Métamorphoses de l'amour
de Nicolas Grimaldi

critiqué par Grandgousier, le 21 août 2019
( - 59 ans)


La note:  étoiles
"J'entends dans mes entrailles votre cœur qui bat"
"J'entends dans mes entrailles votre cœur qui bat" dit Mésa à Ysé dans "Partage de midi" de Paul Claudel.
Nous voilà au cœur de "Métamorphoses de l'amour" de Nicolas Grimaldi et de ce paradoxe: "l'amour nous fait éprouver comme nécessaire ce qu'il y a de plus contingent, et comme incomparable la plus banale personne".
Car "on n'aimerait jamais personne si c'était par des qualités que l'amour fût déterminé, puisque celles qui susciteraient notre inclination seraient toujours moins nombreuses que celles qui nous en retiendraient". Or même le ressort de l'amour serait-il le fruit de ce calcul, de cette pesée des qualités, dans ce cas "Pascal a raison de se demander si le prince charmant serait aussi irrésistiblement aimé quand il aurait perdu son trône et après que son charme se fût éventé". Mais l'amour ne fonctionne pas comme cela nous dit Grimaldi, nous n'aimons pas une personne du fait du charme, de l'agrément ou du plaisir que nous en attendons, mais "par la secrète attente que nous devinons en elle et que nous voudrions combler". Autrement dit, "l'amour exprimerait un désir de vivre plus intensément en sentant notre vie en réparer ou en ranimer une autre (...) Le merveilleux, c'est la possibilité de sentir sa propre vie bouleversée d'en bouleverser une autre".
Et donc "Cette fusion des âmes fait de la personne aimée la dépositaire et la gardienne de mon image, le gage de mon identité et moi de la sienne car quoi qui puisse m'arriver rien ne pourra entamer en elle l'image qu'elle a de moi. Me voici donc abrité en elle de toutes les mésaventures et de tous les dangers. Quoi qui puisse m'arriver, en elle rien ne m'arrivera".