F20 de Anna Kozlova

F20 de Anna Kozlova
(Рипол-классик)

Catégorie(s) : Littérature => Russe

Critiqué par Reginalda, le 25 octobre 2019 (lyon, Inscrite le 6 juin 2006, 57 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 6 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (40 503ème position).
Visites : 5 837 

Magnifique portrait d’une jeune femme en lutte contre la folie ordinaire

Encore un coup de cœur de chez Stéphane Marsan. Stop !!
Youlia découvre qu’elle présente les mêmes symptômes que sa sœur schizophrène. Mais elle connaît le sort réservé à ces malades qui se voient refuser une existence « normale ». Or Youlia n’a pas l’intention de laisser sa part au chien. Elle veut aimer, être aimée, elle veut avoir un travail, une vie indépendante… Alors elle dissimule sa maladie et elle a d’autant moins de mal à le faire qu’elle vit dans une famille totalement déréglée, entre tentatives de meurtre, ivrognerie et comportements insensés. Finalement, la normalité n’est peut-être pas là où on l’attendrait.
Le livre présente un cocktail détonnant de passages scabreux, de passages hilarants, de passages émouvants pour dresser finalement le portrait d’une jeune fille qui doit faire face, totalement seule, à des problèmes titanesques. Je ne saurais affirmer que ce qui est dit de la schizophrénie dans F20 est fidèle à la réalité médicale et psychiatrique, mais il me semble que l’on peut aussi lire ce livre comme une métaphore de la vie, pessimiste certes car Anna Kozlova est pour le moins désabusée concernant l’amour, la famille, la société en général, mais porteuse également d’une puissance vitale qui force l’admiration.
Bref, j’en redemande !!

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Maman n'aurait pas dû avoir d'enfants

4 étoiles

Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 7 juillet 2022

"Je n’avais pas d’avenir. Je n’avais aucun horizon. Tout ce que la schizophrénie avait à me proposer, je l’avais déjà vu et je le connaissais déjà. Voilà, je ne rencontrerais jamais d’homme, je n’aimerais personne, je n’aurais jamais d’enfants."
Quand Youlia ressent les premiers symptômes de la schizophrénie, elle les reconnaît aussitôt puisque le diagnostic a déjà été posé pour sa petite sœur Anioutik.
Elle décide de vivre une vie le plus normale possible mais entre les crises de la maladie et les relations familiales difficiles, la prise ou pas de médicaments, d’alcool, cela s’avère compliqué.

"Le regard de maman était dirigé quelque part à travers moi. Je sentis à quel point elle en avait ras le bol de tout ce cirque. Jouer à la mère attentionnée, savoir qui faisait quoi, qui allait où, cultiver un paravent inutile de normalité qui, de toute façon, ne tenait pas et s’ouvrait à la première occasion, dévoilant folie, ivrognerie et pauvreté."

Le combat de cette jeune fille est parfois émouvant, parfois dérangeant dans sa perception de la réalité.Le sujet abordé aurait pu être instructif à défaut d’être passionnant
Mais la façon de le traiter est loin de l’être.
La constitution de la famille des deux sœurs est originale (euphémisme) et j’avoue avoir eu un peu de mal dans les premières pages à comprendre sa composition.
Les voix, les personnages que les filles entendent, se confondent avec la lecture perdant parfois le lecteur, ce qui est plutôt positif car nous faisant approcher l’un des symptômes de la maladie. Mais l’alcoolisme permanent chez tous les personnages fatigue, noie (sans jeu de mots!) l’intérêt qu’aurait pu avoir ce livre dans ces beuveries organisées. Quelques belles phrases, particulièrement vers la fin du roman, mais beaucoup d’ennui.
Et comme Ludmilla, un roman que je n’aurais pas fini sans sa sélection au prix CL

Pour moi, ce livre n’a qu’une qualité…

2 étoiles

Critique de Ludmilla (Chaville, Inscrite le 21 octobre 2007, 69 ans) - 12 juin 2022

…Il est court ! A peine plus de 200 pages.

Au début de la lecture, p8, « tandis que de lentes vagues de dopamine déferlaient dans ses espaces intersynaptiques », j‘ai pensé que seule la participation au prix CL allait m’empêcher d’abandonner ce livre avant la fin...

Sexe, alcool, mutilations, médicaments psychotropes (un véritable catalogue),…

J’ai trouvé de nombreuses incohérences (ou alors j’ai raté quelque chose) :
- les propos tenus par les deux sœurs ne correspondent pas à leur âge
- Comment Youlia arrive-t-elle à se procurer tous ses médicaments ? Sa sœur Anioutik est diagnostiquée schizophrène, mais pas Youlia. Les « excédents » de médicaments d’Anioutik ne devraient pas suffire?

Anna Kozlova décrit ainsi ce qu’elle a cherché à faire dans ce roman (1) : « Beaucoup de choses communément admises et même approuvées me paraissent anormales. La famille et le mariage notamment renferment un concentré de folie tout particulier, de quoi en rester baba. Et je ne parle même pas de l’éducation des enfants. C’est de ça dont j’ai voulu parler. »
Sauf que la famille de Youlia est très loin d’être une famille « normale », tous ses membres étant dépressifs, schizophrènes, alcooliques,…

Un roman TRES dispensable à mon avis.

(1) Source Wikipedia

Dans la tête d'une Schizophrène !

4 étoiles

Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 6 mars 2022

Anna Yourievna Kozlova (1981- ) est une auteure et scénariste russe.

