« Il y en a qui ont besoin de faire du sport. Il y en a qui boivent, qui sortent faire la fête. Moi, j’ai besoin de partir C’est nécessaire à mon équilibre. Si je reste trop longtemps, sans partir, j’étouffe. Et je vois que c’est pire depuis que je garde des traces des gens que je rencontre. Je vois ma pile de photos qui augmente. Ma liste d’adresse qui s’allonge. Ca devient compulsif. J’ai toujours envie qu’il y en ait plus"
« Les échanges de regard, l’importance de cette entente discrète, à peine un sourire par lequel il entrait un contact avec un automobiliste au visage sympathique, prenait rendez-vous avec lui. (.) L’automobiliste et l’autostoppeur à partir de ce moment liés. Traversés par cette même pensée : dans quelques minutes à peine, nous serons assis côte à côte dans le même habitacle, nous nous parlerons, nous raconterons mutuellement nos journées, échangerons nos points de vue sur la vie, en saurons plus sur l’un l’autre que n’en savent certains de nos amis les plus proches. »
« L’impossibilité d’échapper aux sens de l’autre. L’impossibilité symétrique de soustraire ses propres sens à la présence physique du voisin. Au volume de son corps. Chacun des deux passagers mis à nu. Prisonnier du même air confiné que son voisin. Condamnés à partager chaque sms, chaque appel, chaque velléité d’appel. Le même huis clos qu’à bord d’un petit bateau mais sans l’échappée du grand large. »
Ce livre a fait écho chez moi, car j’ai pratiqué l’autostop de l’Espagne aux USA. Raison pour laquelle dans mon analyse, j’ai uniquement privilégié les motivations et les rencontres de l’autostoppeur.
Car, bien sûr, il y a aussi l’histoire d’amour, l’autostoppeur est père d’un petit garçon, Augustin, qu’il a eu avec sa compagne Marie. Mais ils ne sont pas du voyage. Ils se contentent d’attendre et de parfois recevoir un appel ou quelques cartes.
« Marie n’avait plus de colère à présent. De la tristesse sans doute, chaque fois qu’arrivait une nouvelle carte, et avec ce rectangle cartonné, un peu de l’homme qu’elle avait aimé. Mais une tristesse qu'elle faisait tout pour tuer en elle. Ne voulant plus donner prise à l’autostoppeur. Refusant qu’il continue de peser sur son humeur. »
Darius - Bruxelles - - ans - 29 mars 2020 |