeau d'ailleurs pour sa phrase "imitation" qui ne m'a cependant pas été difficile à suivre... On pourrait dire beaucoup de choses sur l'écriture de McCarthy, mais Céline et Proust sont-ils plus faciles à lire ?... Les phrases interminables de Proust, si longues que nous ne savons plus de quoi il parle, ni où il veut nous mener. Celles hachées, éructantes, vindicatives, allant toujours gratter plus loin, entrecoupées de !... et de ... de Céline. Tout un programme ! Mais quel programme !...
Cette discussion est vraiment l'illustration de ce que j'espérais trouver dans critiqueslibres ! De mon avis, ou non, mais un échange d'idées à propos de bons livres avec des gens qui lisent et aiment en parler. Et vive ce site !

Précision.

4 étoiles

Critique de Patman (Paris, Inscrit le 5 septembre 2001, 62 ans) - 21 octobre 2002

Ce n'est pas tant le contenu du livre qui m'a rebuté, mais essentiellement son style. Ces successions de petites phrases immédiatement suivies de longues tirades à la ponctuation énigmatique, qu'il faut parfois relire trois fois tant elles paraissent abscones. C'est ça qui m'a empêché d'aller plus loin que quelques chapitres...je conçois bien que certains aiment ce style, moi, j'accroche pas, voilà tout.

Sans foi ni loi

8 étoiles

Critique de Pendragon (Liernu, Inscrit le 26 janvier 2001, 54 ans) - 20 octobre 2002

Effectivement, ce roman est loin de sentir l’eau de rose ! Je le comparerais un peu au Seigneur des Porcheries qui, lui aussi, nous montre l’envers du décor, l'univers des paumés et des laissés pour compte et leur façon de survivre.
Ce roman est bien loin des westerns tels que nous les voyons au cinéma ou à la télévision où les cow-boys sont toujours si propres et si soignés qu'on pourrait les croire sortis de trois bains quotidiens. Non, ici, rien de tout cela ! La vision est à mon sens bien plus réelle, plus réaliste : la majorité des gens de l'époque était une bande de ruffians qui portaient toutes leurs possessions sur leur dos et c'est tout ! Le bain, la brosse à dent ou la brique de savon étaient tout simplement bannis de leur vie ; de temps en temps, il y avait la rivière et puis point.
Non, ce n’est pas un Lucky Luke, ce n’est pas un Sergio Leone et c'est encore moins un John Wayne avec ses chemises repassées à chaque moment de la journée, c'est la tragédie quotidienne de ceux qui n'ont rien et qui doivent survivre. Et de petits boulots en petits boulots, on finit par se retrouver au sein d'une troupe d’autres paumés et on chasse le scalp !
Et entre nous, ce genre de bandes de paumés existent toujours, mais ceci est une autre histoire.
Quant à la violence, ma foi, je ne la trouve pas plus horrible ou plus exacerbée que dans American Psycho, que du contraire, car ici elle est, en partie du moins, justifiée !
Par contre, le style me laisse un peu dubitatif, je n'aime pas trop cette façon d'écrire qui part dans tous les sens. Certes, les phrases sont belles et noires et profondes, mais diable, qu'elles sont alambiquées et écrites avec un beau mépris de la ponctuation ! C'est fouillé, d’accord, mais c'est aussi du fouillis ! Je tirerai donc sur les rênes de ma cote à cause de ce manque de virgules !
Non mais c'est vrai quand même et ce n'est pas évident de devoir lire une phrase qui se veut longue et descriptive et alambiquée et recherchée et pleine de sens et de non-sens et de devoir essayer de s’y retrouver dans cet amalgame de mots tant des substantifs que des verbes ou des adjectifs qui forment tous cette phrase si longue qu’elle s'étire infiniment le long de la page qui s'étiole et traîne en longueur cette suite d’encre comme un mulet pourrait tirer son chargement de charbon si noir que le diable lui-même pourrait s’y refléter si tant est qu’il ne soit point occupé à se ressasser du spectacle de tous ces morts qui s’effacent de la surface de la terre en laissant un râle ou un souffle rauque en même temps qu'une gerbe de sang aussi rouge que l'encre de la feuille ou le charbon que le mulet tire dans sa charrette est noir.
Cela dit, le troisième avis attendu penche plutôt du côté de Jules, c’est un très bon roman, dense, noir et réel qui nous montre une version non édulcorée de la vie du Far West américain, avec de temps à autre le clin d’oeil psychologique de l'affrontement du Juge et du Gamin au travers de situations qu’il est léger de qualifier de « particulières ». Cela vaut la peine d'en prendre connaissance !

Réponse à Patman

9 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 17 octobre 2002

Il est, bien sûr, tout à fait permis de ne pas aimer ce livre !... Il y en a bien que je n'aime pas alors que d'autres oui et pour des raisons aussi valables que les miennes ! Ma critique parle bien de "cerveaux aussi éclatés que la nature décrite" ainsi que d'un livre contenant beaucoup de violences. Il n'empêche, je crois que les deux ou trois phrases que j'ai citées (et il y en a beaucoup d'autres du même genre) laissent deviner une sorte de western, bien sûr, mais vraiment pas celui de la guéguerre entre le bon, la brute et le truand (que j'ai beaucoup aimé par ailleurs comme tous les Sergio Leone). Ici, c'est autre chose et mes citations le prouvent. Il y a aussi un autre univers: celui du regard du narrateur, des questions qu'il se pose, des réponses qu'il tente de donner. MacCarthy n'est pas Lucky Luke et il ne se contente pas de rattraper une fois de plus les Dalton puis de partir en chantant "I am a poor and lonesome cow-boy" sous un superbe coucher de soleil... A mes yeux, ce livre n'était vraiment pas un bouquin de femme. Or, à mon plus grand étonnement, une bonne copine à qui j'avais parlé de MacCarthy (mais celui du Grand Passage) a acheté "Le méridien de sang" !... Non seulement elle l'a terminé mais elle l'a adoré !... Elle avait trouvé cette écriture "une pure merveille" !
Je respecte bien sûr ton avis et il ne vaut vtaiment pas un duel !... J'ai autant d'estime pour celui de Pendragon et j'espère, dans le fond de moi-même, qu'il aimera. Mais au cas où son avis venait à être différent du mien, il va de soit que je ne changerai pas d'un iota !


Tirez pas sur le pianiste !

7 étoiles

Critique de Pendragon (Liernu, Inscrit le 26 janvier 2001, 54 ans) - 17 octobre 2002

Bon ! Je viens d'acheter ce bouquin suite à l'excellente critique de Jules et voilà que Patman le descend en flèche (d'indiens). Je voulais commencer un bon petit Sollers, mais je crois que me voici obligé de lire celui-ci pour départager mes dos amigos... Rendez-vous dans 400 pages, nom d'un coyote !

Duel au soleil.

3 étoiles

Critique de Patman (Paris, Inscrit le 5 septembre 2001, 62 ans) - 17 octobre 2002

Je sais Jules, tu vas m'étriper, mais bon, nous nous retrouverons le colt à la ceinture à midi au milieu de la grand rue. Mais voilà, j'ai pas tenu plus de quelques chapitres... je m'attendais à un bon gros western classique, genre OK Corral et je tombe sur ce texte "brut" (et brute). Ben voilà, j'ai pas aimé, pas du tout,...sorry, Old Chap !

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