Youlia (la narratrice) et sa jeune soeur Anioutik sont 2 adolescentes russes vivant dans une famille instable. Une mère alcoolique, un père absent...
Le comportement de Youlia est changeant, elle entend des voix et bascule dans des mondes parallèles.
Elle est rapidement diagnostiquée schizophrène (F20 dans le langage médical) et comprend que son avenir est compromis. Entre automédication aléatoire, mutilations et sevrage, elle tente de mener une vie d'adolescente "normale".
Bientôt, c'est Anioutik qui présente les mêmes symptômes.
Une instabilité mise à mal par un environnement familial absent, incapable de prendre en charge, d'aider les 2 adolescentes.

Dans la tête de Youlia, adolescente schizophrène. Entre périodes de crise et éclairs de lucidité, le lecteur est un peu perdu.
Un roman fortement porté sur le Sexe (les expériences de Yulia en la matière sont légions)
J'avoue m'être passablement ennuyé à la lecture de ce roman. On ne voit pas ou l'auteure veut nous mener.
Oui, Youlia est schizophrène, elle entend des voix, déconnecte de la réalité de temps en temps, explore une sexualité débridée... et alors ?
Pas ma tasse de thé, vous l'avez compris !


F20 sur 20!

9 étoiles

Critique de Missef (, Inscrite le 5 mars 2007, 59 ans) - 2 janvier 2022

Présentation de l'éditeur :
Youlia est en apparence une jeune fille banale, comme on en rencontre des milliers dans les banlieues dortoirs des grandes villes, pourtant sa famille s'avère pour le moins dysfonctionnelle, entre un père riche mais colérique, qui manque de brûler vives sa femme et sa fille quand il découvre l'infidélité de la première, une mère dépressive et irresponsable qui laisse ses filles livrées à elles-mêmes, et une soeur, Anioutik qui, très jeune, reçoit le diagnostic de F 20, soit celui de schizophrénie.
Avertie par le comportement de sa soeur, Youlia pose bientôt un diagnostic similaire sur elle-même, mais parvient plus ou moins à le masquer à son entourage en puisant allègrement dans les réserves médicamenteuses d'Anioutik. Alternant entre des phases d'apathie, de manie, assaillie régulièrement par des voix qui tantôt la rudoient, tantôt la conseillent, mais toujours l'angoissent, Youlia parvient tant bien que mal à grandir, avec la volonté farouche de goûter comme tout le monde aux plaisirs de l'existence, malgré le mal qui la ronge.
L'histoire racontée par Anna Kozlova est poignante et narrée dans une langue dynamique. Ignorant délibérément toute considération psychologique, l'auteur nous fait percevoir la complexité des situations par des actions exposées sans fard et parfois brutalement, parfois avec drôlerie. La crudité de certains épisodes lui permet alors de souligner et de rendre sensible la détresse morale de l'héroïne.


Mon avis :
Je ne suis pas spécialiste de littérature russe, mais j'ai trouvé dans F20 ce que je m'imagine de cette littérature, entre comportements excessifs, tourments psychologiques et quête de rédemption. L'héroïne, Youlia, forte de l'expérience familiale, comprend qu'elle est atteinte de schizophrénie mais décide de cacher sa maladie à son entourage, afin de pouvoir vivre tout ce que sa vie de jeune femme devrait lui réserver. Il y a chez cette jeune fille une lucidité mêlée à une pureté saisissantes, malgré la fange dans laquelle elle est obligée de baigner. Encore une fois, sans être spécialiste, il me semble qu'il y a des accents dostoïevskiens dans ce personnage pourtant très contemporain et je ne peux que recommander la lecture de ce livre, à la fois dense, bref et pourtant plein d'une force vitale inspirante.

Une réussite malgré la dureté du sujet

10 étoiles

Critique de Dervla3012 (, Inscrite le 7 décembre 2019, 18 ans) - 7 décembre 2019

De quoi ça parle ?

Anioutik, la soeur de Youlia, est diagnostiquée schizophrène. La voilà gavée de médicaments et mise pour toujours au ban de la vie normale. Or Youlia se découvre bientôt les mêmes symptômes que sa soeur. Aidée par Anioutik, qui partage ses médicaments avec elle, Youlia va dissimuler sa maladie aux gens « normaux » pour pouvoir continuer à vivre comme si de rien n'était. le problème, c'est que ces gens soi-disant normaux sont au moins aussi fous qu'elle, à commencer par ses parents, leurs amants respectifs, ses petits amis… Alors Youlia, toute seule, va devoir se débrouiller tant bien que mal pour essayer d'être heureuse.

Mon avis :

J'ai hésité à lire ce livre en raison de son sujet, mais je dois dire que je ne regrette pas un instant. C'est une lecture qui ne laisse pas indifférent. Il y a des passages très drôles (Youlia décrit notamment certaines réunions familiales comme une assemblée de pantins absurdes et cocasses) qui alternent avec des passages très durs et très poignants (sa relation « amoureuse » avec Marek est un mélange de sordide et de sublime, à mon sens). La solitude de l'héroïne et en même temps sa volonté de résister au sort, même si elle avance à l'aveuglette, n'importe comment… forcent l'admiration.

Finalement, en refermant ce livre, j'ai été incapable d'oublier Youlia et je me dis que c'est une grande réussite d'Anna Kozlova d'avoir construit un personnage aussi vivant et attachant, grâce ou malgré sa maladie, sans qu'on s'apitoie jamais sur son sort.

